ME MYSELF AND I
suemai
Ce que j'aime ? La glace à la pistache, Hey! Oh! Pas que ça, naturellement les calissons. Ils me coûtent une véritable fortune, du temps de noël. C'est vrai ici on dit crème glacée pour (glace) et glace pour (glaçon). Bizarre, Allez comprendre.
Avec Marie, le dernier noël, nous nous sommes téléchargées les deux versions de : Miracle sur la 34e rue. Oui, l'histoire de ce père noël tellement attachant et de la petite fille. Popcorn en mains et un cru d'Australie, aux odeurs presque mystiques. Un merlot coupé d'un cabernet franc. Trois bouteilles comme à mon habitude. Assise, côte à côte, les jambes frétillantes et en Jaquette bien molletonnée c'était le paradis. Comme toujours, je récitais les répliques au grand dam de Marie, qui finissait par abdiquer. Je connaissais ces films sur le bout des doigts; delà le plaisir de les réécouter plus de mille fois. Puis tout se clôturait par Avalon de Mamoru Oshi, un film que détestait Marie, mais que je vénérais et encore d'ailleurs. Comme toujours, Marie laissait filer. Elle dégustait mon plaisir, je crois. Je sentais sa jambe toute chaude et légèrement rondelette, éteindre la mienne.
Puis suivait la traditionnelle tourtière, la dinde naturellement et tout ce qui constituaient un repas de noël fastueux. Nous habitions à l'époque rue St-Denis, un quartier plutôt démuni. Marie et moi distribuions toutes les parts en trop à nos voisins. Ils nous étaient reconnaissants et nous le sentions fort bien. Ils nous offraient toujours un petit quelque chose fait main ou acheter en brocante. Tous ces objets devenaient des trésors magiques, uniques et précieux. Nous les conservions tous dans un petit coin bien aménagé à cet effet. Marie pleurait chaque fois. Comme j'avais, à l'époque, un caractère plus disons... ferme, je la consolais et nous finissions constamment par faire l'amour sous le grand sapin.
Je buvais énormément, ce qui est toujours. En cela, je suivais les traces de mon père. Marie ne posait pas de questions. Elle me laissait gérer ma vie comme je l'entendais. À l'époque, je communiquais, par mail, avec un type, tout à fait charmant, dont je tairai le nom. Un photographe, enseignant et d'une grande culture. Je passais aussi des heures à tchatter avec Étienne, un gamin «ce qu'il détestait que je le nomme ainsi». Il n'avait que 16 ans, mais un garçon attachant, intelligent et sensible. On parlait d'un tas de choses et il s'exprimait remarquablement bien. Pour revenir à mon correspondant, j'aimais sa présence, son parler parisien (rire) et cette sorte de propension au machisme, dont il faisait parfois preuve. Nous avions une grande passion commune pour le jazz. Naturellement, il adorait tout ce que j'improvisais, y compris ce qui était, parfois, totalement pourri. Il me dessinait à partir de photos, m'écrivait des poésies, me comblait de compliments et tout ce qu'une fille de mon âge ne pouvait qu'adorer. N'étais-je que simplement belle... je me suis posée mille fois la question. Toujours est-il que je finis par le traiter d'ordure et d'autres qualificatifs totalement horribles.
Le lendemain de noël, je fis une fugue, de nuit, en direction de la ville de Québec. On me cherchait partout, tant Marie, Ralph que mon ami parisien (via mails). J'entrai au Clarendon, un grand hôtel, réputé pour ses concerts de jazz, sa qualité et sa convivialité. Le propriétaire, très grand ami de mon défunt père, ne pouvait rien me refuser. Je le connaissais depuis toujours. Je l'obligeai à utiliser ma carte de crédit pour toutes mes dépenses, il désirait tout m'offrir naturellement. Tel fût l'entente. Il me supplia presque de pianoter sur sa toute nouvelle acquisition, un Yamaha, pratiquement grand concert. Je jouai des pièces de mon père à profusion. Je savais mon ami très sensible à tout ce qui pouvait provenir de Jean-Marie Langevin. Quelle sonorité ce piano...
Je me retournai subitement, une fille me regardait. Je n'y comprenais rien. Puis, après présentation, je sus qu'elle venait de Boston, de la prestigieuse école de Berkley, de son nom réel Berkeley. J'en demeurais impressionnée. Voyant la situation, le propriétaire fit ressortir l'ancien piano de l'hôtel. Un Baldwin fulgurant. Anny m'offrit de jouer. Plutôt timide, j'acceptai. Nous nous assîmes donc. Je lui offris de bonne grâce le Yamaha et fut forte heureuse de recouvrer le Baldwin que je connaissais bien. Sans consultation, je démarrai avec « All Blues » de Miles. Il y eut immédiatement osmose. Quelque chose d'inusité. Une communication immédiate. Voyant notre entente musicale tant à Anny qu'à moi, le proprio demanda au band de se retirer. Voilà que je m'offris un très long duo avec cette extraordinaire pianiste. Un grand nombre de pièces y passa. À un certain moment, je débutai l'esquisse de ce qui deviendrait « Visions d'enfance ». Quelque chose d'énorme, même pour une pianiste avertie. Elle me laissa jouer le thème et embarqua. Une véritable magie se produisit. Elle s'imbriquait comme si cette musique fut d'elle. Je lui dois beaucoup de ce coté. Elle m'a fait découvrir des tas de possibilités. Le silence régnait. Il s'agit, probablement, d'un moment des plus intenses que j'aie vécu, depuis la mort de papa.
Nous eûmes droit à de gênants applaudissements. Tant Anny que moi en rougissions. Naturellement, j'avais une forte envie d'elle. Anny me regarda et me fit signe que non. Je fis deuil de ce qui aurait pu être l'apogée des derniers moments vécus.
Plutôt éméchée, mon grand ami me conduisit à ma chambre et demanda à une préposée à l'entretien de s'occuper de tout. Le lendemain, je pris le déjeuner avec Anny. Elle ne fut pas surprise que je puisse être la fille de Jean-Marie Langevin. Nous discutâmes longuement. Marie et Ralph arrivèrent tout essoufflés. Heureux de me retourner à l'aide de ma carte de crédit, Marie ne put que sentir l'attirance que je portais à Anny.
Après quelques émouvantes salutations, nous réprimes le retour vers Montréal. Je demeurais songeuse et si triste. Tant de notes jouées avec tant d'amour...
J'échangeai avec mon ami français. Il fut rassuré. Après quelques mots, tout se brisa et plus jamais je ne reçus de ses nouvelles.
Et voilà que je frappais de nouveau : ME MYSELF AND I
je crois que nous avons tous et toutes un film que nous avons visionné maintes fois, jusqu'à le savoir par coeur
· Il y a plus de 8 ans ·Sébastien Jalbert
les amis arrivent, on échange puis on se brouille, d'autres les remplaçent puis sont à leur tour chassés... ainsi va la vie...
· Il y a plus de 8 ans ·On apprends beaucoup de choses, peut-être trop, qui sait?
Sébastien Jalbert
alô Sébastien, là j'avoue que tu me perds avec ce commentaire. Je suis égocentrique, c'est bien évident. Lié à mon cursus médical... je ne sais pas. Précise ce commentaire, j’apprécierais, bise, Sue
· Il y a plus de 8 ans ·suemai
Tiens, tu es là?.... je veux dire que tu donne une foule de détails
· Il y a plus de 8 ans ·Sébastien Jalbert
https://soundcloud.com/user-998451775-640655949
· Il y a plus de 8 ans ·une playlist soundcloud. Dans les dernières pièces, tu retrouveras «Visions d'enfance»
suemai
clair de brume et visions d'enfance j'ai eu l'occasion de les écouter via skype... autrefois :+)
· Il y a plus de 8 ans ·Sébastien Jalbert
bien, je coupe RDI et je m'insatlle sur le sound cloud
· Il y a plus de 8 ans ·Sébastien Jalbert
c'est mal de donner des détails. Si je raconte ma vie, alors autant tout dire. Par contre des choses que je garderai probablement pour moi, pour des raisons qui me semblent justes. Ça t'embête les détails. Tu n'aimes pas lire la vie des gens ? Moi ça me fait drôle, mais ça me permet de souffler un peu. Une île, un grenier et puis l'éternité à crever.
· Il y a plus de 8 ans ·suemai
Mal? pas forcément, mais je crois qu'il faut en laisser un peu dans le "jardin secret"... je t'imagine dans cette île, tout en haut de ta "tour d'ivoire", vivant par procuration
· Il y a plus de 8 ans ·Sébastien Jalbert
ne le prends pas mal, surtout
· Il y a plus de 8 ans ·Sébastien Jalbert
donc on se connait via skype, faudrait que tu me dises. Je t'ai répondu pour les détails. c'est ainsi que je vois les choses. De toute manière, mon journal en donne davantage (détails). Les jardins secrets, je laisse à d'autres. Tu dis ou tu dis pas. Au final, ça me plait. Ma vie n'est pas et n'a pas été simple, je la partage, même si ce mot m'horripile. Un sujet comme un autre. Sue
· Il y a plus de 8 ans ·suemai
oui, ok, c'est toi qui vois. pour skype, je ne sais plus trop...tant de choses se bousculent dans ma tête
· Il y a plus de 8 ans ·Sébastien Jalbert
c'est bien que ça bouge dans ta tête :-)) et oui c'est moi qui vois X, Sue
· Il y a plus de 8 ans ·suemai
tu crois que ça ne va pas? dis?
· Il y a plus de 8 ans ·Sébastien Jalbert