Malheur, Malheur
Côme Jausserand
N’est-ce pas un repas lourd
Qu’une théorie servie
Par l’amour et l’esprit
D’une bête à concours ?
Voici qu’elle vous convie
A faire ce qu’elle vous dit
Qu’elle invite au bonheur
Dans la joie au labeur
Je vous l’avoue
Il y a un grain qui m’écœure
Dans la robe et l’odeur
Que répand la notion
D’une libre raison
Pas si sûr qu’elle s’assume
Si la roue de la fortune
Venait tester sa plume
Mais c’est sûr qu’elle s’assure
Par des us et coutumes
Et des putes en costume
Malheur malheur
Malheur aux valeureux
Et malheur à l’honneur
S’il en restait un peu
Il n’est pas d’encre bleue
Sur un volet signé
A la va comme j’ te vole
Car les mots empilés
Faits de tous petits traits, très bien cachés
Seuls eux
Les ont trouvés
Nous les béni-oui-oui
Avions griffé nos noms
Persuadés que l’écrit
Offrait la garantie
D’un partage des fruits
Pourtant
Va l’or et vient l’orage
Tournent tournent tournent les pages
Rien ne vient former l’adage
Des bons comptes et des compagnons
Désormais nous savons
Que démon qui s’engage
Ne retourne rien de rond
Ou alors un bâton
Pour vous passer la rage
Fin de non-réception
Quand on dit non c’est non !
Si les comptes étaient bons
Quelle sorte de compagnons
Pourraient encore avoir
Les détaillants d’espoir ?
Qui pourrait se trouver
Dans leurs petits papiers
Dont le recto mouillé
N’a pas souillé le dos ?
Car ce précieux verso
Par un feu mystérieux
S’est échappé là-haut
Bazar et incidence
Il faut bien qu’on avance
Un incendie, quelle ironie !
Mais oui mon bon monsieur !
Qu’est-ce qu’on y peut ?
C’est un hasard affreux
Et je suis bien peiné
Pour notre beau métier
Puisque je suis bavard
Et comme il se fait tard
Par devoir ou égard
Voudriez-vous savoir
Ce qu’il est advenu
De ce monsieur ventru ?
Mon très cher assuré
Soyez bien rassuré
Car fendant la fumée
Et traînant à sa suite
Son chapeau, son manteau
Son vélo, son auto
Son bateau, son château
Il a sauvé sa peau
Ainsi, dès lors
Qui pourrait
Encore
Lui en vouloir ?
Qui pourrait
Encore savoir ?