Grincements quotidiens

lafaille

Concours la plus petite nouvelle
Une décennie que je suis là. Mais aujourd'hui j'ai grave envie de foutre le camp d'ici. Au revoir, bye bye Paris. Ma voisine apprend le violon. Comment voulez-vous que je me concentre pour écrire ? Mon éditeur va encore s’arracher les cheveux quand je vais lui annoncer que mon roman ne sera pas prêt pour septembre. Moi c’est à ma voisine que je vais arracher les cheveux. Je préférais encore les gémissements de ses ébats amoureux. Là ça grince toute la journée. Deux semaines, c’est foutu, mon éditeur m’a raccroché au nez quand je lui ai dit que ce roman, il ne verra jamais le jour. Je suis retourné au turbin, à l’exploitation de l’homme par l’homme, et ma vocation d’écrivain est morte. De toute façon je commençais à perdre pied, à picoler grave, à m’enfermer dans une dépression sans fond. Aujourd’hui je ne suis plus écrivain, aujourd’hui, je suis heureux.
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