Madame Roussel

valerie-lemelin

BANG!!!


Les portes de la station de police de WestShire s'ouvrent subitement et frappent contre les murs en y laissant des marques à jamais effaçables. Le vacarme produit alors l'effet escompté: les nombreuses têtes présentes ce soir-là , policiers en uniformes, victimes en pleurs et criminels menottés, se tournent tous vers la femme en vert qui avance d'un pas rapide, malgré ses hauts talons, vers l'accueil de la station.


Cette dernière plaque ses mains sur le comptoir en métal, y laissant des empreintes embuées, et pose sur la réceptionniste un regard incendiaire. La dame en vert émet une respiration très audible: vidant ses poumons en entier avant de les remplir à nouveau avec bruit. Un silence de plomb règne dans le bâtiment car tous la reconnaisse. Même la préposée ne semble pas dans son assiette malgré la légère barrière qui la sépare de Madame Roussel. Des gouttes de sueurs apparaissent et coulent lentement sur son visage bronzé. Personne n'osait être confronté à Madame Roussel, pas même les policiers les plus expérimentés.


Jacqueline Roussel, de son nom, est reconnue pour son humeur de cochon et sa colère sans limite. Plusieurs dossiers de police conservent son nom dans leurs archives mais fautes de preuves, Madame Roussel n'a jamais passé une seule nuit derrière les barreaux. Seul y pourri son mari, un criminel endurci tremblant uniquement devant le regard imperturbable de son épouse. Regard qu'elle réserve présentement à la pauvre Nancy.


“Rendez.....Moi....Ma...Fille!”


La voix de Roussel est glaciale. Quelque part, quelqu'un tousse faiblement pour ne pas déranger alors que tous retiennent leur souffle. Personne n'a jamais tenu tête à Roussel sans en payer le prix. Cette petite dame de 5 pieds 4 sais en imposer. La dernière fois que Nancy avait osé dire non à cette sorcière, elle s'est retrouvée avec deux pneus crevés et qu'une seule roue de secours alors qu'elle terminait son travail à 23h45. Coïncidence?


Aujourd'hui, la fille de Roussel est rentrée au poste pour violence envers un policier. Nancy savait pourtant que ce n'était qu'une question de temps avant que la vieille ne fasse son entrée fracassante. Cependant, on n'est jamais assez préparé pour un affront de ce genre.


Madame Roussel, ayant par ses simples mots, affirmer son point de vue sur la question, n'a vraisemblablement pas l'intention de repartir du commissariat sans sa fille chérie.


Et elle aura gain de cause. Encore une fois. Un incendie fulgurant chez la boucherie Miller attirera l'attention de tous les policiers de la petite ville et l'infraction “mineure de la fille de Roussel” sera alors catégorisée “sans Importance”. La mère et la fille repartiront bras-dessus-bras-dessous quelque temps plus tard. Encore une coïncidence de trop pour Madame Roussel selon l'avis de Nancy.


Qu'elle aille au diable cette chipie!


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