mire-toi
Clara Ottaviano
Regarde la surface
et plonge-s y lentement,
que tu salisses ta face
de cette eau qui te ment
et ondule, indolente
se jouant de ta vue,
qu'elle agite, inconnue,
sous tes yeux, l'insolente.
Pleure du sel acide,
et boit sans faire exprès
dans l'eau douce et placide
que tu crois contempler.
Sans profondeurs ni tourments
elle stagne en ondes mortes,
attend-elle sagement
l'abandon d'une escorte... ?
Le poids de ton corps las
invoque l'étrange courant,
qui englobe en vidant
l'ampleur d'un doute si plat
dont l'herbe se moque tant,
autant qu'elle pétille
quand il pleut trop longtemps,
ornant ses pointes de billes
translucides comme toi
mélangées, impassibles
à ce miroir sans tain qui boit
par goulées indicibles,
ton visage ébahi et offert,
ton regard incapable et sauvage,
et puise l'éternel éphémère
que reflète l'eau crépusculaire et sans âge.