Mime de rien.

Je connais sur le bout des doigts l’histoire que je m’apprête à vous raconter. Je n’ai besoin ni de plan, ni de fiches ou bien même d’inspiration pour vous la conter. Cette histoire, c’est la mienne. Celle d’un homme, prêt à tout… bon ok… Peut être pas à tout. J’ai bien trop peur de la prison pour pouvoir me présenter comme «  prêt à tout. » Le fait que je sois pudique, pas trop fana de viol et que je déteste le pain sec, fait de moi un très mauvais candidat pour la prison.

Bref, mon nom est Adam Stample, comme vous l’avez surement remarqué, j’ai la particularité d’avoir un nom inventé par un mec en calçons devant son ordinateur. Je vous rassure, on s’y fait. C’est littéralement arrivé aux meilleurs d’entres nous. 

Si je devais absolument me présenter, je commencerais par dire que l’une de mes passions est le mime. C’est vrai, je ne parle que de ça. 

Le hic, c’est que bien que je sois le mime le plus prometteur de ma génération, je n’arrive toujours pas à trouver un job dans ce milieu, alors, que j’ai vraiment besoin d’argent en ce moment… Je vous explique : Ma copine veut absolument se marier et insiste pour que je sois présent. Elle avait commencé à planifier son mariage dès l’âge de huit ans en regardant des épisodes de Melrose place.

C’est marrant parce que moi aussi je regardais cette série quand j’étais jeune, et le seul truc qui m’avait vraiment marqué c’était l’utilisation abondante de l’expression « ça me chiffonne » tous les personnages avaient au moins une chose qui les chiffonnait. 

Je suis encore relativement jeune, mais rien ne m’a jamais vraiment « chiffonné. » Ça m’a toujours paru douloureux.

 (Vous vous souvenez quand je disais six lignes plus haut « C’est marrant» ? Je vous ai bien eus, n’est ce pas ?)

J’avais beau ne pas avoir d’argent je me devais de payer  ce « superbe» mariage sur la plage. J’étais paniqué  non seulement je devais trouver un moyen rapide de gagner de l’argent, mais je devais aussi trouver une plage sur Paris. Après plusieurs entretiens d’embauches ratés, je décidai de bouger mes petites fesses pommelées en ville pour réfléchir.

La marche est une technique agréable pour réfléchir, c’est peut-être pour ça que je n’ai jamais été brillant en cours : Aucun professeur ne m’a jamais laissé le temps de me promener pendant un partiel.

Durant cette fameuse balade, je croisa ce type. Il m’avait l’air un peu louche, mais comme on dit « les apparences sont souvent trompeuses ». La preuve,  je trouve Norman Bates hyper sympathique. Bon pour le coup, j’avais eu raison. Il était carrément louche. Je ne le savais pas encore mais j’étais sur le point de faire la plus grosse erreur de ma vie…

On a commencé par discuter de tout et de rien, il me parlait de son groupe de musique, je lui parlais de ma carrière de mime, jusqu’au moment ou l’on s’est trouvé des points communs.Je suis pratiquement certain que c’est comme ça qu’on a inventé les métaphores. Genre, deux mecs discutaient, l’un parlait de ses problèmes de relations pendant que l’autre lui parlait de ses tortues jusqu’au moment où ils se sont regardés et se sont dit « mec, on parle de la même chose, je suis la tortue»

(J’ignore ce que faisait cet hypothétique mec avec ses tortues, et puis, franchement lecteur, ce n’est  vraiment pas le propos.)

 Le type  avait l’air impressionné par mes talents de mimes, il me proposa de lui racheter son air guitare, et que si j’étais assez bon je pourrais même rejoindre son groupe.

C’était une occasion en or.Il me tendit son numéro en me suppliant de l’appeler lorsque je me sentirais prêt. Je n’avais pas de temps à perdre, je m’empressai de rentrer chez moi avec mon nouveau joujou sur le dos.

 Au début, je trouvais cela assez compliqué, pour être honnête j’ai dû faire tomber l’air guitare une dizaine de fois avant d’être réellement à l’aise. L’entrainement terminé, je découvris avec effroi que le numéro qu’il m’avait donné était celui d’une pizzeria Domino’s.C’est à cause de ce genre d’évènement que l’on finit par ne plus avoir confiance en  ces gens louches que l’on rencontre dans les ruelles sombres… Dans ce type de situations, je m’oblige toujours à voir le bon côté des choses. Oui, j’avais été trahi par un mec louche que j’avais rencontré dans une ruelle sombre, mais nous étions mardi et le mardi, c’était mardi fou chez domino’s.

 Après avoir vomi durant plusieurs heures, je commençais à reprendre confiance. Je ne ferai peut être jamais parti de son groupe, mais rien ne pouvait m’empêcher de faire carrière.

 C’était une époque très excitante de ma vie, j’étais invité sur tous les plateaux de tv, j’étais à toutes les soirées. Ma carrière décolla vite, très vite, trop vite.

J’étais à mon apogée quand ce qui devait arriver, arriva. Un vendredi, ma fiancée rentra plus tôt, pour me retrouver au lit avec un nombre incalculable de groupie imaginaire. Elle était dévastée. J’ai essayé de voir le bon côté des choses, mais nous étions vendredi. Vendredi, c’est poisson, et moi bah je n’aime pas trop ça le poisson.