Massacre à Saint Barthélemy

Jean Claude Blanc

autre façon de mourir en implorant les cieux; s'arrête pas le progrès, voilà que la nature s'en mêle...

                    Massacre à Saint Barthélemy

En guise de guerres de religions

Cette fois-ci dans le même enfer

Les catholiques, les protestants

Tous possédés par le démon

Autre malheur, autre commentaires

De ces îles lointaines, survivants

Les dieux sont tombés sur la tête

Déclenchant éclairs et tempêtes

 

Que de suffisance, nains que nous sommes

On ne gouverne pas le temps

Etant soumis selon les normes

Aux raz de marée, aux vents violents

Mais qui dépassent parfois les bornes

Massacre à Saint Barthélemy

Un coup de chien du ciel maudit

Qui nous ramène au passé

L'Apocalypse, l'Arche de Noé

Pas mieux lotie, île Saint Martin

Peuplée de pauvres crève la faim

 

Progressent la science, les découvertes

En l'occurrence, en pure perte

Quand le déluge s'abat sur nous

Ce n'est qu'aux saints, que l'on se voue

Tous dans la mouise, pas de jaloux

Qu'ignorent caprices de la nature

Elle qui s'impose, quand ça lui plait

Bien fait pour nous, on l'a cherchée

En y fourrant nos pourritures

Juste vengeance, nous torture

 

Bien consternant ce cataclysme

Tant notre espèce est amnésique

Ubuesques agences de tourisme

Nous vendent ces sites féériques

 

Simples d'esprit on est surpris

Sitôt qu'en trombe, tombe la pluie

Frileux voyage sous les tropiques

On en paie le prix, randos tragiques

Comme sont rares les cyclones

On n'y prête même plus attention

Même si nous sonnent les autochtones

Que la Terre est en ébullition

On s'exonère de leurs sermons

Les animaux d'instincts doués

Sentent venir les tornades

En leur terrier, se carapatent

Tandis que nous, pas très futés

On s'extasie de tant de beauté

 

Ilots bordés de riches coraux

Où il fait bon se prélasser

Subitement l'eau coule à flots

Sûrement le diable courroucé

 

Réalité dure à admettre

De la météo, n'étant pas maitres

Que prévisions au pif au mètre

Malgré baromètre, thermomètre

 

La Grande Bleue si pacifique

S'invite de suite au-delà des plages

Faisant sa propre république

Logiquement cause des ravages

 

Après les pleurs, les gémissements

Et les hommages du Président

A qui la faute ces ouragans

Le climatique réchauffement

En vérité, sales négligents

Qui balançons nos excréments

Planète poubelle, par conséquent

 

Pour ces dégâts, on persévère

Etant à l'ère du nucléaire

On se suicide pour pas cher

Les marchands d'armes font leurs affaires

Et les croque morts crient pas misère

 

Plates excuses car on a honte

De prendre pour vrai, ce qu'on raconte

Pas de danger, à moindre frais

Pour se chauffer et s'éclairer

Y'a rien de mieux que la pechblende

Et puis faut bien suivre le progrès

Pour faire pousser les chrysanthèmes …

 

Là-bas sur l'île, y'a plus personne

Mais pas mystère et boule de gomme

Car on y est pour quelque chose

Si l'univers se métamorphose

Rustiques baraques sur pilotis

Depuis des lustres brodent l'océan

C'est plus vraiment le Paradis

Après le typhon, vaste néant

Alors pour pas désespérer

De ces cruelles calamités

On s'en remet un peu gonflés

A cette putain de fatalité

Pas compliquer, se dédouaner

Obligés de vivre sur tas de fumier

 

Ces oasis ensoleillés

Où cohabitent toutes les races

Vont s'éveiller, de ce désastre

Abasourdies, catastrophées

Plus qu'à reconstruire leurs abris

Comme d'ingénieuses, petites fourmis

 

C'est fou ce qu'on est étourdis

Ce qu'on a bâti comme des génies

On s'évertue à le détruire

Pour qu'on en rêve à l'avenir

Réflexe maso, fier de souffrir

 

Comme tout le monde, face à ce carnage

J'y vais de mes vibrants hommages

Car il faut bien tourner la page

Pour ne plus voir ces images

Que l'on nous montre et qu'on partage

 

Plus de médias en ce désert

Vont retourner aux faits divers

Pourtant je reste solidaire

A ceux qui rament dans la galère

Qu'ont tout perdu, jusqu'à leur mer

Pour un coup de vent féroce, sévère

Champ de bataille après la guerre

Que de ce sinistre on s'en souvienne

De ces nuages qui se déchainent

Atmosphérique phénomène

Exterminant l'espèce humaine

Bien qu'assurés sur les débris

Mais inutile sur la vie

Plus d'âmes qui vivent, envolées

Pactole personne pour l'encaisser

Sombre scoumoune pour ces bronzés

Pas près danser le Tamouré      JC Blanc sept 2017 (pour nos frères d'outre-mer)

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