Mots

Quelques mots envolés,

Mon oreille a vibré, 

Et mon âme s'est brisée. 

Brisé d'avoir perdu, encore une fois. La fatigue intense ne m'aide pas. Elles viendront encore ces sales nuits pleines de vides, pleines d'insomnies, pleines de rêves encauchemardés... Je ne fermerai pas l'œil. Ou peut-être m'écroulerai-je sous le poids de l'usure qui depuis des semaines me ronge, malgré la beauté de certaines choses, la laideur d'autres me rappelle, le poids des mots, celui des maux... La progression de ce pauvre morceau d'âme fraîchement cassé... Sur ces charbons ardents pour être brûlé, ne plus sentir les cassures, mais simplement la brûlure, oublier les déceptions, la désillusion... Fini l'équilibriste s'amusant sur son fil, habilement, faisant semblant de choir. 

Aujourd'hui il a bien chu, tel un ange déchu, sûrement déçu, ému... Encore des larmes qui couleront quelque part, encore un cœur qui persiste à voir noir, encore une barrière à ériger, encore mon être à préserver, encore des nuits blanches dans le noir, encore des journées noires sous le soleil, encore une souffrance, chaque fois plus vive, chaque pas souffle sur les braises encore brûlantes coincées un peu partout sur les monceaux d'espoir qui pouvaient encore rester. 

Le mutisme m'aidera. La solitude aussi. Le poids du fardeau d'être moi pèsera lourd sur la balance de la vie. Épuisé et épuisant, puisant dans le peu qui me reste et l'épuisant par la même, un puis sans fond, à moins qu'il ne soit épuisé lui aussi... 

Quelque part, une corde vibre. La mélodie serait belle si elle n'était pas si triste. Je me retourne dans ce lit deux places, je réalise que j'y suis seul, quelque part, la cicatrice se rouvre, sollicitée par cette lame insistante... Et je souffre en silence, comme d'habitude. 

Demain je ferai semblant de sourire, malgré les cernes, malgré les tremblements, malgré la tristesse, malgré la fatigue, et tout le monde louera ce sourire qui ne s'éteint pas, et personne ne saura qu'il n'y a que dehors qu'il brillera.