Maths...

shadowsofbetterdays

Elle haïssait les maths. Presque autant qu'elle se haïssait elle-même. Qu'est-ce qu'ils en savaient, les autres? Qu'est-ce qu'ils en savaient? Ils voyaient qu'elle avait de bonnes notes et que le prof la lorgnait parfois d'un oeil angoissé. Elle bossait comme un âne pour ramener un bon résultat... Faire en sorte que sa mère soit fière d'elle. Elle s'épuisait, se défoulait dans ce domaine là. Avant, pour se défouler, elle écrivait... Des pages, des cahiers, des livres... Des romans, des nouvelles, des polars, des poèmes... Beaucoup de poèmes... Et de chansons... Elle n'écrivait plus rien. Elle n'avait plus de rêves à mettre sur papier. Ses mots manquaient. Elle n'avait plus la force ni l'envie d'écrire... Les mots sortaient ternes. Avant, elle aimait les textes qu'elle écrivait. Elle les trouvait vrais. Beaux. Réèls. Aujourd'hui, elle les detestait. Elle n'était pas satisfaite. Pas assez. Pas assez bien. Une voix intérieure lui criait sans cesse qu'elle avait l'habitude d'écrire mieux. Beaucoup mieux. Elle savait que ce n'était pas entièrement faux. Mais elle était fatiguée des mots. Ils l'ennuyaient. Le bruit que leur prononciation faisait à son oreille, la dérangeait. Elle aurait aimé inventé quelque chose de nouveau. Quelque chose d'autre. Un autre alphabet...  Elle avait trouvé un alphabet de chiffres et de lettres... Quatre iks, deuz igrec, iks ocarré et trois ocube. Un autre alphabet. Detestable. Detesté. Comme elle. Elle ne pouvait pas retourner en arrière. Plus maintenant. Elle devait avancer. Elle n'avait pas le choix. Elle, l'écrivaine, la George Sand de son lycée... Elle, l'auteur, réputée pour son Français... Elle, la journaliste, la diplômate, l'auteur, la poètesse, la compositrice-interprète de toutes sortes de chansons... Elle! Elle! Qui dévorait les livres et puis les vomissait... Elle, la littéraire, l'intellectuelle, la lectrice, l'auteur... Faire une série scientifique! 

Impensable! Elle gâchait sa vie... Pour essayer en vain de rendre sa mère fière... Elle gâchait sa vie! Elle avait toujours haï les maths. 

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