MATINALE

Nathalie Bessonnet

..Elle se laisse tomber sur le sofa, façon équerre. Bottée jusqu’à la cuisse, le bas top, un peu toque, mais rien de factice à l’entre jambe, un joli minou roux et soyeux, des lèvres rebondies...

Elle va entrer. Je veux être debout, prêt. Jeune. Quatre heures, trois jours que j'attends. La vacance nécessaire pour la reconstitution et un peu de gymnastique pour faire gaillard. Jamais en retard. Je suis baigné. Rasé. Bronzé à la crème. Je sens bon. Les dents bien mises. Les cheveux blancs en catogan, un peu artiste. La chemise blanche, le gilet en soie, la cravate, et le beau pantalon. Ciré les chaussures. Brave astiqueuse, la bonne, tous les jours, tout est rangé propre, Versailles.

Tout parle de moi dans l'appartement. Dans les carreaux la silhouette encore bien, élancée. Non, pas de miroir sur la fausse cheminée... rusé ; un tableau du jeune prince, des tableaux partout du vainqueur. Aujourd'hui, Roi pieux dans le fauteuil, le pavé de cinq cents pages entre les mains. Roi agité en dedans, le bruit y court que j'attends. Des cliquetis dans la serrure. Vite les télécommandes, baisser l'abat jour. « Oh ! Te voilà ma reine. Comme toujours je ne dormais pas, tout entier à ma lecture, tu vois ? ». Et de lui montrer mon livre, qu'elle ne regarde pas. « Y a du café ? »

Elle se laisse tomber sur le sofa, façon équerre.

Bottée jusqu'à la cuisse, le bas top, un peu toque, mais rien

de factice à l'entre jambe, un joli minou roux et soyeux, des lèvres rebondies comme deux joues.

J'apporte du café. Du sucre un peu de lait. Et puis, un paquet de cigarettes ; celles qu'elle aime. « Et voilà, chaud, frais comme toi mon cœur. Je sais mon ange, il fait froid dehors, c'est dur !

 ». « T'es propre ? ». Les mots du départ, ma peau les entend, elle se tend, mes poils se hérissent. « Oh bien sur ! Oui ma Reine ! Tout de fond en comble comme d'habitude ! ». J'ai 71 ans cette année. Elle est si jeune, si belle ! J'ai tant de chance !  Un an bientôt. Un an qu'elle vient enchanter mes aurores.  Je laisse glisser mon pantalon et mon caleçon sur mes chaussures, cirées comme moi. Elle prend mon appareil, soupèse, ausculte, dessus dessous, me fait mal ; quelques poils se prennent dans ses breloques en plaqué or.  Mon sexe péniblement veut se lever... Je ne prends plus ces pilules pour la tension, je remplace par le régime ; je ne mange pas salé, pas gras. Une heure de marche par jour. J'ai les pieds gelés. L'érection est laborieuse quand même. Elle me caresse, me claque les fesses, j'adore ! Ma queue tressaute. Elle passe son bras entre mes jambes tâte de la main, pour vérifier. « Encore ! »

Elle recommence. s'agenouille, enfile mon sexe dans sa bouche. Sa tête folle entre mes jambes, c'est bon, je vais partir, je me cramponne à sa tignasse, ça marche ; j'éjacule en criant de mal et de bonheur. Elle va cracher dans l'évier. Je ne dois pas trop en demander, pourtant savoir qu'elle aurait mon goût dans sa bouche toute la journée, ça m'excite.

« Et ben tu vois ça fonctionne encore ! »

« Oh c'est parce que c'est toi ma Reine ! ».

« Tiens cadeau ! »

Elle me lance sa culotte. Renfile ses bas. Je remonte lentement mon caleçon, mon pantalon, le gland me fait mal. Je ramasse son string rouge, je le mettrai tout à l'heure ; être dans sa culotte ça prolonge un peu mon plaisir.

« Bon j'y vais, sois sage en attendant hein ?»

« Va ma Reine, prends soin de toi ! A dans trois jours ma cavalière»

J'ai la tête qui tourne. Je m'allonge. Vivement jeudi. En attendant je porte le petit bout de tissus rouge à mes narines. Hum. Sent bon…Les marées de jeunesse et le petit poil soyeux.

J'en trouve un, je le mets avec les autres.

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