Mon Safari
Hervé Lénervé
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En fait, ce n'était pas tant la chasse qui m'intéressant, que l'adrénaline ressentie en risquant ma vie. D'ailleurs, pour cette raison, chasser le lapin et le perdreau… quel ennui ! Mais Quel ennuie !
Donc, j'étais posté avec ma carabine pour gros gibier dangereux, à la place où mon guide m'avait postée avec la consigne de n'en point bouger. Conséquemment, sans bouger, j'attendais le SS : le Seigneur de la Savane.
Voilà trois jours, qu'on me postait à cet endroit et je n'avais encore pas vu la queue, ni les crocs qui vont avec l'animal. J'étais donc habitué à ces longues attentes où rien ne se passe, même pas un bus de brousse en fond d'écran, rien de rien et c'est assez long à la fin l'éternité.
Quand j'entendis un grognement entre le feulement et le ronronnement. Un son doux, pas particulièrement agressif, mais qui glace le sang par sa puissance et sa force, on entendait que cela venait de très loin pas pour apporter de bonnes nouvelles. Alors, que l'animal était déjà face à moi, à me regarder. Il faut dire qu'il n'y avait pas grand-chose à regarder d'autre que moi, pauvre couillon avec sa carabine à bouchon ridicule, dans le coin.
Et c'est à ce moment, que je réalisai avec effroi que j'avais oublié de glisser une balle dans la culasse. Comment une telle négligence est-elle possible, chez un aventurier confirmé ? En fait je ne chargeais mon arme qu'une fois posté pour éviter tout accident de trajet. Étais-ce, la répétition des lapins posés de ces derniers jours ou ma distraction naturelle, qui me fit commettre cet impair fatal ?
Je ne saurais le dire, le fait est, que j'étais nu devant l'animal, qui était nu, lui aussi, mais ne semblait guère s'en inquiéter pour autant, le bougre. Les animaux n'ont aucune pudeur.
Donc pour parler de monter d'adrénaline, je peux vous dire qu'en toute honnêteté, j'étais en zone rouge, je faisais dans mon froc, quoi ! Je mesurais en pleine conscience la force et la beauté de la vie, j'existais pleinement, je revivais enfin, plus pour longtemps, certes. Et que fait-on quand plus rien ne peut sauver votre minuscule et misérable vie ? Que fait-on ? Oui ! On prie ! Et moi, le mécréant notoire, j'ai prié sincèrement en m'appliquant, j'ai prié le secours d'une Puissance Supérieure. DIEU, pour simplifier puisqu'il a déjà été inventé par d'autres. J'aurais honnêtement pu trouver la foi, ce jour-là, mais comme je suis nonchalant et maladroit, elle glissa sur moi et m'échappa par surprise.
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Donc, pour résumer j'allais mourir en connaissant la pire des morts qui m'a toujours effrayé, celle d'être dévoré par une bête moins bête que moi, car elle n'avait pas oublié ses griffes et ses crocs à la tanière.
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SUSPENS HORRIBLE & INSOUTENABLE !
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Puis, contre toute attente, le lion ne m'attaqua pas pour me dévorer, car c'était l'heure de manger. Il m'invita, donc, à partager son repas avec lui. Au plat du jour, un autre humain comme moi, tué de la veille.
Je ne tuai, donc, pas de lion dans mon safari, mais je ne fus pas déçu, car il me permit de goûter à la viande humaine. Ce n'est pas bon, certes, oui, dégueulasse, même, mais on s'y fait à la longue, aujourd'hui, je ne mange que de l'être humain.
Je devins pote avec mon Lion qui s'appelait Léon, un bon gars au demeurant, on continue à s'écrire de temps en temps pour s'échanger des recettes de cuisine.
Mes amitiés à Léon :o)
· Il y a presque 6 ans ·daniel-m
je n'y manquerai pas ! :o))
· Il y a presque 6 ans ·Hervé Lénervé
La viande humaine a le goût de porc, mais d'après le guide Tripàgisors la meilleure proviendrai des jeunes asiatiques ne consommant ni alcool ni tabac, ces produits rendant la chair inapte à la bonne chère.
· Il y a presque 6 ans ·yl5
Mais c’est bien sûr ! C’est pour ça que les nones prises au couvent sont bien meilleurs ! :o))
· Il y a presque 6 ans ·Hervé Lénervé