Michael Hologramme, né Jackson.

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Il nous accorde sa toute première interview en exclusivité planétaire. Encore merci, hologramme de Michael Jackson.

Le journaliste : - Cher hologramme de Michael Jackson, merci à vous de nous recevoir pour ce qui va être votre toute première interview. Merci pour cette exclusivité mondiale.


L'hologramme : - 110010100111101100110.


Le journaliste : - Ah ! Ah ! Ah ! Vous êtes impayable !


L'hologramme : - Si, si ! En Bitcoin ! (il rit) Pardon, vraiment, je suis désolé, je n'ai pas pu m'en empêcher… Mais merci à vous également. Commençons.


Le journaliste : - Alors, dites-nous, hologramme de Michael Jackson, quelles sont vos premières impressions après votre triomphe sur la scène des Billboard Music Awards [ndlr : le 18 mai 2014] ?


L'hologramme : - Soulagé, avant tout. Vraiment soulagé. Le spectacle s'est bien passé. Pas de bug. Pas de mise à jour intempestive. Pas de fenêtre de pub bloquée pendant la chanson...


Le journaliste : - Pardon ? Quoi ? Il y avait de la pub pendant la chanson ?


L'hologramme : - Mais oui ! Évidemment ! Vous savez quel prix je coûte à la seconde et au kilo-octet ?


Le journaliste : - Parlez-nous en un peu, puisque vous abordez le sujet.


L'hologramme, d'une voix de robot : - Fichier protégé. Mot de passe invalide. Accès refusé. (il reprend sa voix normale.) Désolé. Mais en tout cas, mon show était une pub géante pour Photoshop. J'ai été rajeuni de 15 ans par rapport à mon modèle original avant sa mort. Pour sûr, tout le monde va vouloir ça désormais.  Et il n'y aura pas 36 solutions.


Le journaliste : - Je vois. D'ailleurs, c'est définitif, ce rajeunissement ?


L'hologramme : - Non, c'est une variable parmi d'autres. Mon producteur définit tout ça lui-même, avec sa souris sur l'ordinateur. Ceci dit, on pense bientôt installer des variateurs sur les clones. Et le public pourra voter pour ma nuance d'âge, de couleur, de chirurgie…


Le journaliste : - Je comprends. Et sinon, vous avez eu des angoisses particulières au moment du lever de rideau ?


L'hologramme : - Une seule : que le public m'en demande encore plus et me réclame de lui faire le moonwalk sur une seule jambe… Mais ça a été.


Le journaliste : - Ah… Et à part ça, vous avez déjà pensé à faire un éventuel duo ?


L'hologramme : - Avec moi-même ? Oui oui, on y a pensé, ce serait un duo avec un Michael Jackson encore plus jeune et encore noir. Ça va être super !


Le journaliste, gêné : - Euh… Je pensais à un duo avec l'hologramme de quelqu'un d'autre...


L'hologramme : - Ah... ça ! Oui, bien sûr… On a même déjà fait quelques essais...


Le journaliste : - Avec qui ?


L'hologramme : - Amy Winehouse.


Le journaliste : - Elle était en version sobre ou en version qui titube ?


L'hologramme : - A votre avis… On est dans le showbiz… Mais ce n'est pas concluant pour l'instant. Enfin, disons… Bon. Voilà. Elle est plus mince que le micro, alors on ne souvient plus où on l'a rangée...


Le journaliste : - Effectivement…Et votre prochain défi, ce serait quoi ? De quoi avez-vous envie ?


L'hologramme : - Eh bien, mon rêve… ce serait de monter un syndicat !  Oui, vous souriez mais ça me tient vraiment à quadri-coeur. Tout le monde n'a pas eu la chance comme moi d'avoir un père aussi prestigieux et une carte-mère aussi productive. Il faut préserver nos droits. Ne pas se faire défragmenter le plan de carrière. Et aussi qu'on ne nous fasse pas faire n'importe quoi… Avec un syndicat pour protéger et défendre les intérêts des hologrammes, on échapperait au travail de squelette dissimulé. Et si jamais on nous fait jouer en live sur 5 scènes simultanément, eh bien, on veut pouvoir cotiser nos points retraite 5 fois plus vite. Tenez, à Las Vegas on a repéré un hologramme d'Elvis Presley tellement gros qu'on s'est demandé s'ils n'étaient pas plutôt 3 à l'intérieur. J'exige qu'on recompte les kilos-octets. Vous voyez… Il faut toujours rester vigilant.


Le journaliste : - Ce serait bien normal... Mais savez-vous si d'autres hologrammes seraient en préparation ? Auriez-vous quelques noms à dévoiler pour régaler notre public ?


L'hologramme : - Oui, bien sûr. Les informaticiens planchent sur un Freddy Mercury. Plus ou moins poilu. Il y a aussi un Serge Gainsbourg mais uniquement en version à jeun. C'est trop compliqué à programmer en mode semi-éthylique... On a aussi parlé de projets d'un clone de Lady Di, plus ou moins en un seul morceau. Et on planche sur un Elton John plus ou moins en mode on-lui-met-dejà-des-capteurs-ou-on-attend-encore-un-peu. Et aussi... Euh... Excusez-moi... Je ne me sens pas très bien. Je crois que je surchauffe. Arrêtons-nous en là.


Le journaliste : - Comme vous voudrez. Eh bien, encore merci à vous, hologramme de Michael Jackson.

*

[ndlr : Quelques semaines plus tard, l'hologramme de Michael Jackson a brillé une fois de plus, en remportant son premier trophée lors de la soirée des HoloGrammy Awards.]


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