Monstres du Moyen-Âge.

Christophe Hulé

Les monstres et autres bizarreries ont fleuri au Moyen Age, on peut bien, au début, penser que la beauté a brillé en comparaison.

Mais la laideur ne serait-elle pas devenue fascination ?

Jusqu'à y voir la beauté du Diable.

Penchons-nous sur ces frontons de Cathédrales, à côté des Saints, une forêt de gargouilles et de créatures de l'enfer.

Des êtres défaits et hybrides, de ceux qui peuplent nos cauchemars, de tous les attributs de bêtes mélangés, comme dans la mythologie antique.

On se repaît d'images aussi laides que fascinantes, de Bosch à Goya.

C'est là un grand mystère, pourrait-on dire, et pourtant l'âme humaine vit de ces paradoxes.

Ange ou Démon, beauté ou laideur, bonheur ou supplice, amour ou détestation.

Ne dit-on pas qu'il faut tout pour faire un monde ?

Chacun d'entre nous balance entre les deux.

A chacun sa Béatrice jusqu'au jour où, de guerre lasse, on envisage le pire.

Peindre la cruauté permet aussi de la faire vivre.

Elle n'a pas voulu de moi, alors que le sort s'abatte sur elle.

Le mal étant un aveu d'impuissance, qu'on se le dise.

Et c'est bien à ça que servent nos monstres, images de toutes nos frustrations, allégories de nos moindres contrariétés.

Les enluminures, montrant serpents ou autres créatures néfastes, confirment hélas ce que beaucoup ne veulent avouer.

Entre « je veux » et « j'aurai ».

La laideur naît de ceux qui ne sauraient attendre de ce qu'ils pensent mériter.

La beauté ne se mérite pas vraiment, elle prend au hasard ce qui lui convient, que l'on soit noble ou roturier, eh oui, il n'y a pas de règles, n'en déplaise aux obsédés du protocole, et quelque soit l'époque.

La beauté ne se vend ni ne se marchande.

On peut bien forcer les choses évidemment, vendre aux plus offrants, se foutre bien de la morale.

Mais l'amour contraint n'est pas l'amour.

Il est bon de savoir que certaines choses ne s'achèteront jamais.

La belle n'a nul besoin de trouver les arguments, c'est moral et cruel à la fois, mais c'est ainsi.

« La laideur, qui est le miroir, où je peux contempler, ma vérité » (Higelin).

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