ME PASSER DE TOI (Part 1)

joanandmom

Une valise, un départ, et le besoin de savoir pourquoi il est parti comme ça.

Le choc               

En rentrant du bureau ce soir-là, je découvre au milieu du salon une valise et 2 sacs de voyage. Je reconnais de suite la valise d'Arthur. Tout ceci m'inquiète un peu.

« - Arthur ? Arthur, t'es ou ? Que se passe-t-il ? »

Pas de réponse. Il arrive de la chambre les bras chargés de vêtements qu'il enfourne dans un des sacs avant de le refermer. Pas un regard, pas un mot.

« -Arthur ?

- Tout est fini, je te quitte. »

Je tombe dans le canapé, et le regarde bêtement prendre ses sacs, sa valise et partir en calquant la porte, comme si les 7 dernières années n'avaient pas existées.

                Je ne sais pas combien de temps exactement je suis restée ainsi dans Notre Canapé avant de trouver la force d'en sortir. J'ai vidé le grand sac en papier dans lequel se trouvait  une bouteille de son champagne préféré et cette petite boite en carton fermée d'un ruban doré. J'ai tout posé, tout abandonné… Cette soirée devait être une de nos plus belle, elle marquait la fin d'un long passage à vide et le début du reste de notre vie…

 

                Les jours et les semaines suivantes sont passées sans vraiment que je m'en aperçoive, tout était terne et insipide, monochrome. Quatre mois se sont écoulés ainsi, quatre mois d'errance, quatre mois dans un tunnel sombre à essayer de comprendre… Pourquoi ? Pourquoi a-t-il été aussi dur ? Il ne m'a même pas regardée, POURQUOI ?

Toutes ces questions, elles, ne me quittent pas d'une semelle, j'ai l'impression de devenir dingue. En arrêt maladie depuis 15 jours, j'occupe mon temps à ne rien faire, je bloque des heures dans mon canap' à penser à lui, à me demander où il est et ce qu'il peut faire, j'écoute en boucle des morceaux d'une tristesse accablante, même le chat a préféré partir avant qu'il ne soit trop tard.

                On sonne. Je ne bouge pas une oreille, j'ai une tête de déterrée et, de toute façon, je n'attends personne.

                On sonne à nouveau. Et si c'était lui ? Non, je divague, c'est impossible… Et si c'était lui et que je restais comme une tarte dans mon canap' au lieu d'aller ouvrir ! Je passerais le reste de ma vie à me taper la tête contre un mur, à coup sûre. Donc…J'ouvre…

Mes copines… c'est tout juste si elles ne forcent pas le passage pour entrer, les voilà déjà installées dans le salon, j'ai envie de leur dire que ce n'est qu'un tunnel et qu'elles feraient mieux de partir retrouver la lumière mais elles ont l'air bien décidées à rester alors, je me tais.

« - Ecoute, tu sais qu'on t'aime nous, et qu'on est là pour toi… mais ça ne peut plus durer…

- tu ne peux pas passer ta vie à te morfondre, bouges toi !

- il faut que tu passes à autre chose, il est temps. »

Je vous la fait courte mais ça à durer ainsi pendant une éternité, j'ai serré les dents pour ne pas m'effondrer, j'essayer de ne pas les écouter, de me mettre dans une bulle pour ne pas être touchée même si je sais au fond qu'elles ont raison.

« - Vous savez toute que je ne peux pas l'effacer comme ça, vu la situation c'est pas possible !

- Alors retrouves le et parles lui !

- Oui, tu lui dis ce qui était prévu ce soir-là…

- Et après tu t'en vas et tu le laisses cogiter, il va se sentir bien con de s'être comporté comme ça ! »

Riche idée mais j'ai déjà essayé, pensez-vous. Il a changé de numéro de portable et quand je me suis présenté à son boulot (un peu en mode hystéro je l'avoue), je suis tombée nez à nez avec son remplaçant…vlan (pour la rime).

                Une autre nuit blanche remplie de « pourquoi », mais maintenant, j'ai conscience que je vais dans le mur, je dois me reprendre en main, le revoir et lui parler. Si je veux avancer et sortir du tunnel, je n'ai pas le choix.


1ere réaction 

               Je me mets en mouvement, ça y est. Après un effort vestimentaire doublé d'un effort de maquillage plus que nécessaire, je prends la direction de la Banque.

              Oui, je vais essayer de soudoyer mon banquier (ou de lui faire pitié) pour qu'il me dise si Arthur vit toujours dans le coin. C'est pas révolutionnaire comme idée mais c'est pour l'instant la seule que j'ai.

               Il est sympa mon banquier, mais coriace, il m'explique en détail l'alinéa 4 de l'article 12-b sur la confidentialité…passionnant… J'écoute sagement en me disant qu'il ne lâchera rien. Mais moi, je n'ai rien à perdre, alors en dernier recours, je lui touche trois mots de ma situation…Il quitte ses lunettes et l'écran de son pc et me regarde compatissant, il tapote sur son clavier et me dit :

« - ça reste entre nous mais votre Arthur n'est plus en France, il vit à Barcelone désormais. »

« Madre de dios » j'essaie de me concentrer pour digérer l'info au mieux.

«- Il y va de temps en temps pour son travail, il doit être en déplacement en ce moment ce qui explique/ »

Le banquier me coupe gentiment :

« - vous faites erreur Mademoiselle, il est là-bas depuis 4 mois. »

               Je refuse le verre d'eau que me propose mon banquier, j'ai honte, je suis à nouveau dans le tunnel, il fait sombre, mon ventre me fait mal… Pourquoi ?

               « J'ai comme envie de tourner le gaz, comme envie de me faire sauter les plombs
               Comme envie d'expliquer comme ça, que ton indifférence ne me touche pas »

Il était bien inspiré Manu Tchao pour cette chanson.

               « Comme envie de sang sur les murs, comme envie d'accident de voiture
               Comme envie de n'importe quoi, comme envie de crever ton chat »

Non, non, pas ça parce que le chat était à moi.

               « Je peux très bien me passer de toi »

             Oui, c'est ça tout à fait…

Bon, je prends un billet pour Barcelone…

Je m'envole demain…

 

 

Signaler ce texte