Tourmente au Père Tranquille

Benjamin Katagena

Pourquoi vouloir à tout prix vivre toute une vie dans la même galère, le bonheur reste toujours l'affaire de quelques jours, pas d'une vie entière. "Renaud Séchan"

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Je suis un homme complexe, je le sais...

Je n'ai jamais prétendu le contraire ! Si cette connasse a cru qu'elle aurait le monopole de la tristesse et du sentiment d'avoir été dupée, elle s'est foutu le doigt dans l'œil.
Alors ouais, ça m'a fait rire. Il est toujours plus simple de juger l'autre que de se remettre en question. L'entendre déblatérer ses conneries, ça m'a fait franchement rire. J'étais fier, Pour la première fois depuis notre rencontre je n'entrais pas dans son petit jeu mesquin.
 
Entre elle et moi ça a été comme ça tout au long de notre relation. Elle me titillait jusqu'à ce que je l'ouvre, je répliquais et elle se servait de ça pour m'en mettre plein la gueule.
Pour sa part, rien n'avait changé. Toujours autant de reproches. Seulement là, ça me passait au dessus et forcement, ça l'énervait !
 
Elle a pleuré… Aujourd'hui, trois ans après notre séparation, elle ne m'atteignait plus, terminé ! C'est surtout ça qui l'a fait pleurer, j'en suis certain. C'était beau. Plus cette hystérique pleurait plus mon sourire et mon cœur entier s'élargissaient. Elle était fébrile, elle se noyait en ne sachant remonter à la surface.
 
C'était de sa faute, je n'ai jamais voulu la revoir. Elle a insisté. C'était à ses risques et périls. Elle a toujours eu ce qu'elle voulait, j'ai fini par accepter.
 
Comme elle m'a trainé au Père Tranquille, on a déjeuné ensemble. Dès l'apéritif, elle a commencé à parler d'avant. Quand elle était tyran et moi sous sa botte. J'enchainais les clopes et la moutarde commençait à monter. C'est pas vraiment bon, le kir à la moutarde.
 
Elle est revenue sur mes poèmes, cette « haine refoulée ». Elle m'a saoulé avec ça. Puis l'indiscutable fait que je n'assumais rien puisque je signe "Katagena", dans la pudeur de mon identité. Ma manière de tout écrire en noir, à l'encre sans soleil.
 
Elle était en train de se demander comment et pourquoi j'avais réussi à vivre sans elle, ça se voyait dans ses yeux.
 
Le serveur est passé. J'ai commandé un rosbif d'orgueil à la sauce « je t'emmerde », elle a pris une salade œuf-rancœur et des pommes sautées balivernes. J'avais la dalle et comme d'habitude j'ai du renvoyer ma viande que j'avais demandé saignante. Comme mon orgueil était à point, elle me proposait de gouter à ses balivernes.
 
Ça a duré comme ça tout le repas. On s'envoyait de pics et les clients avoisinants nous mataient chelou.
 
Ni dessert ni café, on est allé chez elle et je l'ai baisée tout l'après-midi. Je suis un homme complexe, je le sais...

Je n'ai jamais prétendu le contraire !

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