Mirabilis

damian

Sous la lune d'argent le lac scintillait
Changeant sa surface lisse en un curieux miroir
Où dansaient des images issues de ma mémoire
Glissant depuis mes yeux lorsque je me mirais

Dans l'onde je voyais les mille chemins possibles
Les croisements, culs de sac, les sentiers ignorés
Les actes, les conséquences, les causes oubliées
Toutes ces voies secrètes et leurs fruits invisibles

Ces routes mille fois tracées formaient d'étranges esquisses
Ici une rose radieuse, là une lame acérée
D'elles naissaient encore des tableaux familiers
Visages, scènes passées surgissant de l'abysse

Un éclair soudain vint rider les eaux claires
Quand hors des profondeurs surgit une main blanche
Puis le regard bleuté d'une nymphe vive et franche
S'extrayant d'un abyme aux couleurs mortifères

Ses doigts opalescents frôlèrent mon torse pâle
Et dans sa paume ouverte vint se lover mon coeur
Baignant dans sa lumière, blotti dans sa douceur
Il quitta ma poitrine sans me coûter un râle

Du rouge organe éclot un lys enténébré
Qui s'épanouissait, tige enserrant la chair
Le comprimant bientôt en ses étranges serres
Consumant son essence avant de se faner

Alors, d'un même élan, plante et organe noircirent
Devinrent de grises cendres, tombèrent en poussière
La surprenante naïade s'évanouit dans l'air
Le souffle me manqua et je crus bien périr

Dans le miroir du lac, mon image se troubla
Mue par une vie propre, elle quitta la surface
Elle m'arracha mon âme dans un soupir lasse
Privé de sa substance mon être s'effaça

Dans un flot d'étincelles le néant m'engloutit
Effaçant toute trace de ma maigre existence
Rêve désincarné, j'errais, plein de souffrances
Gommé par le Destin, aujourd'hui plus ne suis.

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