Mon silence

redstars


Crier, la tête dans l'oreiller.


Dégouliner de solitude, et c'est collant comme sentiment, ça accroche à la peau.

N'avoir que des cadavres dans la tête, des petits bouts morts qui ne veulent plus rien dire, et pourrissent là où devraient pousser les coquelicots.


Penser encore, penser toujours.

Penser ne pas blesser, penser ne pas faire ça.

Ne pas (lui) (leur) faire ça.


La tête qui tourne de n'avoir rien bu, et les cachets me font doucement rire. Je ne sais plus trop où j'en suis, ni où je vais, ni qui je suis. Je crois que je suis arrivée à un palier, et que désormais, en fait, je m'en fous.

Dans le miroir cassé, plus de reflet, plus d'ombre ni de lumière. Je ne me reconnais plus, j'ai trop gommé mes contours, je ne vois plus très bien.

Et toujours les mêmes points d'interrogations qui poussent un peu partout, qui poussent comme des champignons, et m'étouffent.


Crier, la tête dans l'oreiller.

Plus la moindre larme en stock, les yeux secs et arides. Je voudrais tant que l'on me comprenne. Je rêve de liberté. J'ai la tête enfoncée dans une eau sombre et pâteuse, je suis usée de boire la tasse. Cependant, c'est presque agréable, que de se laisser emporter par le courant épais. Glisser sans trop savoir jusqu'où. Dégringolade aquatique. 


Dans ma tête à l'envers, la corde est déjà attachée.

Il ne manque que le courage, ce courage froid et fragile qui n'a rien de lâche. Seulement je ne suis pas très téméraire, je suis de ceux qui restent à terre. A genoux sous l'attache, les sanglots pourraient bien survenir. A genoux, j'ai trop cogné le mur.


Je voudrais sombrer, sans compter ni les moutons ni les licornes.

Je voudrais sombrer sans faire de vaguelettes, passer incognito, me fondre dans la mort - en douce.


Et crier encore, la tête dans l'oreiller.

Et crier des mots ne savent plus rien dire.

Et crier le silence.



J'ai libéré ma Muse.

Je mélange les mots sans réfléchir.

Et à genoux dans ma tête,


J'attends que vienne mon tour.



Signaler ce texte