Mia et ses monstres

maelis

(dessin de moi)

        Tous les soirs, Mia a peur des monstres sous son lit. Elle les entend gratter, murmurer, geindre. Ou elle a l'impression de les entendre. Mais Mia sait qu'ils ne sont pas réels. Les monstres, ça n'existe pas. Mais Mia a peur des montres quand même. Parce que tous les soirs, Mia entre dans un monde où les monstres sont réels.

      Dans ce monde, les monstres ne font pas que gratter, murmurer et geindre. Ici, ils grognent, ils mordent et ils courent. Ici, Mia est une proie. Elle n'a rien à faire dans ce monde et les monstres le lui font bien comprendre. Elle ne peut que courir. Mais ses jambes ne sont pas faites pour ce sol. Dans un monde de monstre, le sol est fait pour les monstres. Alors Mia s'enfonce, trébuche, tombe et se relève, mais les monstres s'approchent, et ils avancent sûrement, ils glissent tranquillement sur le sol, toujours un peu plus proche de leur proie qui trébuche et tombe et qui expose ses jambes aux griffes des monstres. Une griffure. Un cri. Elle se relève encore et court encore plus vite. Elle court jusqu'au portail, dans lequel elle saute pour retomber dans son lit. Dans son monde sans monstre.

      Et Mia pleure. Elle imbibe son coussin de larmes. Elle a encore échappé aux monstres mais ce n'est pas une victoire. Elle sait qu'elle y retournera le soir suivant et sera à nouveau une proie. Et ils la grifferont encore, parce qu'ils ne font que ça. Mia n'a déjà plus mal mais ses jambes sont recouvertes de cicatrices. Et elle en a marre de se faire recouvrir de cicatrices.

      Mia décide qu'elle n'aura plus peur. Elle décide qu'elle ne se fera plus griffer et qu'elle n'entendra plus les monstres sous son lit. Alors, le soir suivant, quand elle entendra gratter, elle se bouchera les oreilles. Et quand elle arrivera dans leur monde, elle se battra.

      Alors, Mia passe ses journées à se construire une armure. Chaque soir, elle combat comme elle peut avant de courir jusqu'au portail. Et dès qu'elle arrive dans son lit, elle se lève et retourne se fabriquer des armes. Elle se fait moins souvent griffer, et elle a moins peur.

      Son armure est enfin prête. Ce soir-là, comme tous les soirs, elle entend des murmures sous son lit. À ces murmures, elle répond : « tais-toi, tu n'existes pas ! » avant d'entrer dans le monde des monstres, équipée de son armure. Les monstres sont plus faibles qu'avant. Le combat est gagné d'avance. Elle s'avance en s'enfonçant dans le sol, mais elle avance quand même. Il lève une griffe ; elle lève son épée. La griffe tombe sur le sol. Elle court vers lui et le transperce de sa lame. Le monde se dissout autour d'elle et elle atterrit dans son lit. Chaque soir, elle combat un nouveau monstre. Elle les transperce tous, un par un.

      Et un jour, il n'y a plus rien sous son lit. Le monde des monstres devient le monde de Mia. Dans ce monde, toutes ses pensées deviennent réalité. Le sol mou dans lequel elle s'enfonce est de la barbe à papa qu'elle peut dévorer à l'infini. Et lorsqu'elle veut courir, elle peut simplement décoller et voler au dessus de la barbe à papa. Et lorsqu'elle se sent prête, elle peut passer le portail et retourner dans son lit.

      Depuis ce jour, Mia ne pleure plus, elle rit. Elle est heureuse parce qu'elle sait que quand elle ira se coucher, elle ira dans le monde de Mia, et elle protégera toujours ce monde contre les monstres.  

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