Miss Gadget

Jean Claude Blanc

braves cons de consommateurs, on achète à tours de bras d'objets inutiles, juste pour le plaisir de les laisser de côté mais heureux d'avoir profité des prix cassés...

                       Miss gadget…

Si tout se vend, c'est que tout s'achète

(La vérité de La Palice)

Argent comptant, charmantes minettes

Pour elles pas un gros sacrifice

Que d'aller faire leurs emplettes

Furetant sans cesse le moindre gadget

 

Une bricole de 3 fois rien

Galerie farfouille, pas chère payée

Mais qui va rester dans son coin

Sur l'étagère des WC

Pour distraire les constipés

 

C'est le grand cri s'en procurer

Même inutile, laissé de côté

Pour s'en vanter, et démontrer

Qu'on fait la course au progrès

En plus de ça, à prix cassé

 

Abasourdies, coquettes copines

Qui vont marcher dans cette combine

Iront chiner, hélas ça rime

Avec objets venus de Chine

 

Truc, bidule, zinzin, trucmuche

Miss maligne, planque ses astuces

Sûre qu'il n'y a aucune embûche

Mégote à l'aise, adepte des puces

 

Chez elle abonde en pêle-mêle

Des ustensiles en souffrance

En vérité, vaste bordel

S'y retrouver, bonjour l'ambiance

 

Tas de vaisselles, de toutes sortes

Jamais complètes, en désordre

Des saintes vierges sans la tête

Disparates coupes en cas de fête

Bouquins de cuisine, ou manquent les recettes

Mais l'essentiel préservé

Pour se prouver qu'on est friqué

En apparence, pied de nez

Pour ceux qui n'ont rien à bouffer

 

Même de bon ton de s'affubler

D'ordinateur, hi-phone télé

Hélas encore une fois grugé

Pour s'en servir, faut être calé

Mademoiselle sans cervelle

S'en offre vite avec zèle

Mais trop savants, ces instruments

D'avance prévu, le dénouement

Incapable d'allumer l'écran

Sans la notice, laisse tout en plan

 

Plein à ras bord son royaume

Pas de souci, pour roupiller

Va le transformer en aquarium

Silence régnant, de poissons muets

 

Consommatrice captivée

Par ce qui brille tellement tentée

Sa boite à lettres dégueule à souhait

D'extravagantes publicités

Alors ne peut y résister

 

Principalement en fin de semaine

Où de se lever tôt, n'a pas la flemme

Tandis que bradent les « Les Mousquetaires »

Entre grandes surfaces, se font la guerre

Miss poubelle, pour sa voiture

Démarre en trombe, dès l'ouverture

Un peu de honte, vite passée

Journée de détaxe, faut profiter

Ainsi elle fonce, sort sa bagnole

Bonne ménagère, dans son rôle

S'en va de suite à moindre frais

S'en emparer, produits daubés

Risquant moisir dans le buffet

Jeune brave poire, pas avertie

Se voit proposer un crédit

A faible de taux, pour ce fourbi

Régler de suite, quelle crétinerie

Y'a pas de petites économies

Pour se faire baiser, naïve fourmi

Remboursements, temps infini

 

Capharnaüm que son studio

Mais elle en a pour son pognon

Car pour ne pas mourir idiot

Faut tout connaitre, pour pas un rond

Alors s'honore de ses tromblons

Trônant du sol au plafond

Réjouissance garantie

Lui en a coûté que peu de roupies

Bien que modeste son idéal

Suffit son bazar à cent balles

Ça lui remonte le moral

 

Miss gadget, c'est vous, c'est moi

On marche à ce cinéma

Une drogue dure, pour les rapiats

Où la finance fait la loi

Concluant un deal, avec l'Etat

 

Chacun de nous candide amer

En redemande, sa part de chimère

Que nous exaucent comme l'éclair

(Pas inventé… centres Leclerc…)

Preuve que ce monde sombre frustré

De rêves et de nouveauté

Alors de mode se gaver

De bitonios sans intérêt

Pour s'y peu on se damne, bêtes à manger de l'avoine

Mais pas l'horreur qu'aux dames, les hommes aussi s'enflamment

Déboursent sans état d'âme, tandis que les pauvres rament

Replète humanité, qui s'ennuie trop gâtée

Avare de ses deniers, se fend en charité

Pour bagatelles gagées, au mont de piété   JC Blanc novembre 2017  

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