Mer trouble
Charles Deinausard
Mer trouble
Dans l'étrange songe des muses rassemblées
L'amour dérive d'une vague à l'autre
Et ce radeau tant redouté
Fut-il aussi le vôtre ?
Quand vous dormiez à leurs cotés
Toute tiraillée de par ma faute
Pour me rejoindre par la pensée
Vos rêves quittaient ceux de vos hôtes
Mais de vos lits je n'ai connu
Ni le parfum de vos draps
Ni la rondeur de vos nus
Ni l'étreinte de vos bras
Seulement les grands discours, les beaux éloges
A jouer au sage sans être un fou
Dans vos théâtres et à vos loges
Ou sur la scène, seul à genou
Je me laissais à vous conter
Toutes mes peines et mes audaces
A vanter vos patiences et vos beautés
Durant des heures souvent fugaces
Ou par les mots vous nous aimiez.
Maintenant que je désire blondes et brunes
Sur l'océan de ma psyché
Sur un bateau qui fend ma brume
Avec le choix je veux sombrer.
Quand au cœur soufflent des vents contraires
L'amour est dur à naviguer
Aux flots de sentiments, point de repères.