Morning after

Et ils avaient fait l’amour, jusqu’au petit matin. Il avait caressé ses cheveux, presque gris sous les reflets de la lune. Il l’avait rencontrée tard ce soir-là, et peinait à se souvenir son visage. Il se rappelait les néons, la rue humide à l’arrière du bar où il l’avait retrouvée. Ses potes lui avaient dit, hey mec, jamais tu vas pécho avec une flute, mec. Mais après le concert, elle l’avait suivi dans la ruelle, comme hypnotisée par sa musique. Il avait aimé ça. Le pouvoir qu’il avait sur elle. Il voyait ses petites mains roses s’agripper à sa veste, son nez frémir faute de ne pouvoir respirer. Elle dévorait ses lèvres. Il avait caressé ses cheveux pendant qu’il l’embrassait, dans l’allée derrière le bar. Ils étaient longs et coulaient jusqu’au bas de ses reins. Là encore, il lui avait semblé qu’ils étaient gris, sous l’effet des lumières sales. Il l’avait conduite chez lui. Il n’avait pas grand-chose. Un matelas jeté au sol, un drap… Il n’avait pas besoin de beaucoup plus. Et ils avaient fait l’amour, jusqu’au petit matin. Quand finalement, il avait ouvert les yeux, la chambre était vide. Elle n’était plus là. A ses pieds, trois rats morts.