Mon slam à Lèques (Maire de Nouméa...)
Laurent Ottogalli
Monsieur l’Maire, Monsieur l’maire, laissez-nous voir la mer.
Là, ce n’est plus le même air : je sens qu’j’deviens amer,
Je me fais de la bile, des jeux de mots débiles :
Des jeux de mots biliaires, des jeux d’immobilière…
Tout ce béton, c’est embêtant mais tout autour des baies tombe, sombre,
L’ombre des tours de béton en nombre, une ombre au tableau,
Une vraie chape, rien n’y échappe…
Des tours qui banchent, des tours pas belles, de vraies tours de Babel,
Des tours qui tournent, à tour de rôle, atours pas drôles, des jeux de rôles,
Chacun son tour, chacun sa tour, tour après l’autre, plus haute encore que L’autre qui était déjà haute…
Des tours qui tournent, des tours qui détournent, des vautours qui Détournent les lois, qui s’accordent des ristournes :
À chaque promotion, une grosse commission,
Je sens l’amer devenir, je sens l’amer devenir…
Foncier, pourquoi faut-il que vous fonciez sur le foncier ?
Que vous fassiez de votre statut d’édile,
Un statut des deals, un vrai statut débile,
Car si le béton avance et que la mer recule,
Comment voulez-vous… ne pas être ridicule ?
En tout cas, moi, j’vous en…veux, poil au cul…
Monsieur l’Maire, Monsieur l’Maire,
Privés de la mer, orphelins de la Baie,
Sainte-Marie, brillez pour nous,
Ils font d’office des ZAC de nos terres,
Ils font des actes d’office de notaire,
Des résidences surveillées, des présidences surpayées…
Une double défisc’, mais une seule idée fixe : s’en foutre,
S’en foutre plein les fouilles !
On ne voit plus que dalles, un dédale de dalles,
Ils s’en foutent, ils coulent à pleines fouilles,
Ils coulent, ils coulent, ils coulent, c’est pas cool…
Après les fondations, viendra l’élévation, une sublime érection,
Très belle situation, électrique…
Monsieur l’Maire, Monsieur l’Maire,
Je n’trouve plus le sommeil, où est passé le soleil ?
Je lève les yeux au ciel, mais ces Arcades me font sourciller,
Quand j’me retrouve entre ces deux tours, démuni, si pâle,
Je suis pour le retour de l’écologie…
Le retour à vos si chères études…
Une petite mise au vert ?
Ce sont quelques paroles, en l’air, d’un tête-en-l’air,
Tête à l’envers, ce sont quelques paroles
Parc’que votre Colline des Poètes bouffe les derniers prés verts.
Rendez donc à ces ares un p’tit air de Pagnol,
Laissez-nous un hectare, un bol d’air sans bagnole !
Ni voyez ni fronde ni affront, cher grand guignol.
Tiens allez, pour rimer, « Dansons la carmagnole ! ... »
Monsieur l’Maire, Monsieur l’Maire,
Y’a des paires de claquettes qui se perdent,
Des coups de pied au cul du cupide occupé à piller…
Et surtout, n’soyez pas hypocrite, vous savez, ça irrite.
Donnez donc aux rues les noms qu’elles méritent :
« Rue du Tas d’fric et de tous les trafics ».
Pas des noms d’emprunt, ça n’a pas d’sens :
Rue Jorge-Semprun, rue Georges-Brassens.
Tiens, si Brassens était là, cher Premier Magistrat,
J’lui ouvrirais la grille, c’est une allégorie,
Et donnerais au gorille, une pleine boîte de Viagra.
La pilule est amère, Monsieur l’Maire,
Mais il appert que ce n’est pas la mer, à voir ! ...
Immobile hier, il vous faut changer demain,
Je dis halte au nanisme, prenez de la hauteur,
D’un plus vert urbanisme, soyez le promoteur,
Vous nous avez assez joué de tours… pendables,
Il faut tourner la plage, un avenir en sable…
Monsieur l’Maire, Monsieur l’Maire,
Laissez-nous voir la mer…