Mon psy et mon Moi profond...
Jean Claude Blanc
Mon psy et mon Moi profond…
Une fois par mois le mercredi
C'est un rituel, petite manie
Rendre visite à mon psy
A cause de lui, plus libre esprit
Addict soumis, je suis maudit
Dois lui prouver en ses séances
Que je retombe pas en enfance
Calcule d'avance en salle d'attente
Ce que je vais dire, sans que je mente
Savant sosie de Louis Pasteur
La barbe blanche et les lunettes
Réservé et d'égale humeur
Doit se farcir mes sornettes
Ma rage, la soigne, mais c'est un leurre
Sapé d'un jean et d'un vieux pull
Sombre avare de parole
Pour ne pas être ridicule
Comme foldingue, je joue mon rôle
Dans un 2 pièces, il tient boutique
Loué pour une somme modique
Où faut sonner avant d'entrer
Attendre son tour, pour se confesser
Sur son comptoir, vieux magasines
Des arriérées, revues de cuisine
Mais plus en vue, que serment, sermon
Tarif pour la consultation
Les cloisons n'étant guère épaisses
Perçois les plaintes d'une tigresse
Femme trompée, exaspérée
Qui n'arrête pas de pleurnicher
Flegmatique mon docteur
Ça lui suffit d'une demi-heure
Lire mon dossier, plein de malheurs
De lui seul connu, pour pas me faire peur
Drôle d'exercice pour mon cerveau
Chaque fois reprendre tout à zéro
C'est nécessaire pour mémoire
Revenir au début de l'histoire
Ainsi se déroule la mise en scène
Lui son fauteuil, moi sur ma chaise
Sûrement pour me mettre mal à l'aise
Que mes aigreurs se déchainent
N'ayant pas la langue dans ma poche
Je lui raconte, ma vie qu'est moche
Ma solitude loin de mes proches
Me voit venir, que du cinoche…
Pour l'embrouiller, c'est pas facile
En face de moi, bouge pas un cil
Fouineur de cervelle, c'est son métier
Sûrement pas perdreau de l'année
Parfois un mot, lance au hasard
Pour appuyer où ça fait mal
Sur son bureau, symbole d'espoir
Photos de ses gosses, me les étale
N'essayez pas de baiser un psy
Il connait toutes vos roueries
Moi-même artiste accompli
Peux pas toucher son empathie
Livrer mon corps à la science
Que mon cul nu, pas ma conscience
A la sortie, serais paumé
Pour conjuguer le verbe « aimer »
Nouveau malaise est arrivé
Qui se propage à en crever
Moderne crise, tous stressés
Les carabins ont du succès
Même qu'ils nous bourrent de cachets
Chacun le sien, pour nous patraques
Que l'on choisit comme une marque
Mais ça marche pas à tous les coups
Au plus en vogue on se voue
Comme le client en a un grain
S'aperçoit pas que ça sert à rien
L'autre pas con, par intérêt
Trouve un dindon pour l'abonner
Je n'invente rien, voir les chefs-d'œuvre
Du sorcier Freund, l'hypnotiseur
Qui pour les pauvres, la bitte en berne
Fait prendre vessies pour des lanternes
Mais le temps passe, c'est déjà l'heure
Me demander ma carte vitale
Causant qu'à son ordinateur
Le psy, comptable, se régale
Sur mes délires, fait son beurre JC Blanc avril 2016 (témoignage)