Mot dit soie tue
chess
Tais-toi, et arrête de chialer.
Ferme les yeux, et regarde ce que je te montre.
Écoute ma voix, juste ma voix.
Quoi ? Tu en as marre ? Arrête de pleurer, arrête.
Referme les yeux.
La musique ne sert à rien, ma voix est plus forte qu'elle. Tu ne m'échapperas pas.
Mais tu vas me laisser en paix ? Putain, barre-toi, casse-toi, meurs. Je n'en peux plus de toi, tu es arrivé sans un mot et à présent, tu inondes mon crâne par tes insanités. Je t'entends tout le temps, comme un bourdonnement constant. Une nuisance sonore à la voix grave. Arrête de me parler, arrête d'essayer de m'anéantir, je ne veux plus me battre. Mes poignets sont affaiblis et pâles, mes cernes plus creusées que jamais, mes yeux ne reflètent plus la vie. Ils reflètent ma fatigue de vivre.
J'aimerais t'écouter, oh oui, j'aimerais t'obéir. Me lever, prendre ce cutter, et recommencer, jusqu'à cette délivrance: ton départ. J'aimerais retrouver ce silence dans mon crâne, j'aimerais retrouver Alex et sa plénitude. J'aimerais qu'il me rassure, qu'il m'assure que tu es bel et bien parti, pour de bon. Mais non, tu es là, toujours fidèle à ton poste, hein? Je ne trouve pas de mot pour te définir. Tu es un horrible et un odieux connard. Qui que tu sois, je te hais de toute mon âme.
Ils essayent tous de m'aider, ils me conseillent d'aller voir Quelqu'un, d'aller voir Quelqu'un pouvant m'aider. Mais bordel, comment pourraient-ils m'aider ? Comment ? Je ne me vois pas leur balancer que tu existes et le jurer. Je ne me vois pas leur demander d'écouter le silence jusqu'à ce que tu te manifestes, tu ne le feras pas, tu resteras dans mon esprit et tu me nargueras. Tu riras comme un enfant en voyant ma détresse, en sentant mes larmes. Comme si tu faisais partie de moi, tu ressens tout. Sauf le courage. Tu es lâche, morne et détaché. Je ne veux plus de toi, putain, je ne veux plus t'entendre. Je ne peux plus t'entendre. J'ai beau tout essayer, rien ne fonctionne, tu es là, toujours là. Putain. Laisse-moi vivre normalement, pars et ne reviens jamais. Attaque-toi à quelqu'un d'autre.
Et j'entends ton rire alors que j'écris ces quelques phrases, je t'entends rire aux larmes en lisant tout ça. Tu t'en fous, je le sais, tu es fier de l'effet que tu me fais. Tu t'en branles totalement de ma souffrance, au contraire, tu l'affectionnes.
Maudit sois-tu.