Mes souris de Pyongyang

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Mes souris jouaient dans cette cours et dans cette cave, mes souris repues de la journée dansaient jadis. Je leur avais promis tant de choses que les promesses se sont allées danser des ritournelles.

Mes souris se sont levées alors que je prenais ma flûte, une flûte en bois simple dans laquelle je soufflai autant que je pus.

Plongées dans une hypnose dans laquelle leur conscience se balançait laconiquement, mes souris me poussèrent à contempler mon œuvre et rassasié, je pensais être.

Mes souris à l'unisson contemplaient l'horizon, laisses tendues, rêves fuyants. Elles regardaient l'interdit dehors, plus loin que cette cave et cette cours dans lesquelles pourtant je les avais élevées.

Bercées par les sonorités boisées de ma flûte à bec, mes souris nonobstant savaient qu'en dehors de cette cave, la liberté souriait aux bienheureux. Mais cette fin en soi, justifiait-elle ces moyens ? Elles furent ici, ignorantes, dépendantes, mes souris hébétées. Puis dehors les sourires hagards martelaient les pleurs étouffés de quelques souris hypnotisées.

Mes souris surent écouter les sordides instants épars de leur existence, elles eurent cru son acmé, mon phrasé les entraîna dans l'unique ailleurs.

Mes souris ne remarquèrent pas le froid et la faim, bercées sans nul doute par mes couplets entraînants et mon charisme harmonique.

Pourtant, je ne pu imaginer un instant la suite des évènements, alors que mes souris dormaient paisiblement, enfin ce fut ce qu'elles me firent croire. Mais elles préparaient sans mot dire leur traitrise.

Et alors que je marchais le lendemain, mes souris exécutèrent leur stratagème. Je glissai, sur ces galets poncés, ma flûte à la main, jouant l'hypnose à outrance. Et je tombai, ma flûte dans le bec, me tua instantanément.

Mes souris ne remarquèrent pas que cette flûte ne fût pas une arme, qu'elle ne produisait que des sons, pourtant je les hypnotisai durant tous ces moments, et la vengeance étouffa leur souffrance.

D'un symbole, elles en firent une arme. Sans doute une mise en scène pour mettre en abyme. Ma flûte se cassa et mes souris de Pyongyang se transformèrent en je ne sus quoi car à cet instant, j'étais à terre gisant le silence remplaçant mes sons boisés.  

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