MAMAN de Jicey CARINA
jicey-carina
Le texte MAMAN de 10 pages est à lire dans le recueil collectif COINCIDENCES des Editions ALEÏ - XYZ
Dépôt légal : 4e trimestre 1990
ISBN 2-904614-61-2
MAMAN nouvelle de Jicey Carina
Moi, je sais pourquoi on dit maman. C'est parce qu'on aime les incestes protecteurs!
Lorsque l'on a une maman on ne dit pas <>, on fait toujours : <
Quant à l'inceste, c'est cousu de fil blanc, tous les matins, lorsqu'on embrasse à pleine bouche cette petite mère qui se réveille.
MA MAMAN, elle s'appelle Helena chérie, Helena tendresse.
On a décidé, d'un commun accord, d'adopter ce nom, lorsque son ventre tout rose a pris cette teinte un peu laiteuse et cette forme un peu arrondie.
Faut dire qu'on a beaucoup pensé au petit ... Il a fallu chercher un nom pour lui, lorsqu'il naîtrait.
Ça a été le commencement d'une réelle dispute.
Helena, quoiqu'on pense, n'a jamais pu se défaire vraiment, définitivement, de ce long cordon ombilical qui l'a toujours unie à sa mère, et par là, à sa famille.
Tout de suite, Mademoiselle, plutôt Madame... a voulu donner des prénom qui lui plaisaient, se rapportant à son engeance de crétins. Ignorant que moi aussi, j'avais des goûts et des préférences.
Cette virago de bas étage m'a stupidement fait comprendre que c'était ELLE qui avait le bébé et donc la priorité du choix.
J'ai pour ma part rappelé -en tout géniteur, tout honneur- que le père , c'était moi, et que dans le Sud, le père décidait... exclusivement. Elle portait le bébé, c'était un fait, mais moi, je portais le pantalon, c'en était un autre, à ne pas oublier.
Le ton a monté au-dessus de nos hanches et la moutarde est allée directement au nez.
J'ai commencé à la battre. Mais tout en étant un Méridional de sang chaud, je ne perds jamais mon sang-froid, et j'ai pris mes précautions en la frappant, parce que <> ventre, c'est pas un punching-ball.
J'ai tapé sur la tête et dans les jambes.
- Alors, qui c'est qui porte la culotte, hein?
Pif!Paf! Je vous passe les détails... Pourtant, pour la première fois depuis longtemps, j'ai regretté... Lorsque j'ai senti la moutarde se dissoudre et que j'ai vu la réalité sanglante et bleuâtre surgir devant moi.
Pauvre Helena! Elle était bien en peine et n'avait plus toutes ses jambes pour se relever.
- Zut!
-Pardonne-moi!Tu saignes!
- Toi aussi!
- Où ça!
C'est qu'elle en avait profité pour me griffer et arracher mes cheveux par poignées. Elle aurait pu me saigner à blanc qu'elle l'aurait fait, la garce!
On a passé, il me semble, le reste de la journée à se panser et à se caresser, doucement.
Enfin, d'un commun accord, on a choisi: Paul pour un garçon, et Virginie, pour une fille.
Pour le cas où des faux jumeaux se présenteraient, la famille restante, c'est-à-dire privée par l'autre de la garde des mômes, pourrait se distraire avec le roman de Bernardin de Saint-Pierre. Il ne faut jamais laisser passer une occasion de se cultiver, et nous étions bien aise d'en être arrivés là, grâce à moi et à mes idées larges.
On a décidé de ne plus jamais se disputer pour une bagatelle, et c'est sérieux!
C'est que je l'aime, Helena, moi, et jamais je ne pourrai lui faire du mal.
La semaine dernière, j'ai eu la plus grande joie de mon existence, après celle de l'attente filiale. Par le biais d'une annonce que j'avais payée -content- au quotidien BOUTEILLE-À-LA-MER, j'ai pu retrouver mon papa que j'ai toujours su vivant, jusqu'à la preuve du contraire.
Il a d'abord été très surpris de me voir. Mais tout de suite, il a affirmé: - Tu as grandi.
Lui, il n'a pas changé. Toujours aussi beau et fort. J'ai annoncé:
- Tu sais quoi?
Il m'a dit:
- Non, j'sais pas!
- Je vais être papa, moi aussi.
Là, il a littéralement éclaté de rire, devant tous les gens du bar qui prenaient l'apéro.
- Savez quoi? répétait-il, pris de fou rire -fou rire qui d'ailleurs ne l'a pas empêché de poser délicatement sa poigne de fer sur mon épaule.- Gabriel Papa junior va être papa! Papa, que j'vous dis!
J'ai ri avec les autres, dans l'euphorie collective, et puis j'ai pensé sans remords que lui aussi était passé par là.
Il m'a pris par le bras et m'a emmené dans sa piaule, un petit meublé.
Il m'a présenté, en riant, sa <>. Elle a fait les gros yeux, mais a rectifié d'elle-même les présentations en touchant mes doigts:
- Gertrude.
- Gabi.
Papa a dit:
- Elle est un p'neu follasse, mais c'est un chou.
Gertrude, de la cuisine, a poursuivi:
- Un chou de Bruxelles!
Elle est Belge.
Il lui a crié:
- Jeunesse en péril! Va aux commissions!
On a entendu la porte d'entrée se refermer. Compréhensive...
Alors, à mon grand étonnement, papa a commencé à pleurnicher. Il a fait:
- C'est con de chialer comme un mioche, mais vois-tu, fiston...
Il a hésité.
- Je peux te faire confiance?
-Bien sûr!
Devant sa mine déconfite, je ne pouvais qu' acquiescer. Et puis c'était mon père!
Il a poursuivi:
- J'ai foutu ma vie en l'air en quittant ta mère... J'ai vécu d'expédients. J'avais cessé la boxe, tu vois. J'ai bu, bu, bu... D'une mansarde, je me suis retrouvé sur le pavé. Je dormais à la belle étoile, ou, si tu préfères, sur un banc public. La galère, quoi! La merde... J'ai failli me suicider, et un putain de soir... Je m'en souviens comme si c'était hier, j'ai cru que j'allais crever. Heureusement que Germaine... J' veux dire Gertrude...
J'écoutais sans rien dire. Je comprenais.
- J'ai beaucoup regretté la maison. Mais tu me connais... J'étais trop fier pour revenir. Au fait, tu m'en veux?
Je ne lui avais rien demandé, alors pourquoi je lui en aurais voulu?
- Allons, dis-moi, Gabriel... Raconte-moi tout. Depuis le début, et n'omets rien!
Il s'est mouché bruyamment, s'est gratté les trous du nez.
- Par où est-ce que je commence?
- Par mon départ.
J'ai raconté ce qui s'était passé, mais ça n'en valait pas le coup. Qu'elles (car je me retrouvais entouré presque exclusivement de femmes) m'avaient bien gonflé.
Il souriait.
- Maman n'était jamais contente. Elle disait que j'étais un vaurien, un propre à rien, un pas-grand-chose. Ce qu'elle pouvait me casser les pieds avec ses rengaines du genre: <> Elle était souvent de mauvaise humeur, tu vois, et la tante Madeleine, et la grand-mère... Je te parle même pas de leur bondieuserie...
Papa m'écoutait en silence; ses mains, bien à plat sur la table, se nouaient de temps à autre. Je lui racontais, en fronçant les sourcils, que j'avais grandi, Helena -ma seule amie dans tout ça- aussi! Pas l'autre conne, ma frangine du même nom, qui était restée aussi petite qu'une naine. J'ai poursuivi avec mon service militaire en Algérie, les embuscades, mon retour... notre union avec Helena et mon départ définitif de la maison.
- J'ai emporté le magnétoscope en souvenir de toi.
Il a paru réfléchir. Puis il m'a annoncé, tout à trac, que désormais on se quitterait plus.
On a fêté ça.
On a continué à faire la fête.
Helena n'a pas été tellement enchantée au début. La première fois qu'elle l'a vu, c'était tôt le matin. On faisait un foin terrible. Ivres, bien entendu. Elle a crié que ce n'était pas un bordel ici (sous-entendu: dans Ma maison) et aucunement des façons convenables, pour un père, de reconduire son fils chez lui dans pareil état.
Ce matin-là, je me suis senti mal.
Primo, ce n'est pas comme ça qu'on accueille les gens. Secundo, venant d'une femme, et qui plus est, de la mienne, je n'ai pu le supporter.
Je l'ai envoyée se faire voir dans le mur, avec une gifle magistrale dont elle garderait le souvenir, j'en étais sûr!
Bien après quelques histoires à coucher dehors, nous nous sommes tous réconciliés, et nous avons passé des journées mémorables, jusqu'au jour J de l'accouchement; accouchement tant attendu d'un p'tit gars, tout seul.
Ça m'a fait tout drôle de voir ce petit être respirer , s'agiter dans son berceau. J'étais très impressionné. Jamais je n'aurai pu imaginer, avant de le voir de mes propres yeux, qu'on puisse naître aussi petit. Jamais je n'aurais cru possible que je sois passé à ce stade, moi aussi. Mais j'ai appris alors que c'était pour tout le monde pareil.
Paul m'a plu tout de suite. Mais ce qui m'a énervé, c'est cette façon bizarre, bien incongrue à mes yeux, que les beaux-parents et toute leur satanée famille avaient de lui tourner autour, comme s'il était, non pas en cristal, mais en diamant.
En vérité, il était bien mignon. En chair.
Les débats étaient ouverts. A qui mieux mieux.
Ma mère, venue le voir par pure curiosité, a dit que c'était mon portrait tout craché.
La mère d'Helena, elle, affirmait que, bien au contraire elle voyait trait pour trait l'image de sa rejetonne de fille.
Visez-moi ça!
Cette fossette que voilà. Et ce nez-ci. Et cette lèvre <> ourlée, et ce sourire crispé... Bientôt il allait être dyslexique. Et gaucher. Comme sa mère!
J'aurais bien voulu savoir à quoi rimait tout ce tra-la-la et cette quantité impressionnante de layette, de biberons, de tétines, de pantalons et de chaussures, de pull-overs et d'ours en peluche de toutes provenances qui traînaient dans toute la maison, et qui finissaient sérieusement par encombrer.
Helena, quant à elle, elle ne sentait pas si encombrée!
Elle rajeunissait: elle se sentait à nouveau choyée et aimée à travers Paul. Elle avait la tête farcie de visions enchanteresses, et déjà Madame voyait Son Paul docteur ou avocat, maire ou préfet.
D'accord, j'étais tombé sous le charme sans coup férir, c'est vrai! Néanmoins, je conservais, moi, la tête froide et l'esprit sec.
Je savais pertinemment que c'était avec mon salaire d'Ouvrier Qualifié en chaudronnerie que je pourrais pousser mon fils dans la Haute, comme dit papa.
Et puis, l'héritier était trop petit pour décider de son trône... Il poserait son cul où il voudrait. Du moment qu'il propose et fasse de lui-même!
De ce jour, nos disputes ont recommencé.
Heureusement que je ne restais pas à la maison toute la sainte journée.
Un matin, vers la Saint Glinglin, alors que je venais tout juste de commencer mon travail, le contremaître -un enflé de première- est venu me chercher, pour le téléphone.
Il n'a pas pu s'empêcher d'ailleurs de mettre son grain de sel -que je lui aurais bien fait retirer, si je n'avais cru que ce devait être important.
- Papa ! Ici on n'est pas à la poste!
- Je sais! Je sais!
Helena venait d'avoir un terrible accident de voiture. Pour le <>, je me suis dit: bah! Ils(ou plutôt elle... voix de femme) exagèrent. Par contre, pour la bagnole, vu qu'on en a qu'une, et que le crédit n'est même pas encore complètement payé, mille fois merde!!!
Je me suis quand même changé, et je me suis trouvé en cinq sec à l'entrée des urgences de la clinique, conduit par Nanard, qui a la pédale facile.
- Et ton gamin? qu'il a demandé.
Colère! Colère! Je l'avais complètement oublié, celui-là.
A l'hôpital, pas moyen d'apprendre quoi que ce soit. Interrogatoire, et je te remplis des formulaires -le dossier passe avant tout- et je te pose des questions, et je te demande des réponses... Je saisis au vol que son <<état est critique >>. De qui, de quoi veut-on parler?
Vu que c'est un type en bleu de travail qui dit ça, je suppose qu'on parle de la voiture... Mais je fais fausse route. Le type travaille bien ici, et sa blouse bleu-vert est celle d'un chirurgien.
- Elle est pas morte au moins?
Personne pour me répondre.
Nanard est reparti. <> Comme s'il en savait quelque chose.
Je tourne un peu en rond, puis d'un seul coup, je me rappelle. Nom de Dieu! Le gosse!
Coup de fil chez la belle-mère.
- Paul est chez vous?
- Qui est à l'appareil?
Je repose ma question.
- Qu'est-ce qui se passe?
- Votre fille est à l'histo.
Affolement. Elle hurle, elle bafouille. Ah! Ce qu'elle m'énerve!
- J'ai rien pigé! que je lui lance.
Elle finit par se calmer. On s'explique. Elle dit qu'elle rapplique illico... La tornade blanche.
Que d'émotions! Raplapla, je voudrais quand même bien essayer chez ma mère... Et puis merde! J'ai plus de monnaie. Attendons... Un vieux bonhomme en blouse blanche (du style Hemingway? Pasteur?) s'approche, tout voûté, comme s'il avait un fardeau sur le dos...
En effet, il en a un.
Sans hésiter, il me dit:
- Monsieur Papa, vous êtes là...
Il me semble.
En tremblant, il poursuit:
- Cou... rage...
C'est Pasteur.
Nous voilà assis, les mains moites entre les jambes, assis comme deux petits vieux qui vont entamer la litanie des souvenirs de la guerre de 14-18.
Ça dure.
Il va me dire pour la voiture...
C'est un véritable détour qu'il me fait prendre, un périlleux chemin où il me conduit à sa guise.
Helena, Paul, il va me dire pour eux aussi...
Mais dans toute cette bouillie de mots, un seul éclate, un gros mot, qui en temps normal devrait me donner froid dans le dos. J'ai si chaud, pourtant!
Les beaux-parents, terrifiants et terrifiés, on rappliqué, puis mon père, prévenu par je ne sais quel anonyme... Tous ont bien été un peu stupéfaits de me voir taper du pied en criant, mais depuis que Pasteur était parti porter la bonne nouvelle ailleurs, je ne me connaissais plus. Je me suis quand même calmé en voyant l'Enfant Retrouvé, que papa avait l'obligeance de me tendre. Cet orphelin de mère, que même son père refusait. <
- La voiture est foutue, j'ai dit à papa, cette saloperie a pas tenu le coup!
Il a hoché plusieurs fois la tête. Je me suis mis à rire et à pleurer tant et plus... Ça m'a fatigué et j'ai dormi, dormi, dormi...
.........Des semaines entières.........
On m'a aidé, on m'a laissé.
Je leur disais que je n'avais pas besoin d'aide. Ni du ciel, ni de rien, et qu'ils aillent se faire foutre ailleurs. <
J'ai dormi, j'ai maigri. Vécu comme un zombie. Peut-être, c'est sûr même , que j'ai perdu la mémoire des lieux et des visages... la notion du temps....................................Un jour de plein soleil, j'ai aperçu (tel un comateux qui se décide enfin à sortir du brouillard), j'ai vu, dans la salle de séjour, un marmouset qui se trémoussait dans son parc.
Il souriait. Il avait l'air heureux.
Tant mieux pour lui.
La nourrice -une dame, oui, une dame d'un âge incertain- n'a pas été embarrassée, ou si peu, de me trouver là, nu, au beau milieu de la pièce, propre, cirée, parfumée... Pouah! Moi qui déteste la citronnelle! Enfin passons...
Elle me lance, en visant mon nombril:
- B'jour! Comment va?
Peut-être que c'est pas mon nombril.
- J'suis très contente de vous voir vivre, bouger, renaître, quoi!
Merde. Elle me fait chier. Je retourne dans ma chambre et j'enfile une culotte.
Je l'entends arriver... Qu'est-ce qu'elle veut encore?
- Z'avez encore besoin de quelque chose?
Encore! Encore! L'écho résonne dans ma tête.
J'enfile un tee-shirt.
Voyant que je sui sourd et muet:
- Oh! Vous savez, j'vous comprends. Z'avez besoin d'être seul, pas vrai?
Si dans e-xac-te-ment trente secondes elle est toujours là, je la vire à coups de pompe dans le cul. Ouais!
Je fais pourtant à contre-coeur un geste imparfait qui ne se veut pas amical, mais qui l'est peut-être assez pour elle.
Ma seule envie: qu'elle dégage.
Allez. Ouste. Hors de chez moi.
- Bon, bien, à demain!
C'est ça! T'as raison, la vieille! Je veux plus voir cette gueule devant moi. Putain, mais qu'est-ce que j'ai fait au bon Dieu pour tomber sur des chieuses de première, des chieuses uniquement! Et elle en rajoute. Sous le prétexte futile qu'il ne faut pas oublier le repas du moutard, elle ouvre encore la lourde pour me le rappeler.
- Au r'voir!
- Adieu! Casse-toi!
Je me retrouve dans la pièce où le mioche semble n'attendre que moi.
Il me connaît. Et alors? Il veut quoi?... Il veut jouer. Il me tend gentiment, l'un après l'autre, des cubes de couleur.
J'en ai rien à carrer, de ses cubes, mais je les prends... Puis je les lui rends.
Qu'est-ce que je fais là?
Où est-ce que j'en suis?
Je jette un coup d'œil par la porte-fenêtre privée de rideau. Pas un chat. Rien. Je l'ouvre.
Saleté de parfum! Dehors AUSSI.
Quel jour sommes-nous? Oh! Et puis, peu importe! L'essentiel, c'est qu'il fasse beau. Beau, quoi!
Que faire maintenant? Qu'est-ce que je vais devenir sans Helena? Qui pourra me le dire?
Je fais un mauvais rêve et je vais me réveiller. C'est une sale histoire qui tient pas debout. Un film d'horreur. Un cauchemar. Oui, c'est ça!
Je regarde encore le petit. Je suis pour partir, puis je reviens.
Il faut que je tourne en rond. Ma propre manivelle. Le téléphone, je l'ai fait couper, j'en avais plein le dos, des simagrées. C'est comme pour la sonnette de la porte. Sabrée!
Et maintenant, il faudrait verrouiller. Dix fois. Cent fois.
Je suis bien. Seul. Seul avec cet enfant qui me regarde de ses yeux attendrissants, attachants.
Il a mes yeux... Non. Maintenant, j'y suis. J'y vois plus clair, je sais.
Il a TOUT de NOUS, c'est-à-dire de ce que nous étions, Helena et moi: un couple.
Cinquante-cinquante, voilà Paul.
Je le prend dans mes bras.
Il m'aime.
Il sait qui je suis. Il l'a toujours su.
D'accord, j'aurais pas dû le laisser seul ces temps-ci. J'ai été égoïste.
Tiens, il paraît plus grand. Plus lourd aussi.
Il sait que nous les aurons, les enfoirés, les connards et les emmerdeurs. Mâles et femelles. Dans tout leur secteur.
Tu boxeras et tu seras un homme. Mon fils. Tu ne te tromperas pas. Tu ne seras pas dyslexique, okay?
Surprise! Déjà maintenant, il comprend. Il ne se trompe pas.
Il ne parle pas. Non, il cause.
J'attendais:
- Areuh! Areuh!... (Moi, à son âge!) Non. Monsieur Paul vient d'appeler son père.
Je l'embrasse. Il m'embrasse.
Je te connais, va, petit comme si je t'avais fait.
Et il continue de causer...
- Mâ-man. Maman.
Jicey Carina
Maman. Nouvelle.
NOTE BIO-BIBLIOGRAPHIQUE (page 81)
JICEY CARINA est un tout jeune nouvelliste, mais il a déjà trouvé la difficile sanction d'une publication en revues:
BREVES (N°29) et XYZ (N°20). Il a en outre participé au recueil collectif GREFFES (ALEÏ, 1990).
Son premier recueil, SALUT LES PETITS, vient de paraître chez ALEÏ.
Couverture illustration PIERRE GALLION
CAP-SAINT-IGNACE (QUEBEC)
Voir également le lien en bas de dossier sur ERUDIT
· Il y a environ 9 ans ·Jicey CARINA
http://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=8&ved=0CEsQFjAHahUKEwjWyJu9zOfHAhUENhoKHf-DBYM&url=http%3A%2F%2Fwww.erudit.org%2Fculture%2Fxyz1016803%2Fxyz1021376%2F4077ac.pdf&usg=AFQjCNFsAAZ06GkKXuJV96hK-wK1O_v6bg
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La Nouvelle MAMAN de Jicey CARINA est extraite du recueil franco-québécois COINCIDENCES édité par XYZ-ALEÎ, 1990.
· Il y a environ 9 ans ·Disponible également de temps en temps à la vente sur AMAZON.FR http://www.amazon.fr/Co%C3%AFncidences-Ga%C3%A9tan-Brulotte/dp/289261032X
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