Mais qu'importe je vous garde

-

Lundi 8 juin 2020 18.20 20°

-

... Je ne vais pas philosopher ce soir, ce fut assez ce matin et je sais que lorsque je soliloque j'ai l'emphase facile et à ce titre détestable, je ne sais pas être pédagogue, je lance, je m'enflamme et je me ... brûle ... et je crispe ...

    Alors de quoi vous parler, j'ai l'impression d'être à vos côtés comme auprès d'une malade proustienne alanguie sur son grabat, peut-être allez-vous me dire non mon cher ! vous êtes à mes côtés comme auprès d'une madame Récamier sur sa méridienne.

   C'est étrange, mais c'est ainsi, et ne vous connaissant ni des lèvres ni des dents - et pour cause - ne sachant même pas vous imaginer brune blonde ou rousse et jeune ou vieille, grassouillette ou anorexique, intéressée ou non, agacée ou conquise par mon bavardage, blanche, jaune ou noire ...

   Tiens ! noire ! pourquoi pas c'est très tendance ces jours-ci, pourquoi pas vous me feriez goûter à des amours épicées, indigénistes, et rassurez-vous décolonialisées,

   ... que dis-! je ne peux même plus désormais, trop tard, puisque vous savez, vous savez ... Et je n'ai même plus la force de me raconter des histoires et en conséquence la force et le plaisir de rêver ..

   C'est ainsi que l'on se défait du monde, le monde se dégage de vous et vous dans cette mouvance expulsive vous laissez tomber, pardon, oui je ne suis pas gai, que voulez-vous déchirez ma lettre et moi je vais avoir l'élégance de m'éloigner pour ce soir, enfin vous me connaissez avec moi c'est surprise surprise, parfois je rebondis, j'ai des restes, et nous sommes entrés dans la séquence des jours les plus longs de l'année.

   Alors ce n'est peut-être pas mon dernier mot ...

    Mais quand même votre nom ? Est-il doux et sonore comme ceux des aimés que la vie exila ? Votre regard est-il pareil au regard des statues et pour votre voix est-elle lointaine et calme et grave et a t-elle l'inflexion des voix chères qui se sont tues ..

   Mais qu'importe je vous garde

-