Macabre commerce
Jean Claude Blanc
Macabre commerce
A peine mort et enterré
Les rois de l'arnaque se font du blé
Sur sa carcasse qu'a pas de prix
Encore idole défunt Johnny
Il n'y a pas de petits profits
Danse macabre sur sa dépouille
Même près à lui couper les couilles
Y'a des clients, des niquedouilles
Argent comptant qui se débrouillent
Pour sans faire un collier de nouilles
Ces passionnés de la farfouille
Pourtant passé de vie à trépas
« Dans la poussière, les bras en croix »
Macabre l'ambiance, les laisse froid
Mais quand on aime, on ne compte pas
Des collections de ses succès
Et d'autographes sur son portrait
Bien que chanteur, sans droits d'auteurs
Vogue sur la vague de ses bienfaiteurs
A consulter sur le bon coin
Ou sur face book internet
On trouvera bien un bout de rein
De ce monstre qu'a fait trop la fête
Aux drogues dures, aux cigarettes
A conserver que dans la bière
Foie et poumons, voués au cancer
Sûr qu'il a eu drôle d'idée
Mourir si jeune adulé
Se précipitent sur son corps
Tous ces vautours qui l'adorent
Pour se payer ce riche trésor
Quitte à casser leur coffre-fort
Pourtant ne roulant pas sur l'or
Sitôt le deuil achevé
Déjà voraces fanatiques
Risquent d'en faire qu'une bouchée
Lui se devant à son public
Même pourri, va pas se faire flic
Faudra le prendre en l'état
Sans discuter le bout de gras
On en a fait tout un fromage
A la télé, lui rendre hommage
Même Président, digne homme sage
S'est incliné sur son image
De cet illustre personnage
« Gala, Voici », en font des pages
Encore fautifs les médias
Pour leur sale pub, que ne feraient-ils pas
Toute la journée, à tous repas
A nous servir le même plat
Assourdissant que sonne le glas
Bien sûr on l'aime notre Hallyday
Mais de là en faire divinité
Presque pas possible pour ce rentier
Qui de ses sous, s'est pas vanté
Aux îles lointaines, chaudement planqués
Petit malheur pour tant de bonheur
Pour ses femmes et ses mouflets
Qui au-delà le couvrir de fleurs
S'accaparent vite son porte-monnaie
Car avant tout les intérêts
Pour gagner plus de ce héros
Faudrait qu'on le coupe en morceaux
Et le revendre au kilo
Héla trop maigre, y'en a pas gros
Que quelques grammes dans le cerveau
Sûrement pourquoi il est parti
Dormir pénard au Paradis
Jardin d'Eden des nantis
La bien nommée Sainte Barthélémy
Pas de protestants, paparazzis
Pas mécontent prendre de la distance
Mégotant pas sur la dépense
Même sur ses fans, un coup d'avance
Au loin va chanter ses romances
Trop démodée, pour nous quelle chance
Seulement dingues ses supporters
Pouvant plus aller au concert
Ne se disputent que ses restes
Un cure dent, ça fait l'affaire
Pour plus veinards, une de ses vestes
Même fripée, puant la peste
Transpiration, qui coûte chère
Il aurait dû prévoir sa fin
Et se barrer en clandestin
Hélas vedette, pas moyen
Se ruent sur lui les morts de faim
Pas rock'n roll, le festin
Tout ça pour ça, tout ça pour rien
Nombre d'articles à céder
Même un mégot déjà fumé
80 euros, c'est pas donné
Pour un souvenir dans le cendrier
Mais comme génie, quelle bonne prise
Vont se régaler les entreprises
Devenu noble marchandise
Même que ses proches, craignent pas la crise
Vaste commerce, tas de pognon
Pour ce monument de la chanson
Que de la France, mais pas si mal
Millions d'adeptes, l'animal
Pour sa famille big capital
Que ça remonte plus le moral
Plutôt que le mettre au Panthéon
Sa dame en pleurs au cimetière
Juste une tombe ordinaire
Je pense qu'un brin, elle exagère
Veillée funèbre, pas l'enfer
Demain dès l'aube, miracle banquière
Comme par hasard, cet immortel
Soudain s'est tu, juste à Noël
Vont faire du chiffre les boutiques
Ainsi que sa Maison de disques
Epoque épique, pour ce Johnny
Va pas subir ces folies
Maintenant qu'il est enseveli
On se l'arrache à grand cri
Star encensée de son vivant
Bien avancé, pauvre gisant
Où on se chipote à grand frais
Un de ses objets sacralisé
Peines et regrets ne durent qu'un temps
Même s'il y a foule à l'enterrement
Vont pas chialer perpétuellement
Sur leurs gros cubes, ses partisans
Alors qu'il aille se faire pendre ailleurs
Vont applaudir avec ferveur
Prochain motard successeur
Ce que ce monde manque de cœur…
Je ne m'en fais pas pour ses mioches
Qui vont toucher une somme pas moche
Pour eux dès lors, aucun ennui
(Tout ce qui tombe du ciel est béni)
Sûr de s'en fourrer les pleines les poches
Marché aux puces, aux enchères
Pour tant de valeur ses nippes d'hier
Tous épargnés de la misère
Sa parenté et ses faux frères
Mais qui en douce si pervers
Qui ne connaitront pas la galère
Les a dotés pour leur bien être
Ingrats d'intimes, lâches traitres
Valant plus rien, se l'envoient paitre JC Blanc décembre 2017