Marie

Faites fi de vos âges, faites, ô feu faux visages,

Lors de cette fête, faites-moi oublier

Marie blonde la belle Marie belle et bretonne.

Marie belle rit blond et rit belle et sent bon

Fariboles de belles font rire ses cheveux blonds.

Ribambelle de belles passent dans mon salon…

Sornettes, balivernes, je voudrais respirer

L'odeur de ton ventre et le goût de ton sein

La pluie de ton amour le souffle de ta bouche

Ton corps épanoui ton visage et tes yeux

Tes cheveux et tes cils le bruit de ta poitrine.

Marie tes yeux tes seins ton corps dans mon cœur

Rigolent de bonheur et l'eau belle s'écoule.

L'obèle de ton livre note les digressions

Que je fais quand je lis les replis de ton corps.

Et puis une tendresse un petit corps fragile

Le gouffre de ton ventre et j'entre dans la vie

Comme un fou dans ton antre retrouve sa folie.

La lèvre frémissante et le regard quérissent

L'aile d'un papillon un pétale de cerise,

Les posent sur la fente d'une plaie et guérissent.

Je renais, je charrie, mal armé, René Char

Et Stéphane et Marie, Marie la belle enfant

Maria douce infante qui enfante en mon âme

Le désir d'un enfant.

Je vais dans les théâtres et je vis au bordel

Je vais dans les bordels et je vis au théâtre

Des culs passent la nuit que je ne pourrai prendre.

Je ne connaîtrai plus que des femmes aisées

Des peaux et des sourires et des fesses usés

Belles et jeunes encore qu'on aura trop aimées

Des filles jeunes encore et belles alitées

Qui là donnent le sein et allaitent leur sang.

Leurs seins se tendent las vers des bouches salaces

Qui salent et salissent, hélas !

Et scellent l'indécence et tes mamelons lassent.

Tes petits seins se tendent sans bouche pour les boire

Et tendent ton vêtement sans rire pour les voir

Et lancent leur armement sans main pour recevoir.

Et je suis là moi las et paisible et serein là

À regarder tes seins et ta bouche et tes mains

Et l'airain de tes boucles et ta boucle des reins

Et tes boucles d'airain qui caressent ton corps blanc.