Monop, c'est pop !

Glose

Je sais… je sais… cela fait deux mois que l’enseigne M de Monoprix a renouvelé son packaging, donc ce post sent le réchauffé. Mais j’ai envie d’en parler car c’est seulement aujourd’hui que j’ai découvert les slogans humoristiques imprimés dans une typographie assez petite (bien que j’eusse repéré le relooking fin 2010) alors que toute la société est au courant depuis belle lurette. Comme quoi… ça arrive d’échapper à certains rabattages médiatiques et autre campagne de communication événementielle à échelle titanesque (Installation d’une boîte de tomates pelées géante à Beaubourg, d’une brique de lait gare de l’Est, d’affichage sauvage, d’affiches dans le métro, micro-trottoirs diffusées sur le web, et j’en passe). Tout ça malgré le fort impact visuel du nouvel emballage.  C’est sacrément handicapant la myopie… brrrr…

Pour preuve :  moi sur le terrain Monoprix depuis deux mois j’ai rien vu… Les phrases rigolotes et riquiquis me sont passées inaperçues…
Elles m’ont aussitôt fait penser aux emballages des gâteaux  Michel et Augustin et les jus de fruit Smoothie Innocent. Même concept : s’adresser directement au consommateur, non respect des codes traditionnels, incrustation de messages décalés, voire des boutades. Donc rien de réellement novateur au pays Monoprix. Mais c’est un audacieux clin d’œil au pop’art.  Un effet du style « L’arroseur arrosé ».
En effet, Andy Wharol pour dénoncer la société de consommation, repense le rapport de l’objet au quotidien et l’introduit dans l’art. Il en prend un, le répète et fait des collages pour explorer l’aspect culture de masse. Les objets sont peu à peu vidés de leur contenu. On en retient la profusion d’images et une certaine unité. Les objets sont interchangeables et donnent un sentiment d’uniformité qu’on a sur le monde. C’est cette homogénéité que les artistes vont rendre visible, pour proposer un autre regard sur l’objet.
Lorsqu’on tombe sur un mur de produits M, ça donne une sensation de vertige. S’emparer du concept de la dénonciation de la consommation de masse pour vendre encore plus, c’est assez culotté quelque part, non ?
Mais on va retenir que l’art est un simple produit à consommer et jetable.

Je félicite l’exploit de Monoprix d’avoir fait entrer une certaine poésie, de l’art et de la bonne humeur là où on si attendait le moins. Une vraie bouffée d’air dans un univers sur-climatisé. Mais aussi d’avoir misé sur une absence de l’image du produit sur le packaging. Osé et risqué quand même, non ?
Bref, une fois qu’on a repéré un produit M, on est tenté de pousser la curiosité plus loin et de visiter tous les rayons. Un vrai jeu de piste ! C’est bien la première fois que je venais dans un supermarché débusquer les meilleures phrases inscrites sur des boites. J’ai passé un bon moment. Pas moins de 2000 produits sont donc rhabillés pour l’hiver.  Y a de quoi faire…
On pourrait lancer un concours des meilleures citations ou encore trouver les produits relookés les plus difficiles à dégoter. Et rapporter nos trouvailles comme le temps où on échangeait nos billes et autres cartes de jeu à collectionner en cours de récréation… Une autre manière de faire ses courses. Du coup, le slogan de leur nouvelle campagne « Non au quotidien quotidien! » prend tout son sens. Monoprix réinvente et transcende la vie de la ménagère et du ménager. Amusons-nous donc tout en faisant cette corvée hebdomadaire !

  • Merci beaucoup Edwige pour votre commentaire. ça m'encourage à publier d'autres chroniques ;)

    · Il y a environ 13 ans ·
    13 orig

    Glose

  • Un article très intéressant. Gageons que les "esthétes" qu'on nomme "artistes" finiront par tomber dans le néant dont ils se font le reflet. Faisant ainsi de la place à ceux qui n'ont pas la chance d'effectuer cette corvée hebdomadaire à Monoprix !

    · Il y a environ 13 ans ·
    Camelia top orig

    Edwige Devillebichot

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