Mauvais Casting !

Alec Drama

Un couple de comédiens, Julie et Thierry, ont rendez-vous pour un casting de la dernière chance mais ils se trompent d'adresse et débarquent dans une séance de thérapie collective.

Comédie en 2 actes. Durée: +/- 1h30.

Distribution initiale pour 16 personnages mais il est possible de jouer cette pièce avec un minimum de 7 comédiens et un maximum de 20.

(Pièce énormément modulable avec un minimum de 2 femmes ou 2 hommes dans la troupe.)

Lieux:

- La rue (dans le public).
- La salle de psychothérapie de groupe.

Intrigue:

       Croyant qu'ils seront sélectionnés sur des improvisations théâtrales ayant pour thème les troubles psychologiques,Julie et Thierry donneront le change aux vrais malades du groupe et prôneront sans le vouloir la guérison par le rire !
Les points forts:

- Une pièce originale et trépidante.
- Un jeu de théâtre dans le théâtre.
- Une forte connivence avec le public: adresses directes et indirectes.
- Une catharsis renforcée par un thème exutoire.

Difficultés éventuelles:

- Un gros jeu d'acteur pour cerner et donner à voir les différentes pathologies !

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Acte I- Scène 1.

Thierry puis Julie.

La pièce commence rideau fermé ; on entend les 12 coups du brigadier puis Thierry qui arrive dans la salle et s'arrête en bas de scène devant le public pour répondre au téléphone.

 

Entrée de Thierry.

 

-Thierry : Allo... oui, oui je suis en bas de l'immeuble. Non, Henriette, Julie n'est pas encore là ! C'est évident, tu la connais : jamais à l'heure. Non, on ne va pas foirer le coup ! Je sais, tu tiens trop à ta commission… non, je rigole, tu sais bien que tu es mon agent préféré… oui, inutile de me rappeler que je suis dans le rouge, tu n'es pas ma banquière, tout de même ; tu connais la précarité des « gens du spectacle » Avec les doigts il fait signe qu'il utilise les guillemets. Ok, on t'appelle dès que c'est fini pour te dire comment ça s'est passé. Ouais. Bises.

 

Entrée de Julie.

 

Julie arrive enfin sans se presser. Elle fait mine de faire un peu de lèche-vitrine en regardant les spectateurs.

 

-Thierry : Te voilà enfin, ma beauté. Tu es parfaitement… en retard comme d'habitude.

-Julie : Salut, mon Chou ; une femme doit toujours se faire désirer !

-Thierry : Oui, enfin, je viens d'avoir Henriette et elle nous prie de décrocher le rôle si on ne veut pas finir SDF !

-Julie : Faut toujours qu'elle dramatise !

-Thierry : Je te rappelle tout de même que la dernière fois qu'on a décroché un rôle, c'était il y a presque 6 mois, si ça continue, on va sucer les cailloux pour tout repas !

-Julie : Bon assez parlé ; c'est où ?

-Thierry : Comment ça, c'est où ? C'est à toi qu'elle a donné l'adresse complète ! Tu m'as dit de te retrouver ici, devant le parc.

-Julie : Ah ? Attends…je suis kinesthésique visuelle.

-Thierry : Mais je rêve là !

-Julie : Du calme, si tu me mets la pression, je ne peux pas visualiser la scène. Alors…je prenais mon petit-déjeuner… non, j'étais dans mon bain et je me faisais les ongles… y avait un bon parfum de vanille…

-Thierry : Allez, magne-toi !

-Julie : Le téléphone a sonné, c'était Henriette…

-Thierry : Oui, ça je m'en doute !

-Julie : Non mais arrête, t'es lourd, je fais un gros effort là ; c'est que juste avant ta mère avait appelé et je fais des ellipses pour gagner du temps. Donc Henriette a téléphoné pour me donner l'adresse et comme je n'avais rien pour l'écrire… j'ai pris une feuille de papier toilette et mon rouge à lèvres…

-Thierry : Viens en au fait, merde !

-Julie : Je me revois écrire 9 avenue des Marginaux.

-Thierry : T'en es sûre ?

-Julie : Si je te le dis !

-Thierry : Excuse-moi de douter de ton raisonnement !

-Julie : Si tu ne me fais pas confiance… tu n'as qu'à l'appeler toi-même et lui demander.

-Thierry : Ouais… pour qu'elle croit qu'on n'est pas sérieux…

-Julie : Ben, en même temps, faut dire qu'on n'est pas franchement sérieux.

-Thierry : Ouais. Bref ! J'en ai marre des nouilles, midi et soir. Allons-y !

-Julie : Je te suis, mon Chou.

Acte I- Scène 2.

Le psychothérapeute et l'assistante.

           

 

-Dr Félicité : Toujours aussi précise, Amanda. Mais vous n'avez pas peur de détourner nos malades de leurs soucis avec une tenue pareille ?

-Amanda : Je suis maintenant persuadée, avec la pratique, que vos malades le seraient beaucoup moins s'ils pensaient un peu plus à l'amour !

-Dr Félicité, ayant un peu chaud: Il est évident que la plupart d'entre eux sont trop focalisés sur leurs différents maux…

-Amanda, desserrant la cravate du psy. : C'est pour cela que je prône d'autres mots comme : caresse, baiser, peau, toucher…

Plus elle énonce les mots et plus elle lui susurre à l'oreille.

-Dr Félicité, tout excité : Ouh, ouh, la la ! Que de mots effectivement qui mettent les sens en éveil et vous détournent des autres maux ! Vous m'avez bien amené tous les dossiers personnels ?

-Amanda : Bien sûr, tout est là.

-Dr Félicité, la regardant au-dessus de ses lunettes, au niveau des seins : Oui, tout est là ! Tout est bien là ! Puis se ressaisissant, et surtout pendant la séance, vérifiez bien que nous enregistrons tout à la caméra, cela me permettra de refaire le point sur les différentes pathologies.

-Amanda : Ne vous inquiétez pas, j'ai l'habitude des caméras. Au visionnage, mes films sont toujours ex…

-Dr Félicité : …citants…

-Amanda : Excellents.

-Dr Félicité : Oh oui, pardon, c'était un lapsus.

-Amanda, aguichante : Un lapsus ?

-Dr Félicité : Oui, une erreur de mots.

-Amanda : Oui, on en revient toujours aux mots et à la langue…

-Dr Félicité, émoustillé : On a prévu de l'eau ? Parce qu'il fait vraiment très chaud ici et …

-Amanda : Tout est là !

-Dr Félicité, lui regardant toujours les seins : Oh oui, c'est sûr, tout est là, tout est bien là !

Acte I- Scène 3.

Le psychothérapeute et l'assistante puis les patients sauf Brigitte.

 

Entrée de Marc et Angèle.

 

-Marc : Bonjour, nous sommes un peu en avance.

-Angèle : Bonjour, docteur Félicité, Amanda.

-Dr Félicité : Bonjour, vous arrivez à sein nommé. Euh, je veux dire : à point nommé !

-Amanda : Encore un lapsus.

-Dr Félicité : Oui, un petit souci de langue.

 

 Arrivée d'Hernestine, Michaëla et André.

 

-Hernestine : Bonjour, docteur.

-Dr Félicité : C'est parfait. Vous arrivez tous. Installez-vous. Nous allons pouvoir commencer à l'heure.

 

 Arrivée d'Yvan, Sylvie, suivis de près par Guilaine, Justine et Emma.

 

-Dr Félicité : Entrez, entrez. Installez-vous ! Tout le monde semble être là.

-Amanda : Il nous manque juste une patiente : Brigitte.

-Dr Félicité : Ah oui ; nous commencerons sans elle, elle est toujours en retard. Alors, c'est notre troisième séance de groupe. Vous serez encore filmés aujourd'hui pour me permettre de comparer les vidéos et analyser votre évolution. Et je dois dire que les progrès faits en groupe sont bien plus nets que ceux réalisés en thérapie individuelle. N'est-ce pas, Marc ? Nous étions un peu sur un statut quo au bout de trente-quatre séances individuelles et en deux séances collectives, il me semble que vos troubles se sont considérablement réduits.

-Marc : Je ne m'en rends pas encore trop compte.

-Dr Félicité : C'est tout à fait normal. Le patient est toujours le dernier à observer les progrès réalisés. Et puis il faut du temps pour s'accepter.

-Marc : Sans doute. Ça fait tellement longtemps que je vis avec ce handicap que je ne me suis pas vu me dégrader et je n'avais pas conscience de mon état réel. Mais ma famille voit beaucoup de changement.

-Dr Félicité : Parfait ! Sur ces bonnes paroles, nous allons commencer notre thérapie comme d'habitude par la présentation individuelle. Poser des mots, c'est déjà s'accepter !

-Amanda : Oui, les mots c'est essentiel !

-Dr Félicité, troublé : Donner un nom à son mal ou son mal-être est la clé de la guérison.

 

 

 

 

 

 

Acte I- Scène 4.

Le psychothérapeute, l'assistante, les patients et les deux comédiens, puis Brigitte.

 Entrée de Thierry et Julie.

 

-Thierry : Bonjour ; excusez-nous d'être en retard. On avait peur de s'être trompés d'adresse.

-Julie : Bonjour.

-Dr Félicité : Bonjour, on attendait surtout Brigitte mais bon…

-Thierry : On s'est rajouté au dernier moment ; c'est Henriette qui nous a un peu forcé la main.

-Dr Félicité : Ah bon ; alors si c'est Henriette qui vous envoie, je m'incline. Je la connais depuis très longtemps, nous avons fait nos études ensemble.

-Amanda : Je les ajoute à la liste ?

-Dr Félicité : Oui, bien sûr ! Je dois bien cela à Henriette et plus on est de fous, plus on rit ! Enfin, c'est façon de parler. Asseyez-vous.

 

 Entrée de Brigitte.

 

-Brigitte : Bonjour tout le monde. Je suis désolée, j'étais encore prise dans les embouteillages et impossible de me garer et…

-Dr Félicité : Oui, bien sûr. Et vous êtes partie à moins cinq comme d'habitude…

-Brigitte : C'est vrai que je ne viens pas ici de bon cœur…

-Julie : Ah ? Vous êtes déjà venue ?

-Brigitte : Hélas ! Mais il trouve que nos progrès ne sont pas assez notoires.

-Julie : Ah oui ? Eh bien, vous avez du courage ! Au bout d'un moment, on se demande ce qu'ils attendent de nous et s'il est encore possible de progresser. Mais heureusement, on est tous perfectibles et de temps en temps, ça le fait !

-Dr Félicité : Alors, juste avant votre arrivée, je proposais un tour de table comme on dit. A vous Brigitte.

-Brigitte : Je passe mon tour. Je ne suis pas prête.

-Dr Félicité : A chaque fois, c'est pareil, Brigitte. Cela prouve que vous avez encore du mal à vous lancer. Bon alors à vous, Marc.

-Marc : Bonjour, je m'appelle Marc. J'en suis à la 22ème et je trouve que je suis plus à l'aise.

-Dr Félicité : Amanda vous sert un café, un thé ?

-Marc : Je veux bien un café avec du sucre, s'il vous plaît.

-Amanda : Tenez. Je vous laisse vous servir en sucre.

-Marc, prenant 5 sucres : Merci.

-Dr Félicité : Toujours 5 sucres alors ?

-Marc : J'en ai pris 5, vous êtes sûr ?

-Dr Félicité : Oui, Marc. 5 sucres, ce n'est pas trop sucré ?

-Marc : Si, je n'aime pas boire mon café comme cela.

 

Il se met à réorganiser les tasses qui sont disposées sur la table devant lui et les cuillères par 5. Mais il se trouve embêté car il n'y a que 4 tasses pour l'instant. Le jeu durera durant tout le tour de parole avec les nouvelles tasses des patients.

 

-Dr Félicité, prenant des notes face à cette observation : Angèle, à vous.

-Angèle, décontenancée par Thierry qui rit en douce : Bonjour, je m'appelle Angèle et …et…

-Dr Félicité : Que se passe-t-il, Angèle ?

-Angèle, regardant Thierry avec haine : …et…et…c'est qui celui-là ? Pourquoi il rit ?

-Thierry : Bonjour, moi c'est Thierry.

-Dr Félicité : Effectivement, Thierry, pouvez-vous nous expliquer pourquoi vous riez ?

-Thierry : Oh, excusez-moi. Je rie de la situation. On se croirait chez les alcooliques anonymes.

-Yvan : Et c'est censé être drôle ? Il sort d'où celui-là ? Tu te fous de ma gueule en live et je dois rien dire, tu t'attends à quoi ?

-Dr Félicité : Du calme, Yvan. Je pense que Thierry ne connaît pas votre problème et il évacue son propre trouble comme il peut.

-Thierry : Non, vraiment excusez-moi, j'ai un peu de mal à cerner ce que vous nous demandez.

-Dr Félicité : Il va falloir jouer le jeu, Thierry. Si Henriette vous envoie à moi, c'est qu'elle a confiance.

-Thierry : Oui, bien sûr. Je vais essayer de jouer le jeu. Je vous prie de continuer et je vais bien finir par capter la scène qui est jouée et rebondir.

-Dr Félicité : Soit ; alors nous en étions à Angèle.

-Angèle, radoucie et observant Thierry : Il est plutôt mignon…Cette nuit, j'ai encore rêvé que je me faisais mon patron.

-Dr Félicité : Donc pas vraiment de progrès depuis la dernière fois. A vous Hernestine.

-Hernestine, faisant le chat, se tortille sur sa chaise, saute par terre, fait le tour et vient se frotter aux jambes du psy puis se met en boule, fait sa toilette et s'endort : Miaou !

-Dr Félicité, notant toujours ses observations :Michaëla, s'il vous plaît.

-Michaëla : Hier, j'ai…

-Dr Félicité : Les présentations, s'il vous plaît.

-Michaëla : Bonjour, je m'appelle Michaëla et hier j'ai été voir une copine pour son anniversaire et je lui ai dit que je voulais une toute petite part de gâteau parce que je faisais attention à ma ligne mais j'ai proposé de débarrasser et quand j'étais en cuisine toute seule, j'ai englouti la Forêt Noire et le Baba au rhum.

-Thierry, faisant sursauter tout le monde par sa vivacité : Ah, ça y est, j'y suis ! On est dans une scène de confession ! Encore un tour et je serai prêt à jouer le jeu ! Je vais vous faire un truc… du délire.

-Dr Félicité : Thierry, s'il vous plaît, un peu de respect ! Si vous nous faîtes un délire, ce sera votre droit et nous vous respecterons et vous aiderons. Si vous voulez vous « confesser » comme vous dites, nous vous écouterons attentivement. Mais chacun son tour !

-Julie : Thierry, je pense que c'est plutôt une impro psycho ! Pas une confession. J'ai raison, monsieur ?

-Dr Félicité : Appelez-moi docteur, s'il vous plaît. C'est de ma faute, je n'ai pas fait les présentations tout à l'heure. Je suis donc le docteur Félicité et nous sommes effectivement en séance de thérapie de groupe.

-Julie, excitée : Je le savais !

-Thierry : Docteur Félicité ; bravo, c'est bien trouvé comme nom ! Okay, alors Julie et moi, on se prépare. On a déjà participé une fois et on s'était bien marrés contre l'équipe adverse.

-Dr Félicité : Ici, il n'y a pas d'adversaires. Vous êtes votre propre ennemi en quelque sorte. André, on vous écoute.

-André : Bonjour, je m'appelle André. Je vais très bien, je n'ai eu aucun souci ce week-end. Je suis allé à Singapour pour une convention. Il y avait beaucoup d'hommes d'affaires et j'ai même croisé Lisa Minnelli. On a pris un verre ensemble juste avant qu'Elvis vienne nous rejoindre. C'est un type simple et très sympathique.

-Dr Félicité : André, vous êtes mécanicien. La semaine dernière, vous étiez un texan dans un ranch. Ça ne vous dérange pas qu'Elvis soit mort ?

-André : C'est ce que tout le monde croit mais il en avait marre d'être sur le devant de la scène avec les médias, le public. C'est pas comme moi, j'aime ma notoriété.

-Dr Félicité, dubitatif : D'accord, André. A Yvan.

-Yvan : Bonjour, je m'appelle Yvan. Je n'ai aucun souci et je ne devrais pas être là.

-Dr Félicité : En êtes-vous bien sûr, Yvan ?

-Amanda : Je vous sers un café ?

-Yvan : Oui, s'il vous plaît.  Il commence à le boire et recrache tout. Ah, ça n'a aucun goût. Vous n'avez pas un petit quelque chose à mettre dedans pour l'allonger un peu ?

-Amanda : Une larme de lait?

-Yvan, courroucé : Poufiasse ! Tu te fous de moi ? Mets-moi ce que t'as : Gnôle, whisky, alcool à brûler, acétone…

-Dr Félicité : Vous ne trouvez pas qu'il est un peu tôt ?

-Yvan : Pardonnez-moi ; je suis un peu à cran en ce moment, c'est le travail. Juste le travail…

-Dr Félicité : Juste le travail ? Rien d'autre ?

-Yvan : J'ai un travail très stressant.

-Dr Félicité : Bon. A votre tour Sylvie.

-Sylvie : Bonjour, je m'appelle Sylvie. Je ne sais pas très bien ce que l'on me reproche.

-Yvan : Tout comme moi. On ne devrait pas être ici.

-Sylvie, s'emportant : Ne m'interrompe pas !

-Yvan : Pardon.

-Sylvie, enragée et lui sautant à la gorge : Ne m'interrompe pas, j'ai dit ! Il se croit plus malin, l'alcoolo mondain ? T'es un ivrogne, les gens comme toi ne méritent pas d'être sur Terre. Ton pire souci, ici, c'est moi.

-Dr Félicité, les séparant avec l'aide d'Amanda : Du calme, voilà.

-Thierry : Trop bien joué, la folle furieuse. Chapeau bas, madame !

-Sylvie : Qu'est-ce qu'il a ce con ? Il croit pouvoir faire le malin lui aussi. Attends de passer, qu'on voit ce que tu vaux !

-Thierry : Ouais, Chapeau, t'es bonne !

-Sylvie : J'suis bonne ? J'suis bonne ? Mais il est fou, lui. Il veut mourir. Obsédé sexuel ! Vicelard !…

-Thierry : Je me tais sinon je sens que ça peut durer longtemps.

-Dr Félicité : Effectivement Sylvie, vous n'avez aucun souci. A se demander pourquoi vous êtes là ! Il faudra qu'on visionne la vidéo tous les deux en séance individuelle, je pense.

-Julie, à Thierry : La vache, c'est une pointure la nana ! C'est mort pour moi. Ils vont la prendre. Surtout s'il lui offre de revoir sa prestation en séance individuelle !

-Amanda : Ne vous inquiétez pas. Il vous fera peut-être la même proposition, cela dépend de ce que vous allez nous montrer aujourd'hui.

-Julie : Ben là, dans l'immédiat, j'ai un peu de mal à trouver mon personnage…

-Amanda : Nous avons l'habitude de cela aussi.

-Julie : J'imagine bien mais je ne voudrais pas décevoir.

-Amanda : Soyez vous-même, c'est tout.

-Dr Félicité : Guylaine, on vous écoute.

-Guylaine : Bonjour, je m'appelle Guilaine et je sens que je vais beaucoup mieux. Cette semaine, je suis sortie deux fois avec mes enfants et ça s'est bien passé.

-Dr Félicité : C'est bien Guilaine ; on est fiers de vous. Vous semblez effectivement sereine et joyeuse.

-Guylaine : Je deviens une autre femme, docteur.

-Amanda : C'est bien effectivement. Je vous sers un thé avec un petit gâteau ?

-Guylaine : Merci, c'est gentil.

-Amanda : Par contre, faîtes attention, des miettes sont tombées et un petit oiseau les becquette.

-Guylaine, montée sur sa chaise, hurle : Non, pas d'oiseau ! Au secours, à l'aide. Faîtes venir la SPA, les pompiers, un exterminateur !

-Dr Félicité, l'aidant à se calmer : C'est bon, il s'est envolé le vilain petit oiseau. Il ne vous fera pas de mal. Calmez-vous ! Voilà, calmez-vous. A vous, Justine.

-Justine : Bonjour, je m'appelle Justine et je trouve que je me contrôle mieux. Je vais pouvoir reprendre le travail.

-Amanda : Je peux vous demander de servir ceux que je n'ai pas encore servis, Justine, s'il vous plaît ?

-Justine : Bien sûr ; ça va me remettre un peu dans le bain. Enfin, façon de parler !

 

Elle sert chacun et devient de plus en plus stressée. Elle montre un excès de sudation aux mains rendant les anses des tasses moites aux autres et les gâteaux tout mous. (C'est aux autres comédiens de montrer leur dégoût face à cette hypersudation. Les gâteaux pourront être détrempés au préalable) Elle s'essuie le front, les aisselles et les mains avec les serviettes qu'elle leur tend.

Désolée, oh, je suis désolée. Tenez, oh zut.

-Dr Félicité : Ça vous remet bien dans le bain, comme vous disiez. Un peu trop peut-être. Asseyez-vous et essuyez-vous surtout. Emma, on vous écoute.

-Emma : Mauvais jour ; je m'appelais Emma et je n'allais pas bien.

-Dr Félicité : Vous n'arrivez toujours pas à envisager le présent, c'est pour cela que vous parlez au passé ?

-Emma : Je ne savais pas bien ce qui n'allait pas, mais ça n'allait pas. Je voulais en finir !

-Amanda : Oui, mais ce n'était pas concluant.

-Julie : Oh bonne réplique ! C'est clair, sinon tu ne serais pas là.

-Emma : Tout était contre moi ; je pensais que cela venait de mon vieil appartement, qu'il n'était plus solide…après le lustre, c'était le tour du pommeau de douche, de la poignée alors j'étais allée dans un bois, éloigné de tout, et la branche non plus n'était pas assez solide !

-Thierry, mort de rire : Excellent ; je vois la scène. En match impro, on pourrait t'aider !

-Julie : C'est clair, tu fais trop pitié à ne pas pouvoir te tuer !

-Thierry : Je vois d'ici l'épitaphe sur ta tombe : « Quand on veut, on peut ! »

-Dr Félicité : C'est bien de tout prendre au second degré mais ça n'est pas sans cacher quelque chose !

-Amanda : Et il vaut mieux se mettre à nu !

-Dr Félicité, décontenancé : Brigitte… euh… vous êtes prête ?

-Brigitte : Oui. Donc je m'appelle Brigitte et je pense… non, j'affirme que je suis guérie !

 

Tous applaudissent sauf Le Docteur, Amanda, Thierry et Julie.

 

-Dr Félicité : J'en serais enchanté vraiment mais c'est à moi d'en juger, Brigitte.

-Brigitte : Mais puisque je vous dis que je vais bien, comment voulez-vous que je vous la joue ?

-Thierry : C'est vrai qu'elle a l'air bien et toute guillerette. On ne peut pas mieux faire.

-Amanda, tenant un plateau de gâteaux : Désirez-vous un petit gâteau ?

-Tous : -Oui.

-Ce n'est pas de refus.

            -Volontiers.

Ils se servent puis Amanda, parvenue à la hauteur de Brigitte laisse échapper un gâteau à ses pieds.

-Amanda : Oh, excusez-moi, Brigitte, quelle maladroite, je fais !

-Brigitte, se baissant pour le ramasser : Oh, ce n'est rien.

-Amanda, tenant désormais le plateau au-dessus de la tête de Brigitte : Si, je suis confuse…

-Brigitte, se redressant et se cognant la tête dans le plateau : Non, vous dis-je…Aïe… Ouille, Aïe, ouille ouille ouille ! Mais c'est pas vrai, quelle horreur ! Je les ai encore perdus ? Il faut m'aider… aidez-moi à les retrouver.

 

Elle se met à quatre pattes et regarde partout.

 

-Julie : Vous cherchez vos lentilles de contact ?

-Thierry : Attendez, je vais vous aider à les retrouver.

-Amanda : Inutile.

-Julie : Ah bien si, ça m'est déjà arrivé et ça a été très dur de les retrouver ! C'est comme…comme demander à une taupe de retrouver une aiguille dans une botte de paille !

-Thierry : Et pourquoi une taupe aurait besoin d'une aiguille ? Pour repriser ses chaussettes et celles de ses petits ?

-Julie : Non, mais je me comprends !

-Dr Félicité : Je comprends votre surprise mais Brigitte n'a pas perdu ses lentilles. N'est-ce pas Brigitte ?

-Brigitte, cherchant et soulevant les pieds des patients : Il faut que je les retrouve, c'est vital !

-Dr Félicité : Brigitte est une femme intelligente et cultivée, mais elle a très peur de perdre ses facultés intellectuelles et chaque fois qu'elle se cogne la tête, elle s'obstine à vouloir retrouver les neurones qu'elle a perdus dans le choc !

-Thierry : Oh oui ! Trop bon ! Fallait comprendre son jeu quand même !

-Julie : C'est délirant ! Mais c'est vrai qu'après 25 ans, j'ai entendu des spécialistes dire que nos neurones ne se régénéraient plus !

-Brigitte : Ah, voilà quelqu'un qui me comprend !

-Julie : Oui, mais on en a des millions !

-Brigitte : Je le sais bien mais sait-on précisément de combien de millions notre cerveau a besoin au minimum pour bien fonctionner ?

-Thierry : En même temps, là, elle n'a pas tort.

-Julie à Brigitte : Vous cherchez vraiment vos neurones ?

- Brigitte : Je sais, vous me prenez tous pour une folle...

-Julie : Franchement, je vous admire, je me demande comment l'idée vous est venue !

- Brigitte : Mes 20 ans sont loin ; ce n'est pas beau de vieillir...

- Dr. Félicité : Ah ? On tient quelque chose, là ! Vous pouvez développer, Brigitte ?

-Julie : Oh oui, continuez, ne vous arrêtez pas en si bon chemin !

- Brigitte : Ma petite... avant, quand j'avais votre âge, je ne me souciais pas de cela... mais sans m'en rendre compte, le temps m'a rattrapée... A marc : Ne vous arrêtez pas de chercher, s'il vous plait !

-Julie : Oui, Marc ! Joue le jeu. Cherche ! Et alors…

- Brigitte : Et alors, un jour, on ne m'a plus appelée mademoiselle... Vous pouvez continuer à chercher vous aussi ?

-Julie : Mais je cherche, je cherche ! Et alors ?

- Brigitte : Et alors on m'a appelée : Madame !

- Guylaine : Et alors ?

- Brigitte : Et alors ? ! Ça voulait dire que j'avais changé sans m'en rendre compte ! Et... vous pouvez m'aider, vous aussi ?

- Guylaine, à 4 pattes : Et... ?

- Brigitte : Et puis un jour, le temps a encore œuvré dans mon dos... enfin plutôt sur ma main et...

- Marc, obligé de répéter 5 fois : Et alors ? Et alors ? Et alors ? Et alors ? Et alors ?

- Brigitte : Y a de l'écho ou c'est moi ? Et alors, j'ai réalisé, du jour au lendemain qu'une tâche était apparue ! Vous la voyez, elle est toujours là, elle grandit !

-Emma : Elle confirmait qu'il y avait une tâche, effectivement.

- Brigitte : Comment ça : "Il y avait" ? Elle n'y est plus ?

- Yvan : Il faut peut-être juste se laver les mains plus souvent !

-Julie : Et alors... pour l'idée des neurones ?

- Brigitte : Et alors, je me suis rendue compte que j'oubliais de plus en plus de choses !

-Julie : Excellent ! Moi aussi j'oublie toujours plein de choses ! D'ailleurs tout à l'heure j'avais oublié l'adresse pour venir ici ! Mais je n'aurais jamais pensé à faire une perte de neurones !

-Thierry : Comme quoi, il faut en avoir des neurones pour s'imaginer qu'on en perd !

-Brigitte, réjouie : Mais c'est vrai, ça ! Vous avez parfaitement raison ! J'ai énormément de neurones !

-Dr Félicité : Bravo, Brigitte. C'est la première fois que vous nous emmenez si loin dans votre univers ! Et bravo au groupe d'avoir joué le jeu. Ça a permis à notre amie de bien progresser, aujourd'hui ! Thierry, je dois dire que vous m'avez impressionné ! Et si nous faisions maintenant plus ample connaissance, car je n'ai rien vous concernant.

-Thierry : Je suis prêt ! Bonjour, je m'appelle Thierry et je suis ici pour accepter ma maladie.

- Le groupe : Bonjour, Thierry ; Bienvenu !

-Dr Félicité : Vous pouvez nous en dire un peu plus ?

-Thierry : Je suis atteint d'une maladie orpheline et...

-Emma : La chance ! Si seulement j'en avais une, moi aussi !

-Thierry : et j'ai aussi une cardiopathie...

-Dr Félicité  notant ses observations : Hum hum.

-Thierry : et une alopécie assortie d'une facétie chronique.

-Dr Félicité : Je vois.

-Emma : Si seulement j'avais pu être à sa place !

- Amanda : Hé, montrez-moi vos yeux, un instant ?

-Thierry : Oh mon Dieu ! Qu'est-ce que j'ai ?

- Amanda : Je les trouve un peu jaunes et vitreux...

-Thierry : Oh mon Dieu, je vais mourir, c'est ça ? Adieu, ma femme que j'aimais tant, adieu ma mère que j'aimais tant, adieu ma belle-mère…que j'aimais moins !

-Dr Félicité : Mais non ! Personne ne va mourir aujourd'hui.

-Emma : Même pas moi apparemment !

-Dr Félicité : Cela fait deux fois que vous dites « je », Emma.

-Emma : Ah bon ? Vous en êtes certain ?

-Dr Félicité : Aussi certain que notre ami ici souffre en réalité d'Hypocondrie !

-Thierry, continuant d'incarner le rôle qu'il a choisi : Je souffre de quoi ?

-Dr Félicité : D'hypocondrie, cela veut dire...

- Amanda : Que vous êtes hypocondriaque !

-Thierry : Oh mon Dieu ! Il me reste combien de temps à vivre ?

-Dr Félicité : Cela veut seulement dire que vous vous croyez malade...

-Thierry : Je me crois malade parce que je le suis, Monsieur Purgon ! Et on paie bien chers vos services pour que vous consentiez à dire comme nous et à nous prescrire quelques clystères !

-Dr Félicité : Pardon ?

-Yvan, faisant le geste : C'est une grosse seringue qu'on mettait dans le derrière pour faire chier les patients constipés.

-Thierry : Il n'y a pas de pardon qui tienne, si vous continuez, on ne voudra plus être malade!

-Julie : Oh oui ! Trop bon ! Une scène du Malade imaginaire !

-Thierry : Je veux être malade comme bon me semble !

-Julie : Docteur, vous auriez dû dire : "C'est le poumon, monsieur, le poumon ! ".

-Dr Félicité : Le cas est plus complexe que je ne le pensais. Vous prenez vous pour Molière aussi ?

-Thierry : Que nenni, monsieur, mais si vous voyez en moi quelques traces de ce mentor splendide alors les larmes risquent de me monter aux yeux !

-Dr Félicité, très perplexe, à Amanda : Nous sommes en présence d'une personnalité multiple, je crois qu'il pense sincèrement être l'illustre dramaturge !

- Amanda : Ce serait pour cela qu'il parle toujours de jouer, de jeu, de scène ?

-Dr Félicité, lui murmurant son plan : J'ai une idée.., décontenancé par le décolleté d'Amanda... j'ai une idée...

-Julie : Oh, il nous joue la confusion sexuelle, lui !

-Dr Félicité  se ressaisissant : Ecoutez-moi, Amanda…il lui chochotte à l'oreille.

- Amanda : Je vais essayer.

-Dr Félicité : Thierry, je pense qu'on aura un petit entretien tous les deux tout à l'heure et je ferai part rapidement de mes observations à Henriette.

-Thierry, sautant de joie : Ouais ! T'as vu ça, ma poule ?

-Julie : Ouais, c'est chouette pour toi. Mais moi ; j'ai toujours pas d'idée !

-Amanda à Thierry : Je voulais seulement vous dire qu'il faudra faire quelques tests supplémentaires…

-Thierry : Oh oui, des tests !

- Amanda : Certains d'entre eux ne sont pas très agréables.

-Thierry : Aurais-je droit aux ventouses ? Oh non, je sais il me faut une bonne saignée pour me remettre de tout cela et 3 ou 4 lavements car le mois dernier, on ne m'en a prescrits que 12!

-Emma : La chance, une saignée !

-Amanda au Dr Félicité : Je crois que c'est confirmé, il se prend vraiment pour le malade imaginaire.

-Thierry : Eh, Eh, c'est que je connais mes classiques ! Enchanté que vous ayez deviné qui j'étais !

-Dr Félicité : Le plaisir est pour nous. Très bien, à vous Julie.

-Julie : Bonjour, je me présente : Julie. J'étais heureuse quand j'étais jeune. J'avais formé de grands espoirs. J'étais curieuse et dynamique. Je posais des questions sur tout, tout le temps. Je soulais même un peu mes proches.

-Dr Félicité : Oui, continuez.

-Julie à Thierry : C'est un  clin d'œil pour toi, mon chou ! Tu m'as reconnue ?

-Thierry : Non, continue, pour l'instant je ne vois pas !

-Julie : Je voulais une vie différente, un destin différent ! Parcourir le monde, vivre au soleil, découvrir l'univers !

-Hernestine : Tout comme moi ! J'aurais voulu être un aigle pour voler librement…

-Julie : Moi, je ne suis pas un animal. Malgré tous mes efforts, j'ai fini dans le pressoir !

-Emma : Oh quelle belle fin ! Laminée, pressée, quelle belle mort !

-Julie : Non justement, ils m'ont transformée en huile !

-Thierry : J'ai trouvé, c'est une petite reprise des Wriggles ?

-Dr Félicité : Donc Julie, si je vous ai bien suivie vous vous prenez pour une olive ?

 

Thierry et Julie chantent et jouent les personnages de la chanson :

 

Julie la p'tite olive Rêvait de voyager Mais elle était captive D'un rameau d'olivier Elle tannait ses copines à longueur de journée Avec les Philippines et St Germain des prés C'est bon Julie arrête de nous les briser Tu sais bien que notre vie finira dans un panier On est nées pour faire de l'huile d'olive C'est comme ça c'est la nature Et c'est très bon avec les endives Julie la p'tite olive l'entendait pas de cette oreille Comme elle avait la verve vive elle prit à parti le soleil "Vous Monsieur vous tournez près de 24 h par jour Le monde vous le connaissez-vous en avez déjà fait le tour Moi je suis prisonnière de cette grosse branche en bois Dites-moi donc c'qu'il se passe sur terre Oh oui siouplait racontez-moi..." C'est bon Julie arrête de les lui briser Tu sais bien que notre vie finira dans un saladier On est nées pour faire copines avec les endives Le soleil lui y s'en tape y connaît rien à l'huile d'olive Mais l'astre du jour par sa requête fut ému Et lui dit rayonnant d'amour : "je vais commencer au début" Au bout d'une dizaine de mois Il finissait le préambule Le big bang et tous ces trucs-là La naissance des premières cellules Et Julie l'écoutait passionnée attentive Ouvrant grand ses oreilles pour n'en point perdre un mot Mais hélas la vendange tardive des olives Coupa leur entretien Avec tout le rameau Cette fois Julie c'est terminé Allez, monte dans le camion qui nous emmène chez Puget T'étais née pour faire de l'huile d'olive Maintenant tu fermes ta gueule et tu dis bonjour aux endives Mais Julie ignorait que le soleil ce gros bavard De lumière l'avait gavée pendant qu'il contait ses histoires Et arrivée au pressoir Le propriétaire agricole eut besoin d'une chaise pour s'asseoir Et s'écria : "Oh la bestiole Allez non de non C'qu'boudiou j'hallucinions Par les baloches du cornu j'ai dû abusé du litron Cette olive on dirait qu'c'est la couille de Godzilla Va m'en falloir des endives Pour contenter c'te bête là" Et Julie que la joie inonde Grâce au miracle de la nature S'est tapée 4 tours du monde Dans les salons d'l'agriculture Dans les salons d'l'agriculture.

 

-Julie : Ça vous plait ?

-Dr Félicité : C'est censé me plaire ?

-Julie : Ben oui, quand même c'est vous qui décidez de la suite alors...

-Dr Félicité : Certes. Bon... eh bien, nous avons fait le tour, je pense que nous pourrions maintenant approfondir un peu…

 

DRING DRING  Sonnerie du téléphone.

 

Veuillez m'excuser. Il faut que je réponde. Allo ? Lui-même. Vous dites ? Elle a enjambé la fenêtre ? Les pompiers sont prévenus ? J'arrive immédiatement. Non, non vous ne faites absolument rien !

-Emma : Pas bête, ça ! Sauter d'une fenêtre de cette tour, on ne doit pas pouvoir se rater là, hein ?

-Dr Félicité : Il faut que je parte tout de suite mais je reviens vite. Je vous propose de faire un peu connaissance les uns avec les autres. Amanda reste avec vous.

-Amanda : Faites attention à vous, docteur. Il ne faudrait pas qu'il vous arrive quelque chose.

-Dr Félicité, retirant sa blouse et desserrant sa cravate : Oui, bien sûr. Il enlève aussi ses lunettes. Tenez.

-Amanda : On dirait Superman ! Partez tranquille, je prendrais soin de… vos lunettes !

 

 

Acte I- Scène 5.

Le psychothérapeute et l'assistante puis les patients sauf Brigitte.

- Michaëla : Vous croyez qu'il va être parti longtemps ?

- Amanda : Je ne pense pas mais on ne sait jamais...

- Michaëla, se ruant sur les gâteaux : Parfait !

- Amanda : Attention, je continue de filmer, il pourra tout observer à son retour !

- Michaëla, se ravisant et mettant quelques gâteaux dans ses poches et partout où elle peut, la bouche pleine : Oui, il faut que je me contienne ! En aparté : Fayote !

- Yvan : Y a que du thé ou du café ? Si les flics ne m'avaient pas obligé à venir là, je sais où je serais à cette heure-ci.

- Sylvie : Bien sûr, au bar en train de faire le pilier !

- Yvan: On t'a causé à toi, la dégénérée?

- Sylvie : Gros du bide, bide à bière, bière puis tombe, tombe de haut…

- Marc : Haute sphère !

- Yvan : Quoi ? Pourquoi il s'emmêle celui-là ?

- Marc, apeuré : C'est juste qu'il en manquait un.

- Yvan : Il manquait un quoi ?

- Marc : Un bout !

- Yvan : Un bout ?

- Marc : Oui ; vous étiez en train de faire marabout, bout de ficelle, selle de cheval,

- Yvan : T'es gazé, toi, non ?

- Marc : Selle de cheval...

- Yvan : Oh, t'écoutes quand on te parle ?

- Marc : Cheval de fer.

- Yvan : Je vais te faire avaler ton râtelier !

- Sylvie : Et bide à bière, tu vois pas qu'il marche par 5, t'as toujours pas compris ?

- Yvan : Qui, qui marche par 5 ? Où ça ?

- Sylvie : Lui ! A moins que tu ne saches pas compter jusqu'à 5 ?

- Marc : Je suis désolé, désolé, désolé, désolé

- Yvan : La ferme, le toqué !

- Marc : Désolé, moi, je sais compter jusqu'à 5 : 1 2 3 4 5

- Sylvie, à Yvan : Vas-y, tiens, je te fais le test des flics ou des médecins, combien tu vois de doigts ?

- Marc : 5 ! 1 2 3 4 5 !

-Sylvie : Tu vois, lui il a la bonne réponse !

- Yvan : Et toi, tu crois que c'est quoi ton problème, Blanche-Neige ? T'es là par hasard, peut-être ?

- Sylvie : Je ne t'ai pas autorisé à me parler !

- Amanda : S'il vous plait, on pourrait peut-être passer à autre chose ?

-Thierry : Apparemment, je suis déjà pressenti et Sylvie aussi, mais on pourrait peut-être en profiter pour nous améliorer, non ?

- Guylaine : Nous améliorer ?

-Thierry : Oui, on pourrait essayer de voir ce qui ne va pas encore chez nous et nous entraider.

- Angèle : Je veux bien t'aider moi, beau mec ! Si tu veux, je peux être ton casse-croûte ; à toi de voir...

-Thierry, souriant jaune : Heu, on a dû oublier de dire qu'on était fiancés, Julie et moi...

- Angèle : Eh ben dis donc, toi on peut dire que t'as pas de bol, tu cumules les tares !

-Julie : Ah ben merci !

- Yvan : Est-ce qu'elle accepte de se laisser dénoyauter au moins ?

- Justine, suant à grosses gouttes : Je n'aime pas la tournure que prennent les événements là ! Vous avez d'autres serviettes ?

- Amanda : Il ne reste que cela.

- Justine : C'est pas assez ! Je vais aux toilettes, il y a peut-être de l'essuie-mains, je reviens.

- Amanda : Thierry a raison ; vous pourriez peut-être vous mettre à nu...

- Angèle, commençant à se déshabiller : Oh oui, à nu, à nu…

-Yvan : Non merci ; tu peux garder tes fringues !

- Amanda : Et pourquoi vous n'échangeriez pas vos pathologies pour voir ? Cela pourrait être enrichissant.

-Julie : Bonne idée ! Je suis partante !

-Thierry : OK.

- Amanda : Donc, qui veut faire quoi ? Ce serait un peu un jeu de rôles.

-Emma : Vous appelez ça un jeu drôle ?

- Amanda : Non, un jeu de rôles !

-Emma : Ah ! Alors je joue la morte !

- Amanda : Il n'y a pas de morte. Vous pourriez peut-être essayer autre chose. Par exemple, vous pouvez jouer l'hypersudation de Justine.

-Emma : C'est dégueulasse ! Pas question.

- Amanda : Alors, choisissez.

-Emma : Je pourrais faire la mytho à la place d'André.

- André : Je ne suis pas mythomane !

-Emma : Et ta sœur !

- André : Ma sœur, non plus !

- Amanda : Vous n'avez pas de sœur, André !

- André : Si, j'en ai une. Elle est en mission sur Vénus avec une équipe d'astronautes…

- Yvan : Et tu ne crois pas qu'un bon petit Mont de Vénus c'est ce qu'il te faudrait, à toi ?

- André : Je suis outré de vos propos.

- Yvan : C'est ça, outre-toi, outre-toi, mais au fond t'es comme tous les bonhommes. Moi je bois pour oublier les autres et toi, tu mens pour te faire remarquer des autres. T'as pas d'alliance, je suis prêt à mettre ma main au feu, que ton manque à toi, c'est une femme !

- Amanda : Intéressant comme analyse.

- Angèle : Hum, mon tout doux, tu veux voir le loup ?

- André : Je... euh… je...

- Angèle : Il ne sait plus quoi dire ce grand garçon ? Il a perdu sa langue, notre bonimenteur. Ne t'inquiète pas, on peut essayer de la retrouver tous les deux si tu veux.

-Amanda : Donc Emma sera mythomane. Je verrais bien Michaëla victime d'hypersudation.

- Michaela : Oh oui, ça peut être drôle !

- Justine, revenue des toilettes, elle a du papier toilettes partout, sous les aisselles, des bouts sont accrochés à sa figure, à ses mains : Drôle ! Oh oui, mon Dieu, qu'est-ce que c'est drôle, vous avez vu à quoi je ressemble ? Vous imaginez ma vie au quotidien ?

- Amanda : Justement, Justine vous pourriez peut-être exprimer tout cela en faisant Sylvie.

- Sylvie : Mais, moi, je n'ai aucun problème, tout va bien. Je ne supporte pas les vicelards comme lui (montrant Thierry), et les alcoolos comme lui (désignant Yvan), c'est tout !

- Justine : Pourquoi pas ? Donc il suffit que je m'emporte au quart de tour ?

- Sylvie : Je ne m'emporte pas du tout au quart de tour comme le beugle cette pimbêche !

- Amanda : Voudriez-vous prendre la place de Guylaine ?

- Sylvie : Elle a quoi, elle, déjà ?

- Guylaine : J'ai encore un peu peur des oiseaux...

- Sylvie : Ah oui ; complètement ravagée !

- Guylaine : Merci !

- Amanda : André, vous pourriez faire Angèle, non ?

- André : Je ne sais pas…

- Amanda : Emma, puis-je vous confier plutôt le rôle Michaëla, je pense qu'Yvan pourrait faire André.

-Emma : On verra bien ce que ça donne.

- Amanda : Vous venez d'employer le futur pour la 1ère fois depuis que vous venez ici, Emma.

-Emma, réjouie : Ah, oui, vraiment ?

- Yvan : Donc moi, je suis un obsédé de la bouffe ?

- Amanda : Non, ça c'est le rôle d'Emma désormais.

- Michaëla : Et puis vous n'êtes pas obligé de dire cela aussi crûment. Cela s'appelle des troubles alimentaires !

- Yvan : Oui et il y a aussi les non-voyants, les malentendants, les personnes à mobilité réduite ; ça reste quand même des aveugles, des sourds et des handicapés !

- Michaëla : Et n'oublions pas les alcoolos !

- Yvan : Parfaitement, il faut appeler un chat, un chat.

- Amanda : Ce n'est pas vous, Yvan, qui disiez avoir des troubles de boisson liés au stress.

- Yvan : Ok, puisque vous y tenez, c'est bon, je suis un alcoolique !

- Angèle : Voilà ! Encore appelé poivrot, boit sans soif, ivrogne, soulard, bibard, cuitard, pochard, soiffard… et t'as remarqué, ça se termine quasiment toujours comme connard !

- Yvan : C'est bon la nympho ! Tu ne veux pas aller vois à Tataouine si j'y suis ?

- Angèle : Je ne suis pas Nymphomane, j'apprécie seulement la compagnie masculine.

- Sylvie: Dis plutôt que tu sautes sur tous les caleçons ambulants.

- Angèle, vexée : Jalouse ! C'est complètement faux d'abord... je saute aussi sur tous ceux qui ne portent pas de caleçon sous leur pantalon ! Ils ont même ma préférence, si tu veux tout savoir !

- André : C'est vrai que s'imaginer une belle femme sans dessous, ça le fait bien... Oh, c 'est pas vrai, c'est moi qui ai dit ça ?

- Amanda : Décidément André, vous rentrez vite dans votre rôle. A croire qu'il était fait pour vous ! Yvan, vous serez donc mythomane ! Je pense que vous pouvez composer quelque chose d'intéressant.

- Yvan : Bof, c'est pas très drôle !

-Amanda : Les derniers, vous n'êtes pas obligés de jouer le rôle de quelqu'un ici présent, mais nous essaierons de deviner votre pathologie. Pour le moment, je vous propose de faire une petite pause de 15 minutes. Je dois passer un petit coup de fil au docteur Félicité pour savoir s'il en a encore pour longtemps. Servez-vous des gâteaux, des boissons. A tout à l'heure.

 

 

 

 

 

Acte II- Scène 1.

Les patients et le couple de comédiens.

Les patients mangent, boivent et lisent en attendant.

 

-Julie : Aujourd'hui, c'est hard quand même, tu ne trouves pas ?

-Thierry : Oui mais ça m'a bien motivé ce thème, fallait y penser.

-Julie : C'est sûr, le thème est excellent mais les autres comédiens sont vraiment forts ! Je ne suis pas sûre de décrocher un rôle aujourd'hui !

-Thierry : Ne t'en fais pas, c'est maintenant que tout va se jouer. C'est là que tu dois te défoncer et casser la baraque ! Je ne sais pas ce que le recruteur est parti faire mais je ne serai pas surpris qu'il ramène un chasseur de tête ou le responsable du casting.

-Julie : Si ça se trouve la caméra est en direct et ils voient tout ce qu'on fait.

-Thierry : Très juste !

 

 Retour d'Amanda.

 

 

-Amanda : Alors, vous êtes prêts ? J'ai eu le docteur Félicité, il va bientôt nous rejoindre.

-Guylaine : A-t-il réussi à sauver sa patiente ?

-Amanda : Oui, tout s'est très bien passé.

-Emma : La pauvre, c'était un bon plan pourtant de sauter du haut de cette tour ! Y a toujours des empêcheurs de tourner en rond !

-Amanda : Tiens, je note que vous n'avez pas dit : « des empêcheurs de mourir tranquille »

-Emma : C'est pareil !

-Amanda : Justement, non. Depuis un petit moment, vous n'employez plus le mot mort ! Bon, avez-vous réfléchi à vos personnages et à vos pathologies ?

-Michaëla : Oui, moi, je suis prête à jouer l'hypersudation de Justine.

-Justine : Fais-toi plaisir ! Si seulement, tu pouvais la prendre pour de vrai et m'en débarrasser une fois pour toutes !

-Michaëla, allant chercher un plateau de gâteaux pour les servir aux autres : Tenez ! Excusez-moi, j'ai les mains moites et les pieds « poites » comme on dit ! Qu'est-ce que c'est drôle ! Tenez, je suis désolée de goutter ainsi sur vous mais rassurez-vous c'est une hypersudation non olfactive ! Eh oui, je ne pue pas, messieurs, dames ! Puis se lâchant complètement : Et ne prenez pas pitié de moi, je viens d'être embauchée comme testeuse de déodorants par des grandes marques ; non seulement, je sers la science mais la science m'engraisse ! Je touche un beau paquet ! J'ai même testé les patchs anti-transpiration, les déodorants anti-traces jaunes, les déo anti-traces pour les vêtements noirs. J'ai de l'avenir, c'est moi qui vous le dis !

-Amanda : On peut applaudir Michaëla qui a accepté de se lancer, comme ça, sans filet. Bravo !

-Michaëla : Oui ! Je suis fière de moi ! Et pour fêter ça, un petit gâteau !

Les autres n'ayant laissé que les gâteaux imbibés par la transpiration de Justine, Michaëla ne parvient pas à en attraper un pour le manger, tout se décompose dans sa main ; Oh non, mais c'est quoi ce délire ! Mais c'est chiant, ça ! Et puis c'est dégueulasse quand même !

-Justine : Bienvenue dans ma réalité quotidienne ! C'est sûr qu'avec mon problème tu ne réussirais pas à t'empiffrer comme tu le fais tout le temps !

-Michaëla, vexée : N'en sois pas si sûre ! Elle attrape une cuillère et se met à manger les gâteaux. Hum, c'est dé… gueulasse !

-Justine : Tu as vu à quoi tu t'abaisses quand même ? Tu ne peux même pas avoir faim avec tout ce que tu as englouti en l'absence d'Amanda !

-Michaëla : Non.

-Amanda : Alors pourquoi avez-vous voulu manger à tout prix ces gâteaux ?

-Michaëla : Je ne sais pas. Quand je suis triste, ça me réconforte…

-Amanda : Vous n'étiez pas triste là, pourtant.

-Michaëla : Non j'étais super contente… et j'estimais que j'avais droit à une petite récompense.

-Justine : Ta récompense aurait dû être le fait d'avoir réussi à te dépasser, à t'amuser…

-Amanda : A lâcher prise…

-Michaëla : C'est vrai ; je me rends compte que j'ai toujours considéré la nourriture comme une récompense ou un réconfort. C'est pas normal.

-Justine : Ce n'est pas anormal non plus. Moi aussi j'aime bien un bon carré de chocolat.

-Michaëla : Sauf que moi, je bouffe la tablette !

-Justine : Un bon petit cornet de glace de temps en temps.

-Michaëla : Sauf que moi, j'avale toute la boîte !

-Justine : Un bon petit verre parfois !

-Yvan : Sauf que moi, c'est la bouteille !

-Michaëla : Moi, je ne bois pas.

-Yvan : Mais on se ressemble quand même tous les deux.

-Michaëla : Oui, moi, je bouffe, toi tu bois !

-Yvan, avec une soudaine prise de conscience : Oui, on est pareils !

-Thierry : Bon allez, on a compris. Fin du temps réglementaire. Nouvelle improvisation !

-Julie : Oui, mais on peut faire un débriefing quand même. Moi, j'aurais fini avec une conclusion plus heureuse à la « Qui se ressemble s'assemble !» Vous savez ?

-Michaëla : Quoi ?

-Julie : Oui, les deux personnages se rendent compte qu'ils ont en réalité le même souci qui repose sur un profond manque d'affection et de reconnaissance. Qui se ressemble s'assemble dit l'adage alors vous auriez pu vous embrasser et il serait né une idylle entre vous qui laissait entendre aux spectateurs que vous étiez désormais guéris de vos excès !

-Yvan, regardant Michaëla dans les yeux : Elle n'a pas tort.

-Michaëla : Tu crois ?

-Yvan, l'embrassant tendrement : Je suis là maintenant pour te réconforter si tu veux.

-Michaëla : Et moi, je serai ta liqueur de vie…

-Thierry : Voilà qui est mieux. Encore que le baiser théâtral reste à travailler quand même. On dirait deux adolescents qui se demandent dans quel sens ils doivent placer leurs lèvres !

-Julie : C'est sûr ! C'est pourtant l'une des premières choses que l'on apprend avec la claque ! Vous voulez bien réessayer…

Yvan et Michaëla ne se font pas prier et réalisent un vrai baiser de théâtre mais ne s'arrêtent plus.

Voilà, là ça le fait, on y croit !

-Thierry : Ben dis-donc, t'es une bonne prof, Julie ! Regarde-moi, ça ! C'est même torride, non ?

-Julie : C'est parfait ! Et ho, c'est pas censé durer deux heures non plus, hein ?

-Amanda : Eh bien vous m'en direz tant, j'en connais un qui va être surpris quand il va revenir !

 

Acte II- Scène 2.

Les patients et le couple de comédiens et Amanda.

-Thierry : On passe à une autre scène ?

Les autres patients regardent stupéfaits le couple qui vient de se former. Aucun n'est prêt à se lancer. Quand André se décide devant cette étreinte qui dure !

-André, jouant le « nymphomane » comme prévu : Ça ne vous donne pas des idées à vous ?

Les autres sont interloqués.

Moi, je me sens tout à coup, tout émoustillé !

-Angèle : Tu fais ton mytho ou tu joues mon rôle, là ?

-André : Devine, ma belle. Je me demandais si tu avais ou non… des dessous ?

-Angèle : J'ai ce qu'il faut.

-André : Veux-tu voir l'envers de mon décor ?

-Angèle : Dis comme ça… ça ne me branche pas trop, non !

-André : Ah bon, pourquoi ? Un bel étalon s'offre à toi, ici et maintenant ! Vas-tu hésiter à le monter ?

-Angèle : Pardon ? Tu me prends pour une « périesthéticienne » ou quoi ?

-André : Non, pour une fille qui n'a pas inventé la poudre mais…Pourquoi tu te courrouces ?

-Angèle : Parce que c'est moi qui branche les hommes habituellement ! Je veux qu'ils me résistent ! J'aime la difficulté, le challenge !

-André : Je peux être ton challenge si tu veux !

-Angèle :Y a pas de challenge, là. T'es même pas marié, personne n'a voulu de toi. Je ne finis pas les restes !

-André, sortant de son rôle, attristé : Les restes ! Tu ne vois que ça alors quand tu me regardes, un vieux bout de barbaque laissé trop longtemps au soleil pour que même un charognard n'en veuille !

-Angèle : Tu me traites de charognard ?

-Emma : Oh là ; André nous fait une déprime là ! T'as une idée de ce que tu lui as dit à l'instant ?

-Angèle : Oh ça va ; il va s'en remettre !

-Emma : Oui, ou il fera comme moi et un jour la vie lui semblera trop lourde à porter !

-André, à Emma : Toi aussi alors tu ressens ça ?

-Emma : J'ai toujours pensé qu'une vie seule ne valait pas le coup d'être vécue. C'est toutes les petites agressions du quotidien, tu vois. Aujourd'hui les gens ont plus de facilité à dire de méchantes choses que des gentilles.

-André : Comme je te comprends. Moi, je me suis fait une carapace, tu devrais essayer, je donne aux gens ce qu'ils ont envie d'entendre. Alors ils sont tous admiratifs de ce tu leur dis et tu deviens intéressant à leurs yeux parce que tu prétends faire ou voir des choses qu'ils ne connaissent pas.

-Emma : Mais moi, j'm'en fous des autres ! Je veux être moi-même. Je veux être acceptée comme je suis et pour ce que je suis justement.

-André : C'est vrai que je me suis un peu oublié dans ce qui n'était qu'un jeu bien maîtrisé au début. J'ai tellement menti que le mensonge semblait vérité. J'ai même construit plusieurs identités, plusieurs personnages. Jusqu'au jour où des gens que j'aimais s'en sont rendu compte ; je les ai blessés par mes mensonges et… je me suis retrouvé encore plus seul alors j'ai menti davantage encore jusqu'à ce qu'Emmanuel n'existe plus du tout !

-Amanda : Qui est Emmanuel ?

-André : Moi. Je m'appelle Emmanuel en réalité et …

-Amanda : Je sais, j'ai lu votre dossier… mais il était important, Emmanuel, que ce soit vous qui fassiez tomber le masque !

-Emmanuel : Merci !

-Thierry : C'est pas mal, non plus !

-Julie : On n'est un peu trop dans le mélo à mon goût mais… c'est vrai qu'il y a une belle prestation d'acteurs ! A mon tour, on va changer de registre.

Elle commence à se contorsionner et à tourner autour d'Amanda, elle renifle les patients, comme si elle cherchait à attirer l'attention, et une caresse. Elle se dirige ensuite droit sur Hernestine qui était encore en train de faire le chat : Wouf ! Wouf ! Grrrrrrrrrrrrrrr ! Grrrrrrrrr !

Il s'ensuit une course poursuite entre chien et chat, Hernestine feule, fait le dos rond, saute sur une chaise et voyant qu'elle n'a pas le dessus, décide de reprendre son rôle d'humain.

-Hernestine : Oh, couché le chien ! Non, mais ça ne va pas ! Qui t'a dressé comme ça à attaquer les pauvres petits chats sans défense ! Ah, tu fais moins le malin, hein ! Rentre chez toi, vas dans ta niche, vilain chien !

-Amanda : Hernestine, vous allez bien ?

-Hernestine : Parfaitement bien ! Pourquoi vous me posez la question ?

-Amanda : Peut-être parce que jusqu'ici vous ne vous êtes jamais exprimée que par des miaulements, non ?

-Hernestine : Pardon ? Je ne vois de quoi vous voulez parler !

-Amanda : Ah bon ? Très bien ! A qui le tour ?

-Justine : Moi. J'ai plein de choses à dire à ce groupe ! Pour commencer Emma, arrête de te complaindre dans un état puéril d'enfant gâté qui ne supporte pas de ne pas être le centre du monde ! La mort, ça ne se choisit pas ! Guylaine, fais toi une raison ! Des oiseaux y en a partout et en dehors des films d'Hitchcock on lit rarement dans les journaux : « Une mère de deux enfants a été lapidée par des piafs à 18h, heure locale ! » et Angèle, tu es certainement la pire du groupe. Tu maltraites les autres pour te maltraiter toi-même ! Si tu veux jouer la  saute au paf ; ça te regarde mais fais nous grâce de tes propos acerbes ! Ouf, voilà, je l'ai dit. C'est la première fois que je me sens aussi bien !

-Amanda : Ça se voit !

-Justine : Ah bon ?

-Amanda : Oui, regardez-vous, vous n'avez pratiquement pas transpiré…

-Justine : Mais c'est vrai, ça ! J'ai commencé à sécher ! C'est merveilleux ! Oh merci, merci, merci à tous ! Je vous fais une bise.

Elle fait le tour pour embrasser tout le monde et parvient au niveau d'Angèle.

-Angèle : Non, merci, sans façon !

  • Bonjour, j'essaie depiuis plusieurs semaines d'obtenir la fin de "Mauvais cating" en version 13 ou 8 personnages mais je ne reçois aucune réponse de l'auteur. qui peut m'aider, pour enfin savoir comment se termine l'histoire?
    Merci, Milena

    · Il y a plus de 6 ans ·
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    Milena Piccoli

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