Mon amie d'avant.

 Est ce que c’est sensé se terminer ainsi ?

On se retrouve seul chez soi un soir, à repasser de vieilles photos, on sourit, on a le cœur serré, on rigole, on commente à voix haute, avant de réaliser qu’on est tout seul.

Au début, on pensait qu’on serait toujours ensemble, que jamais rien ne nous séparerait. On en était convaincus, j’aurais put parier là dessus, mettre ma main au feu…c’était nouveau pour moi ces rires, ces délicieux cris et ses moments qu’on passait à deux. Si j’avais sut qu’ils auraient tari si vite, je m’en serais délecté dix fois plus. J’aurais essayé de prendre conscience, d’une façon ou d’une autre. Je n’aurais pas été juste un spectateur passif de mes émotions. J’aurais pris part à ces instants de nous deux.

Je t’aime toujours, mon amie.

Mais plus comme avant.

A présent j’aime le souvenir de nous deux avant, quand on était encore hier, cet hier à la fois léger d’insouciance, et lourd de nos rires aux éclats, ou il n’y avait que toi qui comptait pour moi. Maintenant c’est différent, je n’ai plus vraiment envie de rien avec toi. C’est peut être un peu prématuré pour le dire, pour en être réellement convaincu, mais c’est ce que je ressens. Il me suffirait de composer ton numéro de téléphone pour entendre ta voix, et faire comme avant. Mais je n’en fais rien, parce que je n’en n’ai plus envie. Je sais ce que tu vas me dire, et je n’ai pas envie de l’entendre.

J’ai comme une grosse boule qui m’obstrue la gorge tu vois. Lorsque je regarde ces photos. Je ne reconnais plus ces personnes, jadis si proches et si complices. Ça fait mal de réaliser qu’elles me sont étrangères, et pourtant toujours si ressemblantes. C’est nous, après tout. Alors pourquoi ne pas faire semblant, se replacer dans les décors, et prendre la pause tels des modèles pro, des mannequins payés au sourire. Pourquoi ne pas se mentir et balayer ces différences du revers de la main ? ça serait tellement plus simple.

Mais qu’est ce qui a changé au fond ? Je trouve ça injuste qu’on ne puisse pas rester comme avant. Parce qu’on doit murir et changer, considérer tout avec des yeux nouveaux, tout refaire avec de nouvelles manies, qui demain changeront à leur tour. C’est nous qui avons changé. Et ces photos que je vois, elles me paraissent trop pâles, trop figées, ont y est comme à l’étroit. Je ne sais pas qui à tort, ou qui a raison. Je ne suis même pas sûr qu’il s’agisse de ça. Non, ça serait trop facile. C’est juste qu’on a changé. Et pourtant j’ai essayé de te changer aussi, de te transformer, comme moi pour que, comme avant, on continue ensemble à rire.

Nos chemins se croisent, et nos regards aussi. Mais ils sont vides pour nous, et brillent pour d’autres, de nouveaux amis, ceux là qui nous ont dérobés l’un à l’autre.

C’est étrange, je t’aime encore, mais sans vraiment t’aimer.

Tu ressens quoi, toi, lors que tu me regardes là ? A quoi tu penses ? Est ce que tu regrettes, ou alors tu t’en fiches ? J’ai un peu peur de me l’avouer mais tu sais quoi, je veux bien croire que tu m’aimes encore un peu.