Manque et heures fragiles

nemesis

Les sourires fusillés par Chronos, roi tyran des sabliers, aux paumes marmoréennes qui froissent mes livres d'images, qui m'écornent les coins du coeur. Abîmé, le papier fin des méninges, des circonvolutions fragiles de cellulose ; soufflés, les pixels fanés, poivre d'hémisphères, safran de mes nuits ; sous clef, les minutes trop lointaines en négatif où la lumière est ébène et l'obscur est ivoire, univers parallèle de mémoire. Coffre crânien, délicat écrin d'os, pour le noyau nacré d'heures miroitantes. Emprisonne le soleil de ce monde révolu. Golem tendre de souvenirs, matières floues et halo de rires sous la pulpe des doigts, frêle architecture qui vacille sous les coups du pendule. Le passé est mon squelette. Prothèse d'un présent amputé. Pour une bouchée de futur je vendrais ma conscience et mon âme.

Je suis la moitié d'un tout. Je suis une pièce dans un puzzle de chair.
Rends-moi mon reflet, ma personne, rends-moi chimère bicéphale.

  • "les minutes trop lointaines en négatif où la lumière est ébène et l'obscur est ivoire, univers parallèle de mémoire". d'abord, merci pour ça.


    Ensuite, j'ai lu quelque chose de Gaston Bachelard récemment, auquel je pense en parcourant ton texte. Il disait : "Le temps n'a qu'une réalité, celle de l'Instant. Autrement dit, le temps est une réalité resserrée sur l'instant et suspendue entre deux néants. Le temps pourra sans doute renaître, mais il lui faudra d'abord mourir. Il ne pourra pas transporter son être d'un instant sur un autre pour en faire une durée. L'instant c'est déjà la solitude... C'est la solitude dans sa valeur métaphysique la plus dépouillée. "

    Ton texte sur le "Jamais" est aussi concerné par tout ça je crois. Par la frustration de la mémoire et de l'imagination.

    · Il y a plus de 10 ans ·
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    Catfish Tomei

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