_ MAAMA [12]

12.

Elle n'a pas de couilles, Marie

_          Tu ne sais même pas revivre.

Je crache sur le marbre dessus ton visage champignon.

Au champ des tombes, les tristes visitent leurs anciennes joies, ils sont absurdes. Sont médiocres roulés dans leurs costumes :

leurs culpabilités, les fausses.

Des j'aurais dû venir plus tôt plein la bouche, ils se gâchent les dimanches à parler à des chiens morts. A des frères à des pères qui ne les aiment plus.

Et les gosses se font chier, les fleurs à la main. A pleurer des mamies-papys à peine connus : des litres de sirops de cassis qu'ils ne boiront plus.

Ils simulent tu sais quand ils se signent. Quand ils font se signer des mioches à doudous dans des poussettes.

_          Pour que mémé vous entende.

Ils payent en mimes, gestes défectueux : le droit de croire en Dieu. Le droit d'être aimé d'un empereur, d'un tout-puissant. D'être jouet : d'être soldat du plus grand Père de tous les pères

Et de son fils.

Alors nymphomanes, ils prient.

Je fais le malin Marie devant ta stèle. Plastronne sur des pétales de gerbes fanées. De la pierraille tassée.

Je t'invente des épitaphes.

_          Tu n'es rien d'autre qu'une morte.

            Des couches de corps sur des couches de sables.

            De la terre meuble.

            Maman d'une seule seconde.