Mes Anges...

Jean Claude Blanc

hommage à mes mésanges qui veillent dans le froid, m'ont suggéré ce retour en inspiration après 3 mois de silence, trop de jaune à mon goût...

                  Mes Anges…

En cet hiver, transies de froid

Viennent se pencher au bord du toit

Mes Anges fidèles qui ne me quittent pas

Tremblantes mésanges pour un rata

Que je leur tends, avec joie

Graines de blé et boules de gras

 

Tôt le matin ces pipelettes

Pour m'éveiller me font la fête

En voletant à ma fenêtre

Quel plaisir quand je végète

Lorsqu'elles chantent à tue-tête

Pour moi tout seul et triste Etre

 

N'ai d'autre choix que les satisfaire

Tant elles crèvent la misère

Sur les sentiers couverts de congères

Un crouton de pain peut faire l'affaire

Mais leur mijote meilleur dessert…

 

Pas encore là le bel été

Ne s'agit pas de mégoter

Elles se suffisent de béqueter

Ces quelques miettes à leur portée

Inutiles les apprivoiser

Me savent d'avance de pure bonté

A leur égard sans danger

 

Ne voulant pas les perturber

J'ai suspendu sur mon noisetier

Un bout de lard à leur portée

Une sorte de garde-manger

Des prédateurs, éloigné

Vu ce sale temps, sur les sommets

Elles ne vont pas se faire prier

S'y précipitent pour festoyer

Avec les ailes ébouriffées

Certains rapaces affamés

Se chargent parfois de les chasser

Loi du plus fort, selon la nature

Mais habituées vivre à la dure

Savent où trouver leur nourriture

 

Mésanges ou chardonneret

Je ne fais pas la différence

Frêles moineaux, en apparence

En mon pays enracinés

Demeurent ici toute l'année

Où chaque jour, c'est les vacances

Pour ma civile humanité

 

Cruelles montagnes à ses heures

Et leurs sinistres viandards chasseurs

En sont victimes ces innocents

Tout comme nous, de chair de sang

Qui n'en leur tiennent même pas rigueur

Déjà pas mal rester vivant

 

Hommes ou bêtes, hélas pourtant

Condamnés au même châtiment

Toujours lutter pour perdurer

Mais les plus faibles meurent en souffrant

N'a pas de pitié la destinée

 

Mésanges belles du Seigneur

Vous m'être sacrées pour tant de bonheur

Agrémentant le paysage

De votre si charmant ramage

De voyageuses sans bagages

 

Nous bonnes gens sur cette Terre

Sûrement plus guère solidaires

Pour se distraire on se fait la guerre

Quant aux oiseaux, on n'a que faire

Qu'à mettre en cage, on ne manque pas d'air…

 

Leur refilant nos sales semences

On empoisonne leur existence

Fin de ce monde prévu d'avance

Par intérêt et inconscience

Gavés, gâtés plus qu'il ne faut

Où l'eau de source coule à flot

Se tarira cette fortune

Plus guère d'oiseaux qui plument la lune

Ni de poètes angelots

 

Mes Anges ce soir à vous je pense

D'une affection à double sens

Dont on ignore l'intelligence

Pour nous ravir, on a cette chance

Adoucissant nos violences

 

Pour vous ces vers, pas d'asticots

Seulement le fruit de mon cerveau

Qui redémarre à nouveau

Que mon amour vous tienne au chaud

En cet hiver, règne des corbeaux

 

Renoncez pas même si c'est rude

De l'endurer cette altitude

Où vous agresse ce gel fatal

A l'aube serez là comme d'habitude

Lorsque s'éteindront les étoiles

Vous en sais gré, m'ôter ce mal

Que me provoque la solitude

 

De cette Auvergne où je suis né

J'en garde toujours les secrets

Que le touriste passant par là

De ses attraits, les voit même pas

Prendre la pelle et faire la trace

S'y risque pas chausse ses godasses

Déjà pour lui c'est un exploit

Tandis que se marre l'autre sur le toit

Oiseau peut-être mais pas de proie

Le suis moi-même homme des bois

De mes anciens suivant les pas

De fiers bougnas, causant patois  

Fan de mes anges peu des nanas     JC Blanc février 2019  (de retour)

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