Mimi la guigne
Jean Claude Blanc
Mimi la guigne
Villes paisibles, cachent des asiles
Où on ne case pas que des débiles
Des malheureux qu'ont plus de famille
Des « elzeimer » vieillards séniles
Qu'il faut nourrir, bouches inutiles
N'ont pas beaucoup de visiteurs
De la folie, on en a peur
Elle pourrait être contagieuse
Portent la poisse ces bêtes curieuses
L'AS du Conseil Général
Vient faire son tour chaque semaine
Ça ne lui sape pas le moral
C'est son boulot, gérer les peines
Pourtant certaines plus laborieuses
Sentimentales généreuses
Se tapent des heures supplémentaires
Pour confesser toutes ces misères
Ainsi une de mes amitiés
Pour satisfaire sa vocation
Une pauvre fille a repéré
Fluette, roussette, bubons boutons
Tellement touchant, son air triste
Par le menu, me l'a décrite
L'horreur du monde, me fut contée
J'en suis resté estomaqué
Imaginez une gosse pâlotte
Tout juste 20 ans et maigriotte
Grosse lunette, visage défait
Pourtant pas sotte, pour se faire aimer
Sorte de coup de foudre, pour cette pitié
Pauvrette fillette négligée
Mal fringuée, ébouriffée
Les dents jaunis de trop fumer
Recherche emploi et fiancé
Par ses parents abandonnés
Pas de monnaie, ni de foyer
Nouvelle Cosette, en la cité
De se colleter le désarroi
Egoïstement ramène à soi
Nos beaux gamins, bien éduqués
On rentre le soir, rassérénés
Un cas social comme n'y en a pas
Oiseau malingre qu'a plus la foi
De se refaire, se tirer de là
Rêvant seulement de l'au-delà
Vachement gonflée l'humanité
Elle se suffit de ses succès
Et pour le reste, pas concernée
Pourvu qu'elle soigne sa petite santé
Mimi la rousse, bien mal servie
Vomit sa haine et son mépris
Pour cette vie qui vaut pas cher
Acte de naissance, solitaire
Placée d'office chez les fous
Simple réflexe, d'humanité
Ce qui lui manque, c'est pas les sous
Mais d'être comprise et respectée
La destinée, l'a pas gâtée
A croire que Dieu a des ratés
Autre expression, genre ordurier
Trop tôt à chaud, tête démoulée…
Que conseiller à cette laideur
Fuir son portrait, se faire pendre ailleurs
Dépasse les bornes, pour ces horreurs
J'en porte la croix, souffre mon cœur
De cette histoire à coucher dehors
J'ai un peu honte de mon sort
Pour pas tomber dans le désespoir
Alors j'évite mon miroir
Faut pas parler de cruauté
Car les braves gens en ont assez
Ça heurterait leur dignité
De n'être pas du bon côté
Mimi maligne, porte guigne
Du haut de son Ciel, me fait un signe
Petite marchande d'allumettes
J'ai conservé son amulette
Dans les quartiers qu'on dit tranquilles
Survivent des Etres, victimes, dociles
On les enferme derrière des grilles
La société s'en débarrasse
Euthanasie les sales races
Et holocauste les humanistes JC Blanc août 2021 (du vécu)
Il faut toujours conserver ses amulettes sur soi. C'est pratique pour le barbecue. :o))
· Il y a environ 3 ans ·Hervé Lénervé