Midi arrêté
ernestin-frenelius
L'eau de la rivière à mes pieds ne coule pas
Une poule d'eau picore sur la pelouse
Du coin de l'œil je la vois derrière moi Son bréchet s'abat en rythme pas après pas
Et elle semble immobile sur la pelouse Inchangé, pas après pas, le bréchet s'abat
Et devant moi, l'eau stagnante miroite et luit
D'incessantes translations d'insectes inchangés
Sur le miroir de cette berge qui s'enfuit
En elle-même égale à ce qu'elle a été
L'instant d'avant lorsqu'elle fuyait cet instant
Qui l'avait précédé pareil au précédent
La fumée de ma cigarette s'est figée
Dans l'air épais dur et ferme comme du verre
Elle ne se consume plus, mais rougeoyante
Son extrémité fume immobile dans l'air
Du tableau de cet incertain midi figé
J'y suis pris, contemple l'image rémanente
Ne me retourne plus sur cette poule d'eau
Dont le bréchet immobile s'abat toujours
Sur la pelouse pareille à ce qu'elle était.