Martin et le clown

Olivier Parent

Martin vient de se réveiller.

Il pointe le bout du nez hors de la couette. Il observe la lumière du soleil qui joue dans sa chambre, éclairant ça et là les jouets abandonnés sur le sol.

"Maman ne va pas être contente..." pense Martin. Hier soir, il n'a pas fini la grande bataille des soldats de la République contre les traitres de l'Alliance Noire. Les remparts, derrières lesquels les combattants s'abritent, sont faits de cubes de bois de couleurs provenant d'un jeu de construction que Martin avait reçu de son parrain quand il était bien plus petit... Trois ou quatre ans... Martin a sept ans ! Il est content d'avoir pu réutiliser ses vieux jouets. C'est juste que Maman ne va pas être contente de voir le bazar sur le sol de la chambre.

Avec, maintenant, un bras, puis deux hors de la couette, Martin écoute avec plaisir les bruits qui montent de la maison. Maman doit être dans la cuisine. Martin sens l'odeur du pain qui grille pour le petit déjeuné de Maman.

Une tache de lumière du soleil court sur le tissu de sa couette et vient lécher la peau de son bras. Il doit faire beau dehors. Martin tend l'oreille pour écouter les trilles de oiseaux du matin ou le doux roucoulement des tourterelles qui se font la cour sur le lampadaire proche de la maison.

Mais au lieu d'entendre ces chants joyeux, Martin est frappé par le bruit d'une folle animation. Il entend des appels et des bruits mécaniques. Puis tendant encore l'oreille... oui, il entend des bruits d'animaux. Pas les jappements des chiens fou-fous, ni les miaulements des chats en colère... non, des cris d'autres animaux. Il entend, à ne pas s'y tromper, un barrissement et... le rugissement d'un lion !

"Maman... ils sont arrivés !"

Bondissant de son lit comme un diable hors de sa boite, Martin s'est précipité vers la fenêtre de sa chambre. D'un geste rapide, il écarte les rideaux. La lumière du soleil l'éblouit un instant. Puis, il découvre, sur la place du village qui s'étend non loin de la maison, une caravane de camions et de remorques garés en arrondit. Sur les flancs des cabines, Martin lit : Cirque Bardoni.

"Maman, le cirque est là !"

Martin court dans la cuisine.

"Maman, le cirque est arrivé. J'ai vu les camions. Les gens du cirque ont commencé à monter le chapiteau... Dis, Maman, je peux aller les voir ?"

"D'accord. Mais, on commence par prendre son petit déjeuner."

Martin, excité comme une pile électrique, s'assoie à la table de la cuisine et engouffre son bol de céréales au lait. A peine fini, il retourne dans sa chambre pour s'habiller.

Là, la bataille l'attend toujours... mais il ne prête pas d'attention aux soldats figés en pleine action. "Le pyjama sous l'oreiller... slip, chaussettes, pantalon, polo et sweet...

"Maman, elles sont où mes chaussures ?"

"Là où tu les as laissées hier soir !"

"Ah..." Dans son excitation, Martin à du mal à se concentrer... Mais il fini par trouver ses chaussures : dans le placard à chaussures... 

Martin se dirige vers la porte, saisissant son manteau au passage. La main sur la poignée de la porte, Maman l'arrête :

"Martin, tu restes sur la place... je veux te voir"

"Oui, Maman..."

"Tu rentreras à la maison en fin de matinée, quand tu verras la voiture de la factrice. D'accord ?"

"Oui, Maman..." Martin a encore un peu de mal à lire l'heure. Mais il sait qu'Odile, la factrice qui leur dépose tous les jours le courrier, passe vers onze heures.

"Encore une chose"... Martin a déjà ouvert la porte. "J'aimerais bien que, les matins de jour d'école, tu te lèves et que tu t'habilles aussi vite qu'aujourd'hui..." Maman sourit. Elle aime bien taquiner Martin. 

Aujourd'hui, il n'y a pas d'école. On est mercredi. "Ca tombe bien !" se dit Martin en fermant la porte de la maison.

•••

Martin court vers la place du village où déjà se dressent une forêt de poteaux tenus par de longs câbles d'acier. Les gens du cirque ont mis des barrières au tour de la place du village. Dernière elles, se concentre toute l'activité.

Peu de temps après son arrivée, Martin, accroché à l'une des barrières, voit les gens du cirque pousser vers le ciel un immense mât, au centre du cercle dessiné par la vingtaine de poteaux tenus par les câbles. Une fois le mât dressé, plusieurs personnes apportent une immense toile qui, bientôt, s'élève dans le ciel, hissée le long du mât. La toile arrimée au sommet, Martin observe tous les gens du cirque qui ouvrent la toile, chacun se dirigeant vers un des poteaux extérieurs. Et, sous les yeux ébahis de Martin, c'est le cirque qui est pour ainsi dire monté : un gigantesque chapiteau à qui il ne manque que les murs de toile.

La construction du chapiteau semble avoir rassemblé toute la troupe du cirque. L'air satisfait, ils dressent ensemble les yeux vers le sommet du mât où flotte un drapeau coloré. Martin est aussi content. C'est comme s'il avait participé au travail.

Martin descend de sa barrière et se dirige vers la remorque des fauves. Un jeune homme qui vient de quitter le chapiteau s'affaire, maintenant, auprès des cages. Avec une fourche, il nettoie les cages et y remet de la paille propre. Les bêtes, un lion, deux lionnes et deux tigres, regardent dehors, marchant de long en large, le long des barreaux des cages. Une des lionnes s'est couchée et se lèche les pattes, consciencieusement... "Elle fait sa toilette du matin" pense Martin. 

Plus loin, Martin voit des jeunes gens, filles et garçons, qui s'entraînent à enchaîner des cabrioles. Ils sautent, tourbillonnent... les uns montant sur les épaules des autres... Martin est fasciné. Un monsieur passe et se dirige vers une caravane décorée d'un immense visage de clown. Il passe près des acrobates, mais ne semble pas être impressionné. 

Martin lui est très impressionné. Quel souplesse... quel sens de l'équilibre... Une des acrobates se tord dans tout les sens. Rien que de la regarder, Martin en a mal au dos... 

Puis, un nouveau se mêle à la troupe d'acrobate. C'est un clown. Un vrai, avec tout et tout et tout : les grandes chaussures, le nez rouge et le manteau trop grand. Malgré son drôle de déguisement, le clown, lui aussi se met à faire des acrobaties... mais qui rate à chaque tentative.

Que c'est drôle. Après quelques minutes, une ballerine vient rejoindre le clown et Martin voit se dérouler sous ses yeux une danse folle au cours de laquelle la ballerine tente désespérément de parler à un clown qui, trop maladroit, ne peut pas l'entendre : il cherche à danser de son mieux... avec une partenaire qui, vraiment, n'est pas concentrée... Elle fini par lui tendre une gros cœur de papier. Le clown en tombe à la renverse.

Sous le chapiteau, autour du mât, ont été dressées des grilles. Le dompteur, s'est le garçon qui nettoyait les cages, entre avec, à la main, son fouet.

Par un tunnel de grillage, le lion et les deux tigres entrent à leur tour. A la voix du dompteur, les fauves montent et descendent de plots peints de bandes de couleurs vivent. Ils sautent. Ils bondissent. Martin entend le claquement du fouet. Mais il voit bien que c'est la voix et la gentillesse du dompteur qui fait obéir les gros chats.

"C'est un peu comme à la maison" pense-t-il.

Le clown, après avoir remercié la ballerine, qui a rejoint les autres acrobates, se dirige vers la grille. Il parle avec le dompteur au travers de la grille. Le dompteur ne quitte pas des yeux le lion et les deux tigres. Le clown se dirige vers la porte de la grande cage et il entre.

Un nouveau numéro de cirque se déroule sous les yeux de Martin. "J'ai le cirque pour moi tout seul !" pense Martin, heureux derrière sa barrière.

Le clown joue les fiers. Il fait celui qui est plus malin que le dompteur, croyant pouvoir diriger les fauves. Il a sorti de sa poche un fouet ridiculement petit. Mais chaque fois qu’il s’approche d’un des fauves celui-ci rugit et le clown fini, encore une fois, par terre. Martin ne peut pas s'empêché d'être un peu triste pour ce pauvre clown qui rate tout se qu'il entreprend. Le numéro se fini. Le clown se dirige, gentiment vers le lion et lui fait un gros câlin, sous l'œil attentif du dompteur. Taquin, le lion donne un coup de patte au clown qui s'éloigne. Perdant son équilibre avec ses chaussures trop grandes, le clown s'étale de tout son long.

Martin, accroché à sa barrière, rigole. Il va pourtant falloir être patient. Maman a dit qu'on irait au cirque que samedi. "Pas pendant la semaine, Loulou. Il y a les devoirs, tes cours de piano, jeudi soir et de basket, le vendredi. Tu dois te coucher tôt !"

Au delà des barrières du cirque, Martin voit apparaître une tâche jaune qu'il connait bien : c'est la voiture d'Odile. "C'est l'heure" pense Martin. A regret, il quitte la place du village. Il doit être à la maison avant qu'Odile ne frappe à la porte. Mais il sait qu'elle doit passer par une bonne douzaine d’autres maisons, avant cela. Il a le temps... de rentrer chez lui, en équilibriste : il marche sur les pierres du trottoir. "Ne pas tomber... Ne pas tomber... C'est sans filet, ce soir, sous le plus grand chapiteau du monde... Martin, l'acrobate, pour votre plus grand plaisir, Mesdames et Messieurs !"

Encore quelques pas, et... Odile est à la porte de la maison. Elle va frapper.

"Bonjour, Odile" crie Martin qui se précipite vers la maison.

"Bonjour, Martin. Tu vas bien ? Tiens, voici le courrier pour ta maman."

"Merci, au revoir"

"Au revoir, Martin, à demain !"

"Ouf !" pense Martin. Et il entre dans la maison et tend le courrier à Maman.

"Merci, facteur... Encore quelques instants et tu étais en retard, hein ?"

Martin court déjà dans sa chambre. Il a le temps de jouer avant le repas de midi. Maman doit sortir quelques minutes pour faire des courses.

"J'y vais, Martin !"

Il entend la clé qui tourne dans la serrure de la porte d'entrée.

•••

Il fait nuit noire. Pourtant Martin est éveillé. Il a mal à la tête... il est épuisé : dans un interminable cauchemar, il courrait sans fin dans un rien cotonneux... désagréable.

Des larmes jaillissent de ses yeux. Il n'a même pas le courage de se lever pour aller voir Maman. Pourtant, elle arrive quelques instants plus tard. Elle se penche vers Martin.

"Que se passe-t-il, mon Loulou ?"

Elle pose sa main sur le front de Martin : il est brûlant. Maman va chercher un thermomètre : 40° ! Martin est très malade.

Le reste de la nuit passe. Martin ne sait plus très bien s'il dort ou s'il rêve. Il n'aime pas, mais n'arrive pas à lutter contre cette fatigue qui l'accable. Il lui semble que le jour fini par se lever. Le docteur Liénard, qui a son cabinet sur la place du village, vient voir Martin. Il l'ausculte sous le regard inquiet de Maman. Le docteur et Maman sortent de la chambre de Martin. Il les entend parler dans le couloir, mais il ne comprend pas se qu'ils se disent. De toute manière, Martin est trop fatigué pour tendre l'oreille.

Il regarde le sol de sa chambre, la tête posée sur l'oreiller. Le champ de bataille est ruiné. Maman a du faire de la place pour que le docteur puisse s'approcher du lit. Il faudra tout reconstruire. Rien que d'y penser, Martin se sent épuisé.

Martin entend la porte d'entrée se refermer. Quelques instants plus tard, Maman entre dans la chambre. Elle s'assied sur le lit de Martin.

"Tu es très malade, mon Loulou. Le docteur ne veut pas que tu bouges de ton lit pendant au moins quatre jours, d'accord."

Martin acquiesce. Sa tête est lourde. Maman se penche sur lui et lui fait un gros câlin. Et Martin s'endort.

•••

Les jours passent.

Martin n'arrive pas à les compter. Il fait encore beaucoup de cauchemars. Maman est très inquiète. Le docteur vient le voir tous les jours. Lui aussi n'a pas l'air très rassuré. Martin, lui, se sent juste très fatigué, mais vraiment très, très fatigué. Alors il dort.

Un soir, oui, ce doit être le soir, Martin voit le jour qui se couche derrière la fenêtre de sa chambre, il entend le docteur dire à Maman que, si après cette nuit, Martin ne va pas mieux, il faudra penser à aller à l'hôpital. Malgré sa fatigue, Martin comprend que sa maladie est plus grave qu'il ne pense. Mais, à peine a-t-il entendu cela qu'il se rendort, n'ayant pas eu le temps s'inquiéter plus.

La nuit passe. Le jour se lève. Martin entend les tourterelles qui roucoulent. Il reconnait le merle qui nargue les rouges-gorges dans le jardin. "Je vais mieux" pense-t-il.

"Maman, j'ai faim !"

Martin se sent encore fatigué, mais il ressent un creux, là, à l'estomac. Maman entre dans la chambre. Elle est déjà habillée. Un sourire illumine son visage.

"Tu as faim ? Ca c'est une bonne nouvelle ! Ne bouge pas. Je vais te chercher un jus de fruit et quelques tartines."

Martin dévore son petit déjeuné au lit quand il entend que l'on frappe à la porte d'entrée. Il reconnait la voix du docteur Liénard qui parle quelques instants avec Maman. Puis le docteur entre dans la chambre de Martin. Il l'ausculte une nouvelle fois. Ecoute son souffle avec son stéthoscope, regarde le fond de sa gorge et dans ses oreilles.

"Eh bien, mon grand, je crois que les choses sont revenues en ordre... tu nous auras donné du soucis, tu sais !" Et le docteur ébouriffe la mèche blonde de Martin qui n'avait pas besoin de ça : cela fait plusieurs jours qu'il ne s'est pas coiffé ! Mais le docteur semble content, soulagé de voir Martin mordre de bon appétit dans ses tartines.

"Tu dois encore rester plusieurs jours à la maison. Pas question d'aller courir l'aventure dehors, ok ? Tu es encore bien fatigué, il faut que tu refasses des forces"

Martin acquiesce, la bouche pleine.

Le docteur parti, Maman revient dans la chambre de Martin. Elle pose le plateau du petit déjeuné désormais vide et se penche vers Martin pour lui faire un ENORME câlin. Maman semble plus que soulagée... pourtant, Martin qui regarde sa chambre par dessus son épaule, découvre un énorme bazar... Mais Maman n'y prête aucune attention, toute heureuse de voir que son Martin est guéri !

"Maman, je pourrai aller tout de même au cirque ?"

"Mais, mon chéri, le cirque est déjà reparti ! Tu as été malade, avec une grosse fièvre, pendant cinq jours. Nous sommes mardi. Le cirque est reparti hier..."

Martin est tout triste. Il se faisait une telle joie d'aller revoir le clown. Avec cette fièvre, il n'a pas senti les jours s'écouler. Cinq jours !

"Maman, il revient quand le cirque ?"

"Je ne sais pas, mon grand. De toutes manières, le docteur ne veut pas que tu sortes avant le week-end prochain ! Allez, on verra ça plus tard..."

"Maman, je voulais voir le clown. Tu sais, mercredi, je l'ai vu. Il a répété ses numéros, prêt des caravanes du cirque. Je l'ai vu danser avec une ballerine et essayer de dompter les tigres et un lion ! Maman, je veux voir le clown..."

"Martin, je t'ai dit que le cirque était parti... je n'y peux rien... Allez, pense à autre chose... regarde, il va falloir que tu refasses ton champ de bataille... il y a eu quelques catastrophes..."

Maman s'est tournée vers la chambre. Mais Martin ne regarde pas ses jouets. Il s'est recouché sur son oreiller, tourné vers le mur.

"Je voulais tant voir le clown" dit-il d'une petite voix toute triste.

Maman n'entend pas. Elle est déjà repartie. On vient de frapper à la porte d'entrée. C'est Marissa, la voisine. Elle vient garder Martin : Maman doit aller à son travail.

"Bonjour, Martin. Alors, tu es guéri ? Tu peux dire que tu nous a fait faire du souci, coquin, va !" Martin comprend que Marissa est venu le garder pendant sa fièvre, mais il n'en garde aucun souvenir. D'autant plus que tout ceci ne l'intéresse guère : il veut voir le clown.

La journée passe. Marissa vient plusieurs fois voir Martin pour jouer avec lui, mais Martin ne veut pas jouer. Marissa lui apporte son repas sur un plateau, mais Martin n'a pas faim. Martin veut voir le clown.

Marissa porte Martin dans le canapé du salon. Elle l'installe dans la grande couverture de laine, avec des coussins. Elle allume la télé pour que Martin puisse regarder des dessins animés. Mais Martin n'est pas intéressé. Il trouve toutes ces histoires bien bêtes... Il veut voir le clown.

A l'heure du goûter, Maman rentre de son travail. Elle remercie Marissa qui lui explique que Martin n'a rien mangé et, pour ainsi dire, rien dit... 

Maman prépare un bon goûter pour son Loulou. Elle lui apporte un plateau plein de tartines avec un bol de chocolat chaud.

"Tiens, mon Loulou, ton goûter !"

Mais, Martin n'a pas faim. Il est triste, il n'a pas vu le clown.

Maman se penche sur Martin, met sa main sur son front.

"Ca ne va pas, mon grand ?"

Martin ne dit rien, le regard perdu sur la télévision qui diffuse ses dessins animés, le son coupé.

La soirée passe. Maman prépare LE repas préféré de Martin : du poulet à la broche avec des frittes au four, faites à la main ! Mais Martin n'a toujours pas faim. Martin ne dit rien, Martin est triste.


Le lendemain, le docteur Liénard revient ausculter Martin. Il le regarde sous toutes les coutures. Perplexe, il s'adresse à Martin :

"Comment te sens-tu, Martin ?"

Martin se force à répondre, il voit Maman, derrière le docteur qui lui fait les gros yeux.

"B... bien..."

"Alors, pourquoi tu ne manges pas ?"

"J'ai pas faim..."

"Hier matin, tu avais faim ?"

"Oui... mais, j'ai plus faim..."

"Pourquoi ?"

Martin voudrait bien dire ce qu'il a sur le cœur, mais il n'ose pas.

"Je ne sais pas..."

Et Martin se retourne, dans son lit, contre le mur.

Le docteur sort de la chambre de Martin et parle avec Maman.


"Je ne sais pas ce qu'il a, Madame Péri... Par sécurité, je vais vous envoyer au laboratoire d'analyses médicales. Vous pouvez sortir avec lui, il est suffisamment remis, malgré cette perte d'appétit. Nous devons savoir ce qui se trame."

Le docteur parti, Maman habille Martin chaudement. Elle prend à la main l'ordonnance du docteur Liénard et, tous deux, se dirigent vers la place du village. Ils doivent la traverser ; le laboratoire se trouve dans la rue de la Mairie qui débute de l'autre côté de la place. Martin qui tient la main de Maman, voit les marques laissées par le cirque. Ici, il voit les trous des piquets. Là, il reste encore de la paille tombée des cages des fauves. Martin reconnait même l'endroit où était garée la caravane du clown.

"Allez, avance, Martin. Il faut qu'on fasse vite, le docteur Liénard ne veut pas que tu restes trop longtemps dehors !"

Martin se laisse traîner, le regard accroché au centre de la place où se dressait le cirque Bardoni.

"Je veux voir le clown..." dit Martin d'une petite voix. Maman n'entend pas, elle salue Madame Mehmet, l'épicière.

Martin et Maman arrivent devant le laboratoire. Maman pousse la porte, salue la dame assise derrière le comptoir et lui tend l'ordonnance du docteur Liénard. La dame dit que Martin et Maman peuvent s'assoir quelques minutes, on viendra les chercher.

Maman feuillette distraitement un magazine. Martin attend, le regard perdu.

"Je veux voir le clown" dit Martin de sa petite voix.

"Pardon..." demande Maman.

A cet instant, un monsieur en blouse blanche entre dans la pièce.

"Madame Péri ?"

"Oui, c'est moi !" Répond Maman qui se lève et prend Martin par la main.

"Par ici, s'il vous plait" dit le monsieur en indiquent de la main une petite pièce au milieu de laquelle se dresse un grand fauteuil blanc, incliné. Maman soulève Martin qui s'assied au fond du fauteuil. Le monsieur s'approche de Martin et lui relève la manche.

"Alors, qu'est-ce qui ne va pas, Martin ?" demande-t-il d'un air gentil.

"Je veux voir le clown" répond timidement Martin.

Mais le monsieur ne l'écoute pas. Il explique déjà à Martin ce qu'il va lui faire. Maman demande à Martin de se taire et d'écouter.

"Je vais prendre un peu de ton sang pour regarder ce qui te rend malade. Le sang dit beaucoup de chose sur la santé de gens. Pour ce faire, je vais utiliser une petite aiguille, au creux de ton bras. Ca va piquer un petit peu. Tiens la main de ta maman de l'autre main. Tu la regardes. Quand le suis prêt, je te dit. Tu sers fort la main de Maman et c'est presque fini, d'ac. ?"

Martin fait comme le monsieur lui a dit. Il tient la main de Maman. Il voit le monsieur lui passer un gros élastique autour du bras, juste au dessus du coude.

"Allez, regarde Maman... Attention... et voilà, l'aiguille est posée. Ca va, Martin ?" demande le monsieur desserrant l'élastique du bras de Martin.

Martin hoche la tête. Il n'ose pas parler. Ca fait un peu bizarre au bras. Il sert fort la main de Maman.

"Et s'est fini !" s'exclame le monsieur qui appuie un coton au creux du bras de Martin. "Vous aurez les résultats ce soir. Nous enverrons une copie des analyses au docteur Liénard." Le monsieur pose un pansement au creux du bras de Martin. Maman l'aide à descendre du fauteuil.

Sur le chemin du retour, Martin et Maman passe à nouveau par la place du village. Maman a bien des courses à faire, mais elle ne veut pas garder Martin au froid.

"Je veux voir le clown" dit une nouvelle fois Martin de sa petite voix. Mais Maman n'entend pas.

Arrivé à la maison, Martin va dans sa chambre et essaye de remettre en ordre son champ de bataille. Mais il n'en a pas envie. Pendant que Maman sort en fermant la porte à clef derrière elle, Martin a une autre idée : en utilisant les cubes de couleur, il construit un cirque. Il rassemble ses petites voitures, ne gardant que les camions et les camionnettes. Dans une autre caisse, il part à la pêche aux animaux de la jungle. Bientôt sur le sol de la chambre de Martin, le cirque Bardoni est reconstitué. On y voit même les acrobates, ce sont des figurines du Moyen Age. Le dompteur est là, aussi, c'est un Robin des Bois. Il ne manque personne... à part le clown.

Martin à beau chercher dans ses jouets. Aucun ne ressemble au clown qui l'a tant fait rire. Alors, tout d'un coup, le cirque, sans clown, lui semble bien triste. Martin s'arrête de jouer. Après quelques minutes, il remonte dans son lit et se couche, laissant sortir de sa petite voix : "Je veux voir le clown..."


Martin ne l'a pas entendu, mais Maman était rentrée de ses courses. Silencieusement, elle est aller voir comment allait son garçon, tout d'abord heureuse de le voir à nouveau jouer : le cirque que Martin a fait durant son absence est magnifique. Il a même utilisé une grande feuille de papier découpée en rond pour faire le toit du chapiteau. Alors qu'elle allait le féliciter pour sa belle construction, Maman voit Martin qui se lève et qui va se coucher dans son lit. Et elle entend cette petite voix qu'elle aime tant et qui lui semble pourtant si triste : "Je veux voir le clown..."

"Comment faire ?" se dit-elle.

"Madame Péri ?" Une voix s'élève à l'entrée de la maison, c'est le docteur Liénard. "Madame Péri ?"

"Oui, docteur, j'arrive"

"Excusez-moi, je me suis permis d'entrer. J'ai frappé, mais personne n'est venu..." s'excuse le docteur, gêné.

"J'étais auprès de Martin" répond Maman d'une voix lasse.

"Je viens de recevoir les analyses de Martin. Elles sont très bonnes. Il n'y a pas de souci à se faire. C'est pourquoi je me suis permis d'entrer. Je voulais vous rassurer au plus vite." Le docteur semble heureux de ces bonnes nouvelles.

"Alors pourquoi ne mange-t-il plus ? Tout au long de la journée, je l'ai entendu demander après le clown du cirque qui était au village, la semaine dernière... Y a-t-il un lien ?" Maman semble désorienté. Martin est en bonne santé disent les analyses, mais elle sait que son garçon ne va pas bien.

"Peut-être, Madame Péri, peut-être... il faut être patiente et confiante... Votre Martin va bien. Il va reprendre des forces..."

Et le docteur quitte la maison qui reste silencieuse.

•••

Dans les jours qui suivent, les journées passent lentement. Le docteur Liénard veut que Martin reste encore à la maison, "au chaud !" Marissa vient garder Martin. Maman s'absente pour son travaille. Quand elle rentre, elle prépare des morceaux de pommes que Martin mange sans faim. Quand il est dans sa chambre, il regarde son cirque, tristement.

"Il est beau ton cirque" lui dit-elle un soir. "Pourquoi n'y joues-tu plus ?"

"Il manque le clown" répond Martin.

"Regarde ce que je te rapporte" dit Maman en lui tendant un paquet.

Martin s'en empare. Dans un joli papier aux motifs joyeux, Martin découvre une petite boîte. Elle contient un petit personnage, juste à la bonne taille pour aller dans le cirque de Martin : c'est un clown. Le regard de Martin s'illumine. Il saute de son lit et va le poser au milieu de la piste du cirque délimité par des briques de bois : une brique rouge, une bleue, encore une rouge et une bleue... douze briques de couleurs. Il y en a deux jaunes : elles marquent l'entrée de la piste. Le petit clown trône au milieu de la piste, fièrement.

Martin se retourne vers sa maman et lui dit : "Maman, je veux voir le clown"

"D'accord, Martin, nous allons le trouver, ton clown."

Comme un fou, Martin se jette dans les bras de sa maman. "Oh, merci, Maman !"

"Il est déjà tard, mais demain matin, j'appelle la mairie pour joindre le cirque et savoir dans quelle ville il se trouve, d'accord ?"


"Oui..."

"Mais je veux que tu manges, ce soir, on est bien d'accord ?"

"Oui, Maman !"

Quelle excitation ! Martin suit Maman dans la cuisine pour l'aider à préparer le repas. Il veut manger comme un ogre. Maman doit le freiner.

"Doucement, tu es encore fatigué, ne mange pas trop, voyons ! Et pas trop vite..."

Ce soir, Martin a du mal à s'endormir. Il repense, sans cesse, à cette matinée durant laquelle il a regardé le cirque se construire avant de découvrir les tours du clown. Perdu dans ses rêves, Martin fini par s'endormir.

•••

Le lendemain matin, après un bon petit déjeuner pris dans la cuisine, Maman appelle le secrétariat de la Mairie.

"Bonjour, je voudrais avoir le numéro de téléphone du cirque... celui qui est venu, à Boissy, il y a deux semaines."

"Le cirque Bardoni" glisse Martin qui est assis sur les genoux de Maman.

"Oui, je note... merci, au revoir !"

"Voilà, je l'ai. On appelle ?"

"Si, on appelle ? Oui ! Mille fois oui !" s'écrie Martin qui saute sur les genoux de Maman.

Maman reprend le combiné du téléphone et compose un nouveau numéro.

"Allo ? Le cirque Bardoni ? Monsieur Bardoni ? Bonjour, Monsieur... J'habite Boissy-sur-Sélène. Vous êtes passé par notre village, au début du mois. Je cherche à joindre la personne qui fait le clown dans votre cirque. Pourrais-je lui parler ?"

La personne à l'autre bout du téléphone explique quelque chose à Maman que Martin ne peut pas entendre.

"Ah... c'est embêtant... Pourrais-je avoir son numéro de téléphone ?... c'est gentil... oui je note..." Maman écrit un nouveau numéro de téléphone sur le bloc de papier, remercie Monsieur Bardoni et raccroche.

"Il a quitté le cirque, cette semaine" dit Maman embarrassée. "Mais, j'ai son numéro. Je l'appelle tout de suite.

Martin ne sait que penser. "Pourquoi est-il parti, le clown ? Il avait pourtant l'air de bien s'entendre avec les autres personnes de la troupe du cirque ?


Maman compose déjà le numéro de téléphone du clown. Elle attend quelques instants.

"Il est occupé, je dois laisser une message" dit Maman en chuchotant.

"Monsieur Maquignon, bonjour. Je m'appelle Madame Péri. Pourriez-vous me rappeler, j'ai une question à vous poser, s'il vous plaît. Je vous laisse mon numéro de téléphone... Au revoir."

"Voilà, c'est fait !" dit Maman et raccrochant le téléphone.

"Et maintenant, il se passe quoi ?" demande Martin, inquiet.

"On attend que Monsieur Maquignon nous rappelle..."

"Monsieur Maquignon" c'est un drôle de nom pour un clown, pense Martin. "Je croyais que les clowns s'appelaient Auguste ou Clown Blanc..." Martin ne sait que penser de tout cela... "Est-ce que Maman ne s'est pas trompé de personne ?"

Maman a dit qu'il fallait attendre... on attendra... Mais pas trop, tout de même..." Martin est retourné dans sa chambre et, toute la journée, il joue avec son cirque. Le cirque est tout de même victime de quelques attaques de robots ou d'indiens. Mais grâce à la bonne humeur du clown, tous les membres du cirque réparent les dégâts après chaque attaque. "Haut les cœurs !" crie le clown.


Le soir venu, toujours pas de nouvelles du clown. Martin doit se coucher tôt. Le docteur Liénard qui est venu à la fin de l'après midi, l'a trouvé encore fatigué. Il est confiant, mais voudrait que Martin sorte un peu plus vite de cette mauvaise passe.

Ce soir, encore, Martin a du mal à s'endormir. Mais il tourne son regard vers son cirque, au milieu de sa chambre. Il sait que son clown fait son mieux pour bien diriger le cirque... C'est déjà ça !


A son réveil, Martin se sent fatigué. Pas en forme, un peu triste, comme le temps qui fait dehors ; Martin entend la pluie qui frappe aux vitres de sa chambre, derrière les lourds rideaux qui le gardent de la lumière du jour.

Martin se traîne jusqu'à la cuisine.

"Bonjour, mon lapin. Comment vas-tu ce matin ?" demande joyeusement Maman.

"Je sais pas" répond Martin. "As-tu eu des nouvelles du clown ?" demande-t-il plein d'espoir.

"Oui, mon grand. Il a appelé, hier soir, tard, quand tu dormais. On a de la chance. Il a quitté le cirque Bardoni, car il a trouvé un nouveau contrat dans un nouveau cirque. Il va bientôt partir à l'étranger" explique Maman avec un grand sourire.

Martin ne comprend pas trop en quoi toute ces explications sont une bonne nouvelle : Il doit partir loin. Comment Martin va-t-il faire pour le voir ?


"Avant de partir, il doit venir, non loin de Boissy, pour saluer sa sœur, avant son voyage. Il passera nous voir avant de partir... demain !"

Maman est bien contente. Elle a bien gardé sa surprise. Martin lui saute au cou et la couvre de bisous qui chantent, qui claquent, qui prouttent... il en invente même des nouveaux, qui n'existaient pas encore.

"Allez, maintenant, monsieur, à table ! Bon petit déjeuner"

Maman doit partir tôt à son travaille. Elle a prit du retard avec la maladie de Martin. Marissa arrive, salue Maman et vient faire une grosse bise à Martin qui à de la confiture sur chaque joues.

"Humm... un Martin à la fraise..." se pourlèche Marissa, en faisant semblant de vouloir le manger.

La journée passe joyeusement. Marissa participe aux aventures du cirque de Martin. Martin mange bien à midi. Il se régale du goûter que lui prépare Maman à son retour de travail. Même les dessins animés de la télévision lui semblent à nouveau intéressants ! Maman semble joyeuse et légère : Son Martin va de mieux en mieux !

Comme c'est la fête, Martin demande même de pouvoir lire l'histoire du soir dans le lit de Maman... qui dit "oui !"

A la fin de l'histoire, Martin demande : "Je peux m'endormir dans ton lit ?" Une fois encore, Maman dit : "oui". C'est vraiment la grosse fête.

•••

Quand martin s'éveille, il est dans son lit. Il a bien dormi. Profondément. Il ressent moins de fatigue.

Il jette un œil vers son cirque. Tout est toujours bien en place. Tout va, donc, bien !

Martin entend que l'on frappe à la porte de la maison. "Ce doit être le docteur Liénard" pense Martin.

Il entend Maman qui ouvre. Elle s'entretien avec un monsieur dont Martin ne reconnais pas la voix. Martin n'a pourtant pas le courage de se lever. Il tend l'oreille, mais n'arrive pas à saisir de quoi parle Maman avec ce monsieur.

Après quelques minutes à tendre désespérément l'oreille, Martin se résout à se lever, quand il entend des pas qui viennent dans la direction de sa chambre. Maman et le monsieur s'approchent. Maman entre dans sa chambre, toute souriante.

"Mon chéri, j'ai une surprise pour toi !" dit Maman. Puis se tournant vers le monsieur qui était resté dans le couloir, elle lui dit : "Entrez, il vient de se réveiller.

Martin entend le monsieur qui franchit les derniers pas jusqu'à sa chambre. Son cœur bat à tout rompre. "C'est le clown... ce ne peut être que lui !" se dit Martin qui a tiré sa couette jusqu'à la hauteur des yeux pour mieux contenir sa joie.

Dans la chambre de Martin, un monsieur entre. Il a... au moins l'âge de Grand-Père ! Martin le regarde... étonné. Tout sourire a disparût de son visage. Le monsieur a les cheveux gris... des lunettes cerclées de fer qui encadrent des petits yeux brillants…

"Bonjour, mon garçon... alors comme ça, tu es malade... tu voulais me voir... tu n'as pas pu venir à la représentation du cirque quand il est passé dans le village ?"

Martin le regarde, ne comprenant pas ce que le monsieur lui raconte. Il reprend sa couette qu'il a laissé tomber de surprise et la tire... encore plus haut... il veut disparaître. Il ne veut plus voir ce vieux bonhomme. IL VEUT VOIR LE CLOWN !

"Pourquoi les grands ne comprennent jamais ce qu'on leur dit" se dit Martin. De grosses larmes coulent le long des joues de Martin. Il arrive juste à dire : "Je veux voir le clown..."

"Le clown ?" dit le monsieur qui ne s'est guère approché du lit voyant la réaction de Martin. "Le clown ? Mais ce n'est pas moi !" Sa voix a tout d'un coup changé. Il jette un clin d'œil à Martin, que Maman ne peut pas voir. Puis se tournant vers elle, le monsieur, extrêmement sérieux, dit : "Madame, vous vous êtes trompé de personne. Je ne suis pas un clown. Je suis une personne sérieuse ! On ne dérange pas les gens sérieux !" Martin ne sais plus s'il doit rire au pleurer. Maman non plus ne sais plus quoi penser de la situation.

Le monsieur continue à faire le monsieur très, très, mais alors vraiment très sérieux et dit : "Je ne suis pas un clown, mais, vous, à vouloir faire les clowns, vous aller entendre parler de moi, et très vite même... très, très vite."

En coup de vent, le monsieur quitte la chambre de Martin, entraînant Maman. Martin, resté dans son lit pleure... de joie... non de tristesse, il ne sait toujours pas. Ce qu'il sait, c'est que ce monsieur, bien qu'il ne soit pas clown... il le fait très bien... même sans grande chaussures, ni gros nez, ou encore, sans veste à gros carreaux !

Le temps que Martin repense à tout cela, Maman est revenu dans la chambre de Martin. Elle est toute retournée. Elle rigole et, elle aussi, pleure.

"Quelle aventure, mon Loulou... quelle aventure... Je me suis trompée de numéro de téléphone... C'est le nouveau directeur du clown que j'ai appelé... pas le clown. Heureusement, le directeur, qui est très gentil, a bien voulu appeler le clown... il arrive tout de suite..."

Martin tourne vers Maman un regard incrédule. "Comment ça, il arrive tout de suite ?"

Du fond de la maison, Martin entend à ce moment-là la porte qui s'ouvre. Il entend des couinement de quelqu'un qui marche avec de drôle de... chaussures... Ce quelqu'un trouve le moyen de se prendre les pieds dans le tapis du petit couloir... Martin, ça fait des années, que lui ne s'emmêle plus les pinceaux comme ça ! Encore quelques pas... et un énorme éternuement résonne dans le couloir, à la porte de la chambre de Martin.

Martin se penche pour voir qui cela peut-il bien être. Maman le retient afin qu'il ne tombe pas de son lit. Martin ne peut voir qu'un immense mouchoir rouge à points blancs qui se déploie comme une voile au vent. Et, tout d'un coup, telle une corne de brume, un bruit assourdissant envahit la chambre de Martin.

Et derrière ce mouchoir démesuré qui fait tant de bruit, apparait... Martin n'en croit pas ses yeux... le clown !

"Bonjour Martin ! Alors, comme ça, tu voulais me voir ! Je me souviens de toi, Martin. Tu étais accroché à la barrière du cirque. Toute la matinée... Je t'avais bien vu. Et quand la voiture de la poste est arrivée sur la place. Hop ! Tu es parti ! C'était le signe secret avec ta maman, n'est-ce pas ?

Tout à sa joie, Martin ne peut que hocher de la tête.

Le clown, qui s'appelait Augustin, Tintin, pour les intimes, est resté avec Martin et Maman une bonne partie de la matinée. Puis, il leur a dit au revoir, car il devait prendre un avion. Il a promis d'écrire à Martin, à la condition que Martin fasse moins de fautes d'orthographes que lui, le clown Tintin.

Martin a dit "D'accord !".

Il s'est levé, a joué, a couru... il a de mieux en mieux mangé. Et la maladie s'en est allée comme un mauvais souvenir parce que Martin avait un ami, unique, qu'il reverrai bientôt : le clown !

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