Mon mariage, de l'esclavage à la liberté - version originale
Franck Demaury
Je me souviens de ce jour où il me rappela que j’avais oublié de remplacer le papier essuie-tout dans la cuisine. Cela peut paraître banal sauf que nous nous sommes rencontrés à l’âge de 15 ans et qu’il était mon professeur de tennis. Mon père me poussait à jouer tous les jours jusqu’au moment ou, par dégoût, je me suis cassée le poignet volontairement. Depuis mon enfance, le tennis avait envahi ma vie. Les compétitions, les entraînements quasi-quotidiens et ce milieu de haut niveau avaient eu raison de ma passion. Je ne voulais plus sacrifier mes moments de détente pour un sport que mon père aurait aimé pratiquer. J’ai essayé d’en parler plusieurs fois avec lui mais il ne voulait rien savoir. Au cours d’un entraînement, je me suis volontairement fait chuter pour me casser le pied. La décision était extrême mais tellement simple à prendre pour arrêter mon calvaire. La douleur était insupportable mais la liberté était géniale. Je profitais de la vie jusqu’au moment ou le médecin enleva le plâtre et que je dus reprendre les entraînements. Je pleurais en allant à la salle de sports et mon père me disait que j’avais grossi. Alors, j’ai arrêté de manger le soir, puis les repas du midi devenaient de plus en plus légers, déjà qu’ils n’étaient pas copieux mais le résultat était là, je perdais du poids mais pas assez à son goût. Je me souviens de ce jour ou nous étions au restaurant et que nous avions beaucoup mangé. Je suis allé aux toilettes pour me rafraîchir et soudain je me suis fait volontairement vomir. C’est à ce moment là, où j’ai véritablement commencé à être malade. Les jours suivants, je mangeais des petits repas et je partais les régurgiter quelques minutes après, sans que personne ne se doute de quelque chose. Ma perte de poids était spectaculaire mais je me sentais tellement faible et sale à la fois. Mon père n’y voyait rien et son plaisir était revenu lorsqu’il me regardait jouer. Je continuais à me faire vomir même si je contrôlais au mieux mon poids. Toutefois, je culpabilisais toujours même après avoir mangé très peu. Le bonheur de mon père allait vite prendre fin lorsqu’en compétition mon talon d’Achille m’a lâché. Malgré les soins apportés par un grand spécialiste, le médecin annonça à mon père que ma carrière était terminée. Après cette annonce, il n’a plus jamais été le même avec moi. Alors dans cette cuisine, devant le rouleau de papier, après une réflexion mal placée de l’homme qui partageait ma vie, je revoyais tous les souvenirs de ces dernières quinze années passées en compagnie d’hommes.
Lorsque nous nous sommes rencontrés, il était légèrement plus vieux que moi et je ne voulais pas l’aimer. Cet homme était grand, beau et viril. Sa carrure de sportif m’impressionnait et faisait de lui mon protecteur. C’était aussi mon professeur de tennis et aucune relation ne pouvait avoir lieu entre nous car il avait une petite amie et moi, le mien. Et puis, lorsque j’ai du arrêter ma carrière, nous n’avons plus gardé contact même si je l’aimais secrètement, je ne voulais pas me blesser davantage dans une relation impossible. Tout se passait à merveille avec mon petit ami mais le visage de cet homme me revenait souvent en tête et ces pensées créaient des moments de doutes dans mon esprit. Même si j’aimais mon premier petit copain, nous sortions parfois chacun de notre côté. Nous allions dans de nombreuses soirées et vivions chez nos parents respectifs. Toutefois, la voix et l’odeur de mon prof de tennis me manquait plus que jamais. Pendant trois ans, je ne l’ai pas revu car mon petit ami était l’homme parfait. Et puis une fois, je suis partie en soirée. Elle se déroulait en campagne et les cris de joies de mes amies faisaient échos jusqu’au lac où je m’étais posée. J’étais assise sur un ponton, les pieds au dessus de l’eau et je pensais à ma vie en observant la lune brillait. Soudain, j’ai sentie une présence derrière moi et une voix prononça les mots suivants « Bonsoir, je peux m’asseoir ». Alors, je me suis retournée et j’ai vu le visage de ce professeur de tennis que j’avais toujours gardé en tête. Mon cœur se mit à battre très vite et bien sûr, je lui ai donné l’autorisation. Et puis, il s’est mis à mes côtés et nous avons discuté. L’ambiance était très romantique et le temps semblait s’être arrêté. Nous avons parlé pendant des heures et cette longue séparation semblait n’avoir duré que quelques minutes. J’avais alors 18 ans et notre histoire commença à l’instant ou il m’embrassa pour la première fois. Il était deux heures du matin et nous passâmes la nuit dans les bras, l’un de l’autre. Le lendemain, j’ai rompu avec mon petit ami. Il en a énormément souffert et a essayé de me reconquérir à plusieurs reprises jusqu’au jour ou nous avons pris un café et que nous nous sommes expliqués. Je n’avais aucune tristesse lorsque j’ai rompu. J’étais confiante. Il savait que je l’aimais toujours et comme moi, il s’était voilé la face. Mon ancien prof de tennis était officiellement devenu mon petit ami et lorsque nous nous revîmes dans la soirée, il m’embrassa pour la seconde fois. C’était d’ailleurs l’une des premières et dernières qu’il le faisait.
La vie se déroulait sans problème sauf lorsqu’il faisait ses petites crises, qu’il me quittait et qu’il revenait après m’avoir promis qu’il m’aimerait à jamais. J’en avais fini avec le tennis et les compétitions insupportables. Ma blessure au talon d’Achille avait sonné le coup de grâce à cette épreuve mentale et physique que mes parents m’infligeaient depuis mon enfance. Mon homme continuait bien sûr sa carrière d’entraîneur. Très introverti, il ne parlait pas beaucoup et ne m’expliquait jamais ses journées. Il a toujours été ainsi et cela ne me dérangeait guère. Parfois, je sortais avec mes amies et lui proposait ses cours à ses élèves. Lorsque nous rentrâmes le soir, nous partagions peu de mots, seuls des regards servaient à la communication. Parfois triste, il montait dans son bureau pour travailler, parfois joyeux, il montait quand même pour travailler. Je ne savais pas quoi faire. L’anorexie était encore présente dans ma vie car mon poids était devenu une obsession. Mon homme n’en savait rien et ma famille n’avait toujours rien remarqué. Il était distant et aucune raison ne pouvait l’expliquer. Un soir, je lui ai demandé s’il y avait un problème et il m’a répondu qu’il n’y en avait aucun. Quand je repense à cette époque, nous ne faisions pas l’amour ou très peu. Il n’aimait pas embrasser mais il était très câlin. Il vivait de sa passion et me construisait une belle maison.
Proche de chez mes parents en région Parisienne, cet abri a souvent été le théâtre de mes maux et mes malaises. Seule dans cette vie sans but, je déprimais à vue d’œil. Mon homme devenait de plus en plus insociable et n’aimait que ses amis. Les miens n’étaient pas assez bien pour lui et très vite, mon portable a cessé de sonner lorsqu’ils ont compris le peu d’estime qu’ils avaient auprès de mon fiancé. Par passion, j’ai accepté qu’il me fasse l’amour même si certains soirs, son corps me dégoûtait. Et puis une nuit, je suis partie. Loin, très loin mais cette solitude me troublait et mes parents me manquaient. Après quelques mois, il est venu me chercher. Se faisant pardonner, je suis rentrée dans la maison qu’il nous faisait construire afin d’élever nos enfants. Ma mère ne comprenait pas mon départ mais je ne voulais guère la perturber avec mes problèmes. Elle avait des soucis plus importants que les miens et je ne souhaitais vraiment pas la submerger.
Quand nous sommes rentrés, son amour avait changé notre vie. L’anorexie était toujours dans ma vie, mais j’arrivais à contrôler ces troubles qui pourrissaient mon quotidien. Un an de bonheur suivirent cette période douloureuse et la vie reprenait un cours normale. On se voyait très peu en fait. Son travail lui prenait beaucoup de temps et ses entraînements firent passer cette année à une vitesse folle. Tous les soirs, je lui préparais ses petits plats et l’attendais patiemment. Un jour, il a fait sa demande en mariage. J’étais partie faire quelques courses et lorsque je suis rentrée, il avait préparé une sublime table et une lumière tamisée. Dans le bouquet de fleurs, il avait secrètement caché un écrin avec une sublime bague. Bien sûr, j’ai accepté la demande.
Le grand jour est arrivé très vite. Nous étions réunis dans cette chapelle de Seine et Marne. Il faisait beau et le prête a prononcé les mots « Je vous déclare mari et femme. Vous pouvez embrasser la mariée ». Il m’a embrassé, je vous le garantis. Il a tout d’abord soulevé le voile, mis sa main imposante sur le côté de mon visage et posé délicatement ses lèvres sur ma joue. A cet instant, ma vie venait à nouveau de basculer. Mon sang s’est glacé et je sentais que le calvaire allait recommencer. Il a vu dans mes yeux, quelques larmes. Toute la foule pensait qu’elles étaient attribuées au bonheur mais le drame se cachait en réalité derrière celle-ci.
Notre voyage de noce se déroulait à Los Angeles. L’anorexie était aussi dans mes valises. Pendant que mon mari visitait les lieux connus d’Hollywood, moi je voyageais dans les toilettes pour me faire vomir et rompre avec la vie. On admirait les paysages, enfin lui. Moi, je servais de traductrice malgré le fait qu’il ait un diplôme en Anglais. Lors des derniers jours, j’étais à bout. Une réflexion mal placée et mon manque de force ont eu raison de mes nerfs. Assise sur un morceau de trottoir américain, je pleurais et je ne pouvais pas me contenir. J’ai essayé de me calmer et je suis rentrée à l’hôtel. J’ai préparé ma valise en attendant le lendemain avec impatience. J’ai traîné dans Hollywood seule afin de me retrouver. Je suis revenue à l’hôtel. J’ai eu envie de vomir mais cette fois, je ne l’avais pas provoqué. Même si nous faisions peu de fois l’amour, j’ai appris quelques jours plus tard, que j’étais enceinte. Toute la famille était contente. Pour préserver mon petit bout qui viendrait au monde quelques semaines plus tard, j’ai décidé de me reprendre et d’effacer l’anorexie de ma vie. Je me suis inscrite dans une thérapie et mon médecin personnel m’accompagnait à travers cette période. Le secret médical l’empêchait de révéler mon problème à mes proches et cela m’arranger. Toute seule, je me suis sortie de cette maladie. Le chemin a été long mais je retrouvais le plaisir de porter des vêtements avec un chiffre normal inscrit sur l’étiquette. Mon ventre s’arrondissait et petit à petit, je sentais le petit bouger. Ma mère a vraiment été présente pendant cette période et je voulais lui expliquer tout ce que j’avais vécu mais je ne voulais pas l’ennuyer avec ça. Je n’ai jamais souhaité en parler à mes amies car je devais assumer seule ce choix que j’avais fait en l’embrassant le premier soir. Si j’avais pris le temps de découvrir ce personnage, je pense que jamais je ne me serais séparée de mon ex petit-ami. Je ne pouvais malheureusement pas refaire l’histoire.
Les semaines sont passées très vite et comme d’habitude, je vivais ce moment seule. Les achats du linge pour le bébé, les premiers meubles, les courses, dans ces grands magasins, les gens me demandaient si mon mari allait arriver pour m’aider et inlassablement je leur répondais que mon mari était vraiment trop occupé. Je l’aimais énormément mais à l’annonce du mot « mari » par ces vendeuses, mes yeux se remplissaient de larmes et je commençais à pleurer. Elles mettaient souvent ça sur le compte de la grossesse et des émotions amplifiées. Mon mari ne souhaitait pas avoir d’enfant et moi, je ne voulais pas avorter. Cette solitude m’ennuyait et cette tristesse profonde me donnait envie de partir de chez moi. Malgré mon amour pour cet homme, l’idée de le voir rentrer me faisait peur. Quelle réflexion allait-il me faire ? J’avais envie de partir mais sans argent où serais-je allée ? Et puis un jour, la douleur s’est faite plus forte. J’étais dans les toilettes lorsque celle-ci arriva. J’ai appelé mon mari qui était à l’étage. Il est descendu et m’a demandé pourquoi je le dérangeais. Je lui ai dis que je perdais les eaux. Alors il s’est préparé, rasé, lavé et parfumé et m’a regardé en me demandant si j’étais prête. Evidemment que je l’étais. Je souffrais tellement que je suis partie en étant habillée comme un sac mais son arrogance me marqua plus que n’importe quoi d’autre. Arrivée à la clinique, je pleurais d’épuisement. Le travail était bien avancé et les contractions quittèrent mon ventre pour laisser mon petit amour naître. Quand à lui, il est parti après l’accouchement car il avait un match à jouer. Après deux jours, il est revenu me voir afin de s’assurer que j’allais bien.
Le grand jour étant arrivé, le papa allait se transformer. Eh bien non, pas du tout. Fidèle à lui-même, il ne s’occupait guère de l’enfant et ne s’intéressait même pas à lui d’ailleurs. Pour moi, cette naissance serait aussi ma renaissance. A chaque instant, je veillais sur le bébé. Chaque nuit, je le nourrissais et je l’endormais. Le bébé pleurait et lui râlait. Une nuit, alors que l’enfant criait, il a soupiré, puis s’est retourné dans le lit, j’entendais ses mouvements et soudain, il s’est levé et ses pas s’approchaient vers le lit du petit. De plus en plus vite, et de plus en plus fort, il est arrivé vers nous et s’est mis à hurler. Le moment était insupportable. J’ai pris l’enfant, je l’ai habillé et je suis sortie en pleine nuit afin de marcher et le promener pour le calmer. Lorsque je suis rentré, il s’en voulait. Il s’est agenouillé et m’a prié de l’excuser. Il était fatigué et je l’ai pardonné. Encore une fois, mais pourquoi étais je aussi passive face à cet homme stupide ? Au bout d’un mois, il ne se donnait même plus la peine de présenter l’enfant à nos amis.
L’enfant grandissait. Tous ces moments d’humiliations étaient effacés lorsque j’étais seule avec mon fils et que je le regardais courir et animer son visage de ce sublime sourire. Petite bouille d’amour, je faisais tout pour lui. Depuis longtemps, mon mari ne me regardait plus, ne me touchait plus, seuls ses cours et ses entraînements l’intéressaient. Je lui préparais ses repas, repassais son linge et m’occupais de mon enfant. Nous sortions très peu ensemble et lorsque c’était le cas, il me demandait de marcher quelques mètres en arrière. Jamais à l’avant, j’aurais pu lui faire de l’ombre avec mon état lamentable.
Avant, nous marchions tous les deux. Cette fois-là, j’étais trois pas en arrière lorsqu’il m’annonça qu’il partirait seul en vacance cette année. Il partait souvent une quinzaine de jours et je retrouvais ma liberté. Il me laissait suffisamment d’argent pour vivre. Je sortais avec quelques amies ou je revoyais ma mère plus souvent.
A mon tour, je partais seule en vacances. Je prenais mon petit avec moi et nous partîmes une première fois à la mer, puis une autre fois, nous allâmes au ski et ainsi de suite pendant de nombreuses vacances. Le temps passait très vite, mes amies revinrent me voir. Posées dans le salon, nous parlions beaucoup et parfois l’alcool aidait à délier les langues. Elles avaient remarqué que je n’étais plus la même depuis longtemps mais elles n’avaient jamais osé me demander comment j’allais vraiment. Bien sûr, elles s’inquiétaient et quand elles me demandaient comment j’étais, je leurs répondais que tout allait bien. Sauf ce soir là ou rattrapée par l’émotion, je leurs ai expliqué ma vie depuis que j’étais avec cet homme. Petit à petit, mots après mots, les larmes nous gagnèrent. Abasourdies, elles avaient du mal à imaginer mon mari de cette manière, et pourtant c’était la triste réalité. Elles me conseillèrent alors de le quitter et me proposèrent de m’aider. Mais, je savais qu’au fond de lui-même, il ne se rendait pas compte de ces paroles et de ces gestes. Son enfance avait été dure et cette manière d’être, était la sienne. J’écoutais quand même leurs conseils et prit note de leurs remarques car malgré son enfance difficile, mes amies me disaient qu’il n’avait pas le droit de me faire souffrir ainsi. Je ne savais plus quoi penser, après tout, cette vie était devenue mon quotidien. Étais-je tombée dans la routine ?
La vie a continué ainsi. Jour après jour, il ne me parlait pas, ne regardais pas et s’occuper guère de son fils. Il n’était ni violent ni méchant mais il aimait juste me dire les petites choses que j’avais loupé ou oublié. A ces yeux, je ne faisais rien de bien.
Après ça, nous fêtions les deux ans de notre fils. Le matin même, j’avais préparé un énorme gâteau et un grand repas. J’avais également invité nos deux familles pour un dîner, enfin seule sa mère serait venue puisque mon beau-père était décédé il y a quelques années. Lorsqu’il descendît, il était en survêtement et porté un énorme sac de sports. Je lui ai demandé où il partait. Il m’a dit « Tu te souviens, je t’avais dit que j’avais une compétition ». Evidemment, il ne m’avait rien dit sinon je n’aurais pas convié sa mère à venir manger. A l’arrivée de ma belle-mère, son fils n’était déjà plus là. Le repas s’est plutôt bien passé et sa mère était gênée par l’absence de son fils mais je lui annonçai que j’avais l’habitude. Surprise, elle souhaita discuter avec moi en privée mais je refusai la conversation. Lorsqu’ils partirent tous ensemble, mon mari arriva quelques minutes plus tard. Il était tard car ils avaient gagné et fêté cette victoire. Son dîner était sur la table avec un petit morceau de gâteau et moi, je suis montée me coucher sans rien lui dire. Je commençai vraiment à reprendre le contrôle de moi-même. Mes amies avaient raison lorsque nous avions discuté un de ces soirs. Je ne pouvais guère me laisser mener de cette manière.
Quelques jours plus tard, j’ai décidé de travailler. Après de nombreuses recherches, ma boîte aux lettres restait désespérément vide. Et puis, j’ai reçu une lettre. J’ai passé un entretien et j’ai été embauchée dans une grande entreprise internationale. A son arrivée, je lui ai annoncé que j’avais trouvé un travail. La seule chose qu’il a su me dire était « Super et qui gardera l’enfant ? ». Ma mère ! À partir de ce moment, j’ai repris ma vie en main. Nouveau travail, un fils adorable, je me sentais libre. Enfin, presque libre !
Je travaillais de 9h00 à 19h00 et lorsqu’il rentrait, son dîner devait être prêt et tout le monde lavé afin de nous asseoir à ses côtés et regarder le programme qu’il avait choisi. Evidemment, il ne parlait pas et mon petit ne faisait que courir. Pendant cette période, j’en ai vu des choses stupides. C’était sa nouvelle envie que je ne voulais plus supporter. Très vite, je lui ai dit que je n’étais pas là pour satisfaire ces petits caprices alors un soir, je me suis levé et j’ai fais ce que j’avais à faire. Médusé, il m’a regardé sans broncher. Il voyait un visage de moi qu’il n’avait jamais vu. Il m’énervait tellement que j’avais envie de le tuer mais je me reprenais très vite.
Bien sûr, aucune de nos deux familles n’ont jamais vu tout ça. Je sortais davantage et mes amis venaient de plus en plus souvent. Lorsque certains d’entre eux - qui n’étaient pas informés- venaient, ils me demandaient souvent pourquoi mon mari n’était pas là et je leurs répondais qu’il avait beaucoup de travail. Il était en fait dans son bureau pour ne pas les voir. J’ai souvent essayé de sauver notre vie de couple pour notre fils.
Pour ça, je marchais nue, j’achetais de la lingerie sexy mais il me demandait surtout de bouger, car je le dérangeais pendant son match de foot. Nous ne faisions plus l’amour depuis la naissance de mon petit cœur. Je ne sais pas si le pire était l’ignorance envers son fils et moi ou ses petits désirs à assurer. La vie n’était pas facile mais mon fils me comblait de bonheur et le travail me remplissait de joie.
Le stress était parfois présent mais mes parents m’aidèrent à élever le petit. Ils le ramenaient à l’école, et le prenaient en garde lorsque je ne pouvais pas m’occuper de lui. Je vivais de mieux en mieux mon quotidien et deux années passèrent très vite. Mon mari est resté égal à lui-même. Nous ne sortions plus ensemble et ne me regardait même plus. Son fils était devenu un inconnu pour lui. Nous partagions simplement le même toit.
Après ces deux années de travail acharné, j’ai obtenu une promotion. Mes parents m’ont félicité, sa mère m’a ignoré tout comme son fils d’ailleurs. Après tout, à quoi devais-je m’attendre ? Un jour, il m’a dit qu’il allait à une soirée entre amis. Puis, une deuxième, une troisième jusqu’au jour où j’ai compris qu’il passait ses soirées avec une de ces collègues. C’était sa maîtresse. Alors, j’ai décidé de le quitter. J’ai vraiment été stupide. J’aurais dû le quitter il ya bien longtemps, partir avant lui puisqu’au fond de moi, je souffrais et je me retrouvais finalement seule. J’ai parlé de notre séparation à ma mère qui l’a raconté à mon père.
Lorsqu’il est venu chez moi, il a insisté pour que nous restions ensemble pour le petit. Qui aurait pu rester avec ça ? J’ai quand même essayé. Il est vrai que je n’ai jamais vu mon père comme tel et je ne voulais pas que mon fils puisse vivre sans père à son tour. Mon mari était distant avec lui mais notre enfant s’accrochait toujours à lui comme pour lui signifier son existence. Nous avons refait l’amour mais, rien ne s’est passé en moi. Je me sentais presque violée. Pendant cette épreuve, il ne m’embrassait évidemment pas. Lorsqu’il avait fini, j’allais me doucher et je pleurais seule dans la douche. J’étais salie et je ne voulais pas l’avouer à mes proches. Je sentais son sexe me pénétrer et chaque instant devenait insupportable. Il prenait du plaisir et moi pas. Je n’avais juste qu’à fermer les yeux et me laisser faire. Une amie est venue un jour et je lui ai expliqué. Elle m’a simplement regardé et m’a dit que j’étais folle et que nous avions qu’une vie. Elle me rassura et me donna quelques conseils. Après tout, elle avait raison, même après avoir fait l’amour avec lui, rien n’avait changé alors devions nous continuer à faire semblant ? J’ai cherché un avocat et j’ai tout expliqué à ma mère. Elle m’a regardé et a fondu en larmes. Elle ne savait guère quoi me dire. Elle m’a prise dans ces bras et nous avons pleuré toutes les deux. Et nous sommes parties voir l’avocat ensemble.
Le soir du nouvel an, mon fils était à l’hôpital. Mon mari était contrarié, car il avait une soirée, alors je l’ai autorisé à partir. Il est allé retrouver sa maîtresse. Pendant cette soirée, je me suis aussi rappelée le jour ou j’ai accouché et qu’il m’avait laissé attendre pendant qu’il se préparait. J’étais si dégoûtée de cet homme que je ne souhaitais plus le voir dans ma vie. Je m’en voulais tellement d’être restée à ces côtés pendant toutes ces années et surtout pour ne pas séparer un fils de son père comme lui l’avait été à la mort du sien. Je crois que tous ces changements ont eu lieu à partir de ce jour là d’ailleurs. Désormais, il est trop tard pour y réfléchir.
Cette nuit de St Sylvestre était le coup fatal à notre couple. Le lendemain, il est arrivé, m’a dit « bonne année » et je lui ai annoncé que j’allais divorcer. Il était 14h00 et presque quinze années plus tard, je retrouvais ma liberté à l’annonce du divorce.
Les années suivantes ont été dures pour mon fils. Nous sommes sortis de nombreuses fois dans les musées, les grandes villes et chez le psychologue aussi. Pour lui comme pour moi, cela nous a permis d’apprendre avec vivre sans cet homme qui avait eu pendant quinze ans, la maîtrise de mes pensées et de mes envies. Ma liberté s’était échappée. Quelques mots me sont toujours en tête. Des syllabes que je me suis promise de ne jamais prononcer, tellement elles ont été blessantes.
Je l’ai revu récemment dans un restaurant. Il était avec cette même femme pour laquelle il nous avait abandonné le soir de la St Sylvestre alors que mon fils était gravement malade. Je suis allé au toilette et la femme m’a rejoint. Elle m’a regardé et m’a juste demandé comment j’avais fait pour le supporter. Je lui ai dit de partir tant qu’elle le pouvait. Je l’ai prise dans mes bras et je lui souhaité bon courage.
Lorsque je suis sortie, j’ai rejoint mon fiancée. Un garçon plus jeune que moi mais formidable. Je lui ai tenu la main et lorsque je me suis retournée, la porte d’entrée du restaurant venait de s’ouvrir et cette femme était entrain de s’échapper.