Marguerite Térébenthine - Prologue 6 - La fin du monde

pascaldinot

Après moi la fin du monde, ou le déluge...

Mais alors, de quoi parlons-nous ?

Nous parlons bien de cet événement si cataclysmique, si catastrophique, si apocalyptique qu'il mettra définitivement un terme à l'humanité ?

En sommes-nous si sûrs ?

« Les crises, les bouleversements et la maladie ne surgissent pas par hasard. Ils nous servent d'indicateurs pour rectifier une trajectoire, explorer de nouvelles orientations, expérimenter un autre chemin de vie. » Carl-Gustav JUNG (1875-1961)

La fin du monde sera dramatique pour l'espèce humaine, c'est une certitude. Elle sera d'autant plus dramatique si vous ne savez pas comment réagir. Avant d'écrire sur ce thème, je me suis énormément renseigné sur le sujet : documentaires télévisés, livres, sites internet, analyses scientifiques, avis de mes amis, etc. Tous ont un point commun : Prévoir la fin du monde.

Où ? Quand ? Comment ?

Tous veulent répondre à ces questions.

Questions qui n'ont pas d'autre intérêt que de susciter de la peur. Je prends, par exemple, les très nombreux documentaires télévisés sur le sujet. Tous mélangent images saisissantes, musiques prenantes, atmosphères étouffantes, détails morbides, chaos hystérique, inéluctabilité de la mort, etc. On reste sans voix, totalement hypnotisé par le sensationnel. Tout y est réuni pour nous faire perdre notre objectivité, en nous laissant convaincu que rien ne pourra empêcher la fin. Et à bien y réfléchir, on ne pourra effectivement rien y faire.

Pourquoi ?

Parce que nous parlons d'un événement si catastrophique qu'il impactera l'intégralité du globe terrestre, et aura des conséquences sur des centaines d'années. Personne, à la surface de la planète ne sera à l'abri.

En somme, tous ces documentaires ne sont qu'un étalage de moyens de destruction. En étudiant tous ces documents, je me suis fait, au fur et à mesure, une fausse idée de la fin du monde, en me posant les mauvaises questions. Je me suis laissé happer par la fantaisie et l'imagination des auteurs, donnant leur propre vision cataclysmique, soutenue par des calculs statistiques douteux, étayée par des scientifiques à calvitie naissante et à chemises à carreaux. Je me suis laissé convaincre par des prédicateurs exaltés, par des paranoïaques « on nous cache tout, on ne nous dit rien » totalement immergés dans leur conspiration mondiale. Tous sont focalisés sur la fin du monde. Tous détiennent une part de vérité sur la fin du monde. Tous prédisent la fin du monde.

Mais dans quel objectif ? Si ce n'est que de s'y préparer.

La question la plus importante, à laquelle aucun d'entre eux n'ose répondre, est :

Comment survivre à la fin du monde ?

Peu importe l'événement déclencheur, finalement. Car les facteurs inhérents à l'événement déclencheur, auront des conséquences qui impacteront durablement la totalité du globe : Son climat, ses ressources, etc. Aucun des habitants de cette planète ne sera véritablement à l'abri, même au fond d'un bunker. Les pires statistiques prédisent que huit humains sur dix périront, soit directement (impact d'astéroïde, tremblement de terre massif, super volcan, tsunami, etc.) soit indirectement (maladie, famine, conflit, etc.) C'est aux 2/10ème de la population survivante qu'il faut véritablement s'intéresser. Car eux auront vraiment besoin que l'on s'occupe de leur cas.

Ou peut-être de votre cas...

Prenons un exemple simple, sous forme de métaphore.

Vous êtes sur la route au volant de votre véhicule. Un pneu crève. Vous vous retrouvez immobilisé sur le bas-côté. Constatant que votre pneu est à plat, vous n'allez pas engager sur le champ, une enquête approfondie et scientifique, afin de déterminer pourquoi vous avez crevé. Votre pneu est à plat, c'est un fait. Savoir ce qu'il l'a fait crever est accessoire sur l'instant. Le plus important est de savoir que vous avez une roue de secours dans le coffre et vous maîtrisez la méthode pour changer la roue crevée.

Pour la fin du monde, c'est approximativement le même principe, mais pas à la même échelle.

Qu'importe l'élément déclencheur de la fin du monde. Personne à la surface de la Terre ne pourra échapper à un événement si cataclysmique. Il faudra donc être préparé à l'accueillir. Comme être préparé à la crevaison d'un pneu. C'est-à-dire, savoir comment réagir au moment où cela arrive. Il faut garder à l'esprit que les plus malchanceux, dans cette situation, seront ceux qui y survivront. Quoi qu'il arrive, ces derniers devront s'adapter au changement brutal. Ces survivants devront oublier le passé, et faire le grand saut dans l'inconnu. Ils n'auront plus aucun repère. Ils devront vivre au quotidien avec la peur au ventre. Ils devront retrouver l'instinct primitif et ne compter que sur eux. Car force est de constater qu'aucune organisation de secours ne sera assez développée, pour subvenir aux besoins de tous les survivants d'un cataclysme mondial, quel qu'il soit.

C'est ainsi.

Sauf si vous avez une roue de secours.

Ceci est une métaphore...

Mais faisons preuve d'optimisme. Autant que l'on puisse faire preuve d'optimisme sur le sujet.

Ce n'est pas la première « fin du monde » que la Terre subit. Les scientifiques en ont recensé 5 depuis le précambrien (environ moins 600 millions d'années) jusqu'à nos jours.

Appelées « Extinctions de masse », elles ont eu deux causes : biologique d'une part, et physique d'autre part.

En voici la liste :

- Fin de l'Ordovicien et début du Silurien, durant le Paléozoïque (environ moins 440 millions d'années) : 1/3 de la faune marine s'éteint. La cause n'est pas certaine, mais la plus plausible est un désordre climatique. Ce désordre a pour conséquence une grande glaciation qui aurait rendu difficile l'adaptation des espèces. Je rappelle qu'à cette époque, la vie était essentiellement sous-marine. Cependant, entre la fin du précambrien et la fin du l'ordovicien, il s'est déroulé une bonne centaine de million d'années...

Comme un charme.

- Le Dévonien, durant le Paléozoïque (environ moins 380 à moins 360 millions d'années) : durant cette période, il n'y a pas eu une grande extinction, mais plusieurs extinctions (six identifiées) ayant une cause biologique et s'étalant sur 3 millions d'années. Entre 70 et 75 % des espèces disparaissent.

Entre l'ordovicien et le dévonien, il s'est passé 80 millions d'années.

Sans un trouble...

- La fin du Permien, toujours dans le Paléozoïque (environ moins 250 millions d'années) : cette extinction est marquée par la disparition de 75 % des espèces vivant sur les continents et 95 % des espèces marines. Les causes sont multiples et encore étalées sur plusieurs millions d'années. Les effets de la tectonique des plaques ont eu pour conséquences, une régression océanique, une nouvelle configuration océanique, un changement du climat et le réveil de volcans.

Cependant entre le dévonien et la fin du permien, il s'est passé environ 100 millions d'années... Relax...

- La fin du trias, dans le Mésozoïque (environ moins 220 millions d'années) : une crise qui va s'étaler sur 15 millions d'années portant sur un changement climatique. Changement climatique qui va causer la disparition de 20 % des espèces. Cette crise favorisera le développement des dinosaures.

Entre la fin du permien et la fin du Trias, il s'est écoulé une petite trentaine de millions d'années... Totalement détendue.

- Et enfin, la plus connue. L'extinction du crétacé-tertiaire ou plus largement connue comme l'extinction K-T, toujours dans le Mésozoïque (environ moins 65 millions d'années) Cet événement marque la fin du Mésozoïque, et la fin des dinosaures pour entrer dans le Cénozoïque. On parle d'un impact massif d'astéroïde qui aurait soulevé plusieurs milliards de tonnes de poussières dans l'atmosphère. Les effets auraient réduit la lumière du soleil et gêné la photosynthèse. Cet impact est localisé à Chicxulub, dans la péninsule du Yucatán, au Mexique.

Entre la fin du Trias et l'extinction K-T, il s'est écoulé environ 150 millions d'années...

là, on est limite yoga...

Petite anecdote au passage.... Yucatán signifie en Maya : Je sais pas !

Car lorsque les premiers espagnols arrivèrent sur la péninsule, ils demandèrent comment s'appelait cette région aux autochtones, et les mayas n'entravant keudal à l'espagnol leur auraient répondu : Yucatán ! Je sais pas !

Donc....reprenons.

Force est de constater que depuis moins six cent millions d'années à nos jours, la vie a toujours été présente sur Terre, malgré cinq grandes extinctions de masse. Entre chaque événement catastrophique, il s'est déroulé un minimum de trente millions d'années. Chaque extinction n'a rien éteint définitivement, puisque la vie a continué de se développer. De s'adapter.

Et on nous stresse la couenne, dans l'éventualité de la fin du monde...

Faisons maintenant preuve de réalisme...

Nous donnons une trop grande importance à ces extinctions qui ne sont que des « accidents ». La vie au sens propre du terme, a évolué, s'est adaptée à son nouvel environnement. Désormais, vous pouvez comprendre que ce que l'on nomme de manière tragique, une catastrophe, un cataclysme, une extinction, une apocalypse, font parties intégrantes du phénomène de la vie et de l'évolution.

Quand vous crevez sur la route, n'en faite pas un drame.

C'est peut-être la première fois que vous crevez, mais ce ne sera certainement pas la dernière.


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