Mère

Caïn Bates

         Mère, nous allons mourir. Je vous écris cette lettre du fond de l'Enfer en sacrifiant ma dernière once d'innocence pour vous prévenir, mère vous allez mourir. Même si nous sommes tous destinés à périr un jour, j'aurai préféré vous savoir à l'abri plus longtemps de nos tourments. Par pitié, ne vous posez pas la question du pourquoi de votre départ et d'où vous irez, c'est bien trop horrible. Repentez-vous du mal que vous avez fait et pardonnez. Pardonnez ces autres qui n'ont pas su nous comprendre, pardonnez aux escrocs qui ne vous ont pas ciblée volontairement, pardonnez vous ces colères qui ont parfois pu nous séparer et pardonnez moi de ne pas avoir été un meilleur fils et de vous avoir abandonné.
              De ma prison calcinée, je peux déjà les entendre griffer vos murs et tenter de défoncer vos portes. Ne luttez pas mère, je ne veux pas que vous souffriez, rendez-vous et laissez les à leurs fureurs. J'ai vite oublié ce qu'est la souffrance ici et la seule peur qui me reste serait de vous savoir mal en point.
           Mère, cédez noblement à la douce étreinte de la mort comme je l'ai fait en imaginant que c'est vous que je serrais dans mes bras. Si la vie nous a séparés si souvent, peut être que la mort nous apportera ce repos, cette paix entre nous.
              Je sais que vous lirez cette lettre, c'est dans votre nature d'être curieuse. Malheureusement, pas assez pour découvrir d'où venait cette odeur étrange ou pour remarquer que m'avez enfermé dans le local où l'on trouve les bonbonnes de gaz. Je vous accorde votre dernière cigarette, mère. 
                Adieu, nous allons mourir.

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