Mon hospitalisation à moi. (Tranche 2)

Hervé Lénervé

Allez, je m’y remets, puisque j’ai commencé les confessions intimes, autant en finir au plus tôt

Bon allongeons-nous sur le divan, pour l'occasion, c'est un lit médicalisé, sur lequel je suis relié à mes tuyaux. Donc, pisser égal pistolet, que le personnel appel urinoir, certainement, qu'étant militaire, ils craignent de confondre l'arsenal. Pour le solide, le bassin, que le personnel appelle, faute d'ambigüité, bassin. Pour se laver, il faut se faire laver. Ceci pour dire que comme posture, dans votre chemise ouverte à tous vents, il y a plus prestigieux.

Bon, comme j'ai connu plus d'hospitalisations jugées sérieuses, que de vies de chats, je suis, sans en être blasé, un peu rodé à la chose. Je précise, nonobstant que je ne tire aucune fierté de ces répétitions malencontreuses, mais que les chats peuvent toujours aller se rhabiller question endurance.

Donc revenant aux choses sérieuses.

La journée, même si le temps était long, les passages des internes, des infirmières toujours aimables et sympathiques me distrayaient et me tenaient dans un principe de réalité.

Il en était tout autre la nuit, où sans sommeil, je commençai à délirer grave. Je n'étais plus dans un hôpital, mais dans un hôtel, voir une auberge, voir une maison d'hôtes, situés en Suisse ou en Belgique. Les médecins, internes infirmiers et consœurs, consorts, concerts en sol mineur, étaient les adeptes d'une secte qui faisaient des expériences psychologiques illicites sur la privation extrême de sommeil. J'étais leur sujet-cobaye. De plus, dans la réalité, devant moi, il y avait une grande glace qui donnait sur le bureau des médocs, dans la nuit elle devenait un miroir qui me projetait le matos que j'avais derrière moi et que j'entendais biper seulement. Monitoring aux vives lumières clignotantes, compresseur pour l'oxygène et divers bidules tous plus inutiles les uns que les deux. Dans ce tableau le reflet du moniteur dans le miroir  aux allumettes ressemblait, pour de vrai, à une espèce de baraque de chantier customisée en engin spatial intergalactique, terminus voie lactée à la menthe. Le bord inférieur de la vitre était à ma hauteur de vue, si bien que je donnais sur un immense parking extraterrestre. Où des mecs bizarres se promenaient en scaphandres en eaux troubles ou armures médiévales casse têtes en main ou encore en combinaisons blanches, dosimètre à la poitrine, genre celles des zones à risque des centrales nucléaires.

Puis vinrent sournoisement, les hallucinations ou du moins les troubles visuels. Cela commença par des poils, ou des cheveux dans les mains, j'essayais de les enlever, mais ils étaient si souples et si fins que je n'y arrivais pas. Je demandais l'aide de mon épouse, qui était souvent à mon chevet, peut-être par inquiétude que je dicte un codicille à une jeune et jolie infirmière. Elle me disait, mais il n'y a rien du tout, tu n'as rien aux mains ! Tu n'as rien aux mains ! Si bien que je la croivais (du verbe croive), car elle a un meilleur jugement que moi.

Ainsi, les mains nues et la vue courte, j'observais un jeu de lumière sur un angle de je ne sais quoi, lentement en émergeaient de petits poissons, genre alevins aux gros yeux qui se tortillaient comme des têtards pour remonter le courant. Un autre éclat, plus loin se transformait en gouttes d'eau qui ruisselaient, puis lentement le mouvement s'inversait et les gouttes lassées de toujours descendre aux enfers remontaient au plafond pour hydrater l'Eden qui aurait dû être un désert aride par principe gravitationnel.

Etrange tout ça, non ? Bon en bref, je devenais dingo ou fou allié aux fines herbes ou toquet du chapeau, comme disent les psychiatres, mais un truc comme ça qui n'a plus toute sa tête, j'en rigole, à présent, mais je n'en rigolais pas du tout, à l'absent.

Vivement la tranche trois qu'on se fende la tronche en deux.

  • Vaut mieux hydrater l'Eden que rester sans soif devant l'Everest: c'est pas 8 848 mètres qui vont changer les délices.

    · Il y a plus de 5 ans ·
    Philippe effect betty

    effect

    • Il parait qu’il y a foule pour l’ascension de l’Everest. Une fille d’attente à vous dégoûter des gueux dantesques de la grande époque d’URSS pour acheter du « y en a plus. »

      · Il y a plus de 5 ans ·
      Photo rv livre

      Hervé Lénervé

  • La nuit tous les Martiens sont gris.

    · Il y a plus de 5 ans ·
    30ansagathe orig

    yl5

    • C’est connu, les Martiens sont tous des pochtrons ! :o))

      · Il y a plus de 5 ans ·
      Photo rv livre

      Hervé Lénervé

  • Les deuxfois où j'ai dû aller à l'hosto, aux urgences, je m'y suis retrouvé bien portant. Miracle ou paradoxe du syndrome de la blouse blanche ?

    · Il y a plus de 5 ans ·
    275629861 5656871610996312 6495493694404836520 n

    Mario Pippo

    • C'est ce qu'ils disent quand ils ne veulent pas encombrer les lits et se donner du taf supplémentaire. :o))

      · Il y a plus de 5 ans ·
      Photo rv livre

      Hervé Lénervé

    • Non, non. J'avais tellement la trouille des blouses blanches que j'ai guéri sans soins :)

      · Il y a plus de 5 ans ·
      275629861 5656871610996312 6495493694404836520 n

      Mario Pippo

    • La peur qui sauve ! :o))

      · Il y a plus de 5 ans ·
      Photo rv livre

      Hervé Lénervé

    • Sauve qui pneu, comme disait un garagiste de mes amis :)

      · Il y a plus de 5 ans ·
      275629861 5656871610996312 6495493694404836520 n

      Mario Pippo

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