MADEMOISELLE
lena-siwel
Mademoiselle écrase une mûre sur ses lèvres, et ses yeux sourient au miroir : elle est prête. Dehors, un divertissement plus coquet que celui de la veille l'attend déjà.
Son reflet avoue un visage de Madone, la pureté des traits, un regard noir et profond comme les eaux du lac dans lequel ils se noient tous, les uns après les autres, pauvres victimes du cœur éclaté comme ce miroir, dont elle craint qu'il n'explose en mille morceaux, lui laissant une plaie qui saigne dans le cœur.
Illusion d'un monde parfait, ses yeux de biche sont autant de pièges consentis, et de sa bouche de velours, le trait de son humour n'a nul commencement ni fin, longue dérision au fil des nuits étouffées…
… Car qui peut atteindre une Madone aux cils de soie ?…
La douceur du cachemire de ses pulls, gonflés de tendresse, les tromperont tous sur son cœur, libre et fier, car personne n'attache le vent qui vole autour des lucioles pour les aider à voler, et souffle sur elles pour les éteindre et les rallumer.
… Mais d'un grand sourire, Mademoiselle sait emmener, loin, ceux qui sont chers à son cœur, ses jumeaux cosmiques pour lesquels elle sait devenir un être-là. Tendre et complice à fois.
La belle cruelle aux parfums donne un baiser au miroir, qui éclate soudain comme promis en mille morceaux : un dans son cœur, le reste, éparpillé entre Paris et Monte-Carlo, et tous ces ailleurs dans lesquels elle habite déjà sans le savoir vraiment.
… Regardez ! Mademoiselle sourit !
Et ce sourire, qui n'appartient qu'à elle, aujourd'hui, elle a décidé…
… C'est à vous qu'elle le prête.