Monsieur Chocolat

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« Liberté, égalité, fraternité…les menteurs » Tiers Monde – Punch

Jean-François Copé a pris la mauvaise habitude de bousculer nos jeunes esprits encore chastes avec des expressions corrosives dont lui seul a le secret et, qui, par ailleurs ne lui réussissent jamais. Pour commencer, il a vaguement raconté lors de accession au trône (de l’UMP pas du RUMP) il y a quelques mois, l’histoire tragique et pour le moins imaginaire d’un jeune français de souche amputé violemment de son pain au chocolat  par une bande de jeunes issus de l’immigration pendant le mois du jeune. La bande de jeunes malfrats, selon le vieux brisquard de l’UMP et non moins fin politique, voulait  fêter dignement le mois de ramadan en empêchant un de nos coreligionnaires homologué 100% viande française de manger sa pâtisserie typiquement gauloise. En ramenant la pâtisserie un peu grasse à la maison, Ali pain au chocolat et les 40 dealers ne s’étaient sans doute pas doutés un instant que cette affaire si futile soit-elle allait réveiller la conscience de la France d’en bas. Eh oui, amateur de saucisson sec, et de beaujolais, grands défenseurs de la France nationalement de Gaulle, ce n’est pas la France qui est fondamentalement raciste, ce sont les immigrés qui nous menacent avec leur coutume décadente, et qui vont jusqu’à nous retirer la viennoiserie de la bouche. Après cette incartade, notre Homère national qui a subi un lynchage médiatique en règle a fini par se faire une raison. Jean-François Copé a compris que la métaphore est chose de poète, et qu’aux politiques ne sont réservés que l’absurde vérité ou le véritable mensonge.  

       Désormais, l’UMP, en la personne de notre Don Quichotte favori s’attaque au droit du sol, une composante essentielle et non moins contestée du pacte républicain français.  Le droit du sol a permis à des générations entières d’enfants nés en France de parents étrangers de bénéficier de l’attention toute particulière d’une Marianne de plus en plus volage ces temps-ci. Penchée sur le berceau des enfants du destin, la France avec le droit du sol a transcendé les clivages ethniques et raciaux pour considérer que ce qui nous unissaient les uns aux autres, ce n’étaient ni notre couleur de peau, ni notre code génétique, mais la conviction de partager une histoire et un destin en commun. Le petit Jean-François ne veut pas forcément imposer le droit du sang, mais il veut restreindre la portée du droit du sol le rendant inefficace pour les enfants nés en France de parents étrangers en situation irrégulière. On pourra toujours accuser Jean-François Copé de chasser sur les terres du Front National, et c’est sûrement en cela qu’il se bat contre des moulins à vent comme le personnage de Cervantes. Car une fois le débat lancé, le Front national n’aura aucun mal à convaincre les français de l’inutilité du droit du sol, en poussant toujours plus loin dans l’’extrémisme. Contrairement à l’UMP le Front National maîtrise l’arme du populisme avec brio.  Or il ne faut pas oublier que le Président de l’UMP se contente de surfer sur une vague populiste qui s’est emparée de la France il y a une dizaine d’année déjà…Loin des soubresauts nationalistes mais déçus par les antagonismes de la Gauche, et notamment par cette querelle vieille de dix ans qui oppose les tenants d’une ligne traditionnelle aux partisans d’une gauche plus moderne, nous ne pouvons pas pour autant détourner le regard alors que l’ensemble de nos concitoyens semblent nous pointer du doigt. A l’heure où la France s’apprête à commémorer la Marche des Beurs, une réflexion doit être engagée sur l’immigration pour éviter les écueils habituels : l’angélisme de gauche, et le populisme de droite.

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