Moi, le Corbeau
raphaeld
Sur le rebord de ma fenêtre, je me dis que cette ville est belle au crépuscule, lorsque les rues ne retentissent plus que de rires et d'entrechocs de verres invisibles.
Mon regard va chercher les étoiles voilées, mais qui un jour reprendront leurs droits sur cette terre déshumanisée. Puis il se dirige vers le bout de la rue, où passent quelques ombres chinoises.
Je déploie mes ailes, je prends mon envol. Le vent est frais et je file invisible, car mon plumage est noir et sublime comme la nuit.
Je suis l'œil dans le ciel. Je reconnais les lieux où se sont faits et défaits des liens passés, je remonte les chemins de quotidiens révolus, j'effleure du bout de mes ailes les théâtres de mes souvenirs.
J'entends la complainte de mes puissantes serres, de l'encre de mes ailes, de mes entrailles de grand corbeau.
Si familière et si étrangère.
Je m'élève, je m'élève encore, et je vois qu'ici les étoiles ne sont pas dans le ciel, mais à terre.