Mise au point

Il existe sur cette Terre aride, deux catégories de personnes hautement nuisibles lorsqu'on souffre de trouble(s) psychologique(s), et qui méritent que l'on dépeigne leur ignominie, que l'on prévienne leurs méfaits : ceux qui profitent de notre fragilité pour répandre leur méchanceté et ceux qui en sont ravis car cela les rassure sur leur propre existence merdique. Les deux sont à éviter strictement pour se rétablir le plus convenablement possible, mais aussi pour conserver un minimum de sérénité. Ces succédanés d'êtres humains sont à leur espèce ce que les mouches sont au règne animal, de véritables emmerdeurs qui vous rendent nerveux, vous avez envie de les écraser violemment entre les paumes de vos mains, de les pulvériser avec des produits chimiques, ou encore qu'ils se scotchent sur un ruban adhésif et ferment ainsi leurs grandes gueules pour le reste de l'éternité. Ces gens sont néfastes et il est de vôtre devoir de vous en détourner, en tout temps, et d'autant plus si vous en bavez avec des problèmes psychiques.

La première catégorie, qui, je le rappelle se compose de ceux qui déversent leur hargne sur les personnes vulnérables, est la plus facile à repérer de prime abord. Ce sont généralement des gens bruyants, de ceux qui aiment attirer l'attention et concentrer les conversations sur leurs « exploits ». Ce ne sont pas les plus malins, mais ceux que l'on entend le plus. Malgré leurs grimaces et leurs blagues, la méchanceté et l'amertume suintent de leurs yeux mesquins, exhalent de leurs rictus malfaisants. Dès lors qu'ils détectent chez quelqu'un une faille potentielle et douloureuse, ils la creusent : vous vous sentez mal à l'aise en groupe ? Ils vont vous demander, devant toute l'assemblée, pourquoi vous hésitez lorsque vous prenez la parole ; vous souffrez de dépression en ce moment ? Ils vont vous brusquer avec un « tu fais toujours la gueule » ou encore un « espèce de dépressif » (on n'EST pas dépressif, on souffre de dépression), ce qui vous fera vous sentir coupable de votre état. Et si vous êtes dans une phase maniaque, ils murmureront que vous faites votre intéressant, -vous leur volez la vedette, et que vous avez sans doute pris de la drogue… ce qui vous donnera envie de les irriter toujours plus avec vos provocations ! Vengeance ! Jubilation ! Bon, je m'emporte.

Tout ça pour dire que ces raclures doivent cesser d'utiliser les blessés de la vie comme marche pied de leur podium en plastique. Oui, vous les avez vus, vous savez qu'ils existent, et ils brillent socialement ; et pour cause, ils sont gravement adapté à la société actuelle : absence d'empathie, superficialité, sentiment de supériorité…. Mais cela ne leur donne pas le droit de passer injustement leurs nerfs sur vous, comme pour vous rappeler à quel point vous ne valez rien, -ce qui est faux mais que vous croyez souvent. Vous n'aurez pas droit à leur respect cordial tant que vous serez une telle « loque », « bizarre » et « faible». Et effectivement, le jour où ils vous ont attaqué, peut-être ne vous êtes vous pas défendu, accablé et désespéré que vous êtes par vos souffrances invisibles. Mais la roue tourne, et les hamsters piégés à l'intérieur de la roue du Paraître, ce n'est pas vous, ce sont eux.

Passons à la description de la deuxième catégorie, ceux qui ont besoin de personnes malades autour d'eux pour se sentir mieux. Ils ont au moins l'avantage, par rapport à la première catégorie, de distiller leur poison de manière plus ou moins inconsciente. Ils agissent davantage par bêtise et/ou  ignorance que par méchanceté, et sont susceptibles de faire parti de votre cercle d'amis. Sous le couvert de la sacro-sainte bienveillance, ils peuvent vous poser des questions stupides par rapport à vos troubles, vous balancer des lieux communs qui le sont tout autant, vous diagnostiquer (« non mais t'es schizo ! », - à dire avec avec un ton alarmant) ou encore vous prédire l'avenir (« Hann mais tu vas finir en désintox », -merci pour les encouragements). En fait, votre présence mobilise en eux la peur, le rejet, les préjugés et la stigmatisation des troubles mentaux. Et par contraste, ils trouvent leur position de personne « saine » et leur terne existence bien enviables. Personnellement, je ne les jalouserais jamais : je préfère la houle au calme plat.

Quoiqu'il en soit, lorsque vous partez de chez eux, vous vous sentez encore plus mal qu'avant d'arriver, vous vous sentez incompris, diminué, et vous avez la haine. Il est très, très, TRES énervant d'entendre une personne déblatérer des (faux) préjugés sur les troubles psychiques lorsque cela vous touche personnellement. De même, quelqu'un qui pointe tous les aspects négatifs de votre vie et vous perçoit comme une pauvre victime niquée du cerveau, n'est pas très utile en temps de crise, -et c'est un euphémisme. Enfin, ces personnes ne vous comprendront jamais car elles sont trop matérialistes : pour elles, si t'as un travail, un amoureux et un logement, tu vas bien. Si t'as pas de mec, tu vas mal. Si tu démissionnes d'un taf, c'est parce que ce n'était pas pour toi, mais pas parce que tu vas mal. Bon, je simplifie, mais c'est pour donner un aperçu de la profondeur d'analyse de ces gens. Bref, le mieux est encore de vous en éloigner car ils ne vous comprendront jamais. A part s'ils viennent à souffrir de problèmes psychiques, mais cela arrive rarement ; ils ont trop peu de conscience de soi pour douter d'eux-mêmes, ce qui les protège contre plusieurs troubles. Et puis de toute façon, vous les intéresserez beaucoup moins lorsque vous irez mieux.

Je conclurais sur les points communs que partagent ces deux catégories : ce sont les mêmes qui abusent de votre sensibilité pour vous demander diverses faveurs. Ils vous croient malléables, prêts à tout accepter en raison de votre attitude peu assurée, alors ils tentent. Voilà comment vous vous retrouvez avec un vieux pervers sur le dos à qui vous avez juste donné une clope, une invitation appuyée à une séance de dédicaces d'une meuf dont vous n'avez rien à carrer… ETC ETC. Enfin, les deux profils manquent d'ouverture d'esprit, ne cherchent pas à comprendre et jugent à l'emporte-pièce. Finalement, ils souffrent d'une profonde ignorance et incompréhension du fonctionnement des troubles psychiques, alors, qu'ils se renseignent ! Ou qu'ils la ferment.