Mon cerveau
Aurélia Demarlier
Mon cerveau est un parchemin,
Incendié de mots inhumains.
Le réduire en cendres, je voudrais bien
Mais mon cerveau jamais ne s’éteint.
Mon cerveau est un silex
Qui sculpte dans le monde
Les limbes de ma détresse,
Mes angoisses vagabondes.
Mon cerveau est un bolide incontrôlable
Qui file à toute allure,
Je me sens sur un siège éjectable
Et pourtant la course dure…
Mon cerveau est un objet non identifié
Qui laisse perplexe ceux qui osent l’approcher,
Mon cerveau ne cesse de me complexer,
Il est trop grand, trop déglingué.
Qu’on ôte la tumeur
Qui m’empêche d’être normale,
Qu’on calme ses ardeurs
Qui contrarient ma vie idéale.
Qu’on le maitrise, qu’on le matraque,
Qu’on isole ce qui le détraque,
Qu’on injecte dans ses failles
Un sérum réparateur.
Qu’on le réduise de taille,
Qu’on lui apprenne à ne plus avoir peur,
Qu’il ne soit plus pour moi source de danger,
Qu’il ne soit plus pour moi source de regrets.
Et qu’on arrondisse ses angles
Pour qu’il cesse de sculpter
Ma douleur dans la beauté du monde,
Ma douleur dans ton regard bleuté.
Et, enfin, qu’on l’écrase sur le papier
Pour en faire un objet de musée
Et que les gens puissent admirer
Les mots qui rendent mon air vicié.