Monsieur M.

nathaliecoi

Monsieur M.

 

Est parti. Sans bruit. Avec un silencieux m'a dit le policier. Une seule balle. Dans le cœur. Efficace.

 

Tout est calme désormais dans ce couloir.

Avant d'arriver au seuil de ma porte, aucun bruit de radio. La télé s'est éteinte à jamais, belle amie de nos vies de solitude. Une seule lumière subsiste sur le balcon. Celle que les policiers ont oubliée, le soir même en partant.

 

Car pendant que le médecin légiste effectue sa besogne, les policiers attendent dans le couloir. Ils évoquent la difficulté d'exercer leur métier dans les quartiers sensibles de Marseille, de leur récupération d'horaires, de leurs futurs congés. Bref. Normal. La vie a repris à quelques pas du tragique. La vie continue. Pour une fois, il y a du mouvement dans ce couloir tout sombre. Tout comme mes voisins, je reste figée derrière ma porte, tétanisée. Oui, nous sommes choqués par la mort. Surgie dans l'indifférence générale.

 

Certains le connaissaient de nom. Pour la plupart, son visage n'évoque rien. Au plus, une silhouette imposante, un visage de colère et de ressentiment, le teint blafard. Sacré bonhomme. Surtout ne pas finir comme lui. Seul comme un chien. Et encore… un chien, on le nourrit, on l'appelle, on lui parle, on le caresse.

 

Sortir de cette vie, en silence.

Seul dans sa souffrance, un lundi après-midi de septembre, il était 17h20.

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