Mon texte-amant

Laurent Ottogalli

 

Avant qu’il ne soit trop tard,

Qu’vous vous retrouviez sur le trottoir,

Toutes, déshabillées de noir,

Venues me dire « Au revoir »,

Je vais vous lire mon Texte-amant :

 

« Ah, maman, à genoux, ingénu, j’ai une âme amant…

La tête dans les étoiles, je m’affirme amant :

Un prude amant, mais j’aime à m’entendre dire

Que s’réduire à séduire, c’est dur…

Mais j’sais rien faire apparemment…

Ah, maman, on n’t’a jamais dit qu’amant,

C’est le meilleur remède contre l’amour… perdu :

Quand l’amour est perdu, les amants peinent, peine perdue…

 

T’avais raison, maman, j’suis un play-boy, bas d’gamme, Bad boy,

Mais j’sers plus que de sex toy, un vrai défi. 

Sex toy ? C’est comme Gameboy, mais pour les filles :

Elles se consolent en jouant toutes seules…

C’est un nom de code, à la mode, depuis quand ?

Ça remue les tripes, bad trip, ça décharge les batteries,

Pile quand mes piles, elles commencent à s’user,

V’là mon sex-appeal concourant avec mon concurrent, un sexe à piles.

Moi qui, au reste, comme Oreste,

Suis plus pour l’Ode à Électre que pour l’électrode,

Me v’là Mickey par un vilain petit canard :

Ça vous en bouche un coin, moi, j’reste comme un connard

Avec la bouche en coin…

 

Quand j’fais le bilan de ma vie, de ma route, d’ma biroute,

Ça ressemble au Liban, à Beyrouth…

Et quand je parle de Beyrouth,

J’parle pas d’c’ui du Modem.

Quand je parle de déroute,

J’pense à tous mes « Je t’aime »…

 

Arrivé à la fin de mon texte-amant

Je délègue et lègue, amant :

Je lègue mes sentiments, au diable !

Je lègue mon âme… au diable,

Je lègue mes cornes… au diable,

Je lègue mon corps… au diable,

Je lègue ma queue… au diable,

Pauvre diable !

Adieu… »

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