Me faire la belle

Nathan Noirh

J'aurais aimé me faire la belle, l'échappée la tocade

Que j'aime tes pieds sur le chemin de l'escapade,

Dans une nuit froide, éternelle,

Et dans le lit une couette additionnelle

Pour ton cœur glacé et tes doigts d'hirondelle,

Ton sourire grimacé se fige dans la moelle

De mes ardeurs, je me sens séparé

Touché mais ahuri, désemparé,

Que tu me vois grand et silencieux

Comme l'observateur du noir, astucieux,

J'aurais aimé tresser un amour défini,

Qu'on s'endorme sur le lit de la pénombre

Dans une plume gonflée d'air infini,  

Le sourire de tes lèvres face au roi sombre.

 

C'était moi, dans la hâte et la stupeur

Qui revenait coi et bégayeur,

Devant toi et tes mains, obsessionnel

Figé dans l'instant et le sourire temporel,

Bâillonné emprisonné, c'était toi dans l'ivresse

Qui partait, déhanché, qui me dresse,

Qu'on garde grâce de ta présence sur terre

Quand tu consoles Arès, désabusé après-guerre,

Partie envolée dans tes bras

J'étais là, à jamais dans tes draps,

Marchons dans le silence dans la nuit

Sans jamais connaître le bruit de l'ennui

Car la mort trépassée saura ce qui te sied.

Reconduit, parvenu, je te sens rassasié

Par l'odeur, de mes gestes et la vérité indigeste,

Ensemble, tous les trois, complice dans la sieste

Infinie, pour toi, et pour moi le repos céleste.

 

On se tenait par les yeux on se mordait par les doigts

On se promenait juste à deux et la belle qui revenait c'était toi.

 

J'aurais aimé me faire la gabelle,

Animal enchainé, dans tes cheveux un grain de sel,

Ma belle, la tabelle des chemins reposant

Et le tracé qui s'écarte des discours imposant,

Tenu, par le maléfice des grands arts

Et arrosé par les mondes barbares

J'étais là, à me faire la belle, à me faire les gares,

J'étais lâche, dans la peur, pourtant voleur

J'aurais aimé parler à toute heure, moi bonimenteur.

 

C'était ta façon de rire, franchement

Qui me faisait vivre, brièvement,

C'était fini, enfin toi, envolé par l'espoir

Le ventre vide, à me raconter des histoires,

Et tant pis que tu sois prise,

C'était moi, emprisonné, dans la méprise,

J'étais mort plusieurs fois, sans avoir eu le soir

De tes rires de tes caresses, tu étais le voussoir

De mes nuits sans sommeil, cachottière,

Ma belle, je t'aurais prise tout entière.

 

On se tenait par les yeux on se mordait par les doigts

On se promenait juste à deux et la belle qui revenait c'était toi.

 

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